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Les grandes fortunes mondiales accumulent du cash en prévision d’une récession
©ERIC PIERMONT / AFP

Vers un hiver rude ?

Les craintes d'une possible récession pour l'année 2020 resurgissent. Les grands groupes tentent de changer de stratégie d'investissement.

Alexandre Baradez

Alexandre Baradez

Alexandre Baradez, 33 ans, diplômé de l'ESCE (Paris/La Défense) en 2003 a d'abord évolué plusieurs années chez BNPPARIBAS puis la Banque ROBECO en gestion privée avant de rejoindre SAXO BANQUE en 2009 en tant que Sales Trader. Son expérience des marchés financiers et plus particulièrement du marché des devises lui confère rapidement le rôle d’Analyste Marchés. Interlocuteur privilégié des médias français, il délivre quotidiennement des analyses sur les marchés financiers, tendances, risques macro-économiques et participe régulièrement à des conférences dédiées aux investisseurs. En novembre 2013, il rejoint le groupe IG, leader mondial des CFD, côté à Londres au FTSE 250, en tant que Chief Market Analyst.

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Atlantico.fr : Les grands groupes familiaux prévoient une grave récession courant 2020. Y croyez-vous également ? Allons-nous vivre un nouveau 2008 ? 

Alexandre Baradez : Tout d'abord, il est vrai qu'il existe un ralentissement économique mondial, cela n'est pas un fantasme. Si l'on prend les Etats-Unis, plusieurs indicateurs avancés appelés indicateurs ISM (Indicateur Service et Manufacture) montrent depuis plusieurs mois un ralentissement de l'activité dans la partie manufacturière avec l'indicateur tombé à 47,8, ce qui montre une contraction des activités manufacturières. Plus inquiétant, la partie service part à la baisse depuis plusieurs mois et l'on sait que l'économie américaine est très dépendante des services. Egalement, en regardant les données sur la consommation des américains, soit 2/3 du PIB, on voit une baisse du moral des consommateurs. Ce moral reste élevé, mais par rapport à la tendance des mois précédents, on observe une baisse de cette confiance. Les prix immobiliers sont au plus bas depuis 2012 aux Etats-Unis par exemple. La première zone de ralentissement mondiale a commencé en Chine, puis a touché l'Europe avec l'Allemagne notamment qui est dans une situation très proche de la récession ce trimestre et maintenant touche les Etats-Unis avec un ralentissement régulier chaque trimestre. Le scénario d'une récession n'est donc pas écarté, et l'on sait que cela peut tomber en pleine élection américaine.

A cause de cette prévision, les grands groupes familiaux changent de stratégie d'investissement en investissant massivement dans le capital-investissement et en faisant des réserves de cash. Comment expliquez-vous cela ?

En grande partie, cela est du aux politiques monétaires de la BCE, de la CED ou autres très accommodantes depuis 10 ans. Cela veut dire que pour ces groupes, étant donné que l'argent ne coûte pas cher et que les taux sont très bas, ils peuvent acheter des entreprises à bas coût et faire des opérations d'acquisition et de fusion. Ces groupes familiaux estiment également que les secteurs côtés (places financières, bourses, actions) sont extrêmement chers. C'est grâce aux politiques monétaires qui ont vu leurs taux s'écraser complètement, notamment par l'achat d'obligations d'états qui a fait grimper la valeur des marchés, d'où une protection pour ces groupes dans le marché de l'investissement privé. Le capital-investissement n'a pas attendu tout cela pour se développer, il a connu un coup d'accélérateur parce que précisément les autres marchés devenaient trop chers. Il ne faut pas oublier que cette tendance est dangereuse car on se retrouve devant un marché obligataire très cher, un marché action très cher et un marché de capital-investissement qui peut parfois se trouver face à des transactions chères également. Des entreprises achetées 100 millions d'euros, peuvent être revendues 300 millions quelques années plus tard, donc la question de la valeur véritable se pose. L'entreprise WeWork aux Etats-Unis par exemple tombe dans ce cas de figure avec une valorisation boursière estimée à 47 milliards de dollars pour une valeur finale de 10 milliards de dollars seulement, débouchant sur une annulation de son entrée en bourse. Cela veut dire qu'une entreprise quasiment sur le point d'entrer en bourse doit se retirer à cause d'une trop forte spéculation. En faisant du capital-investissement, ces groupes créent une bulle spéculative, ce qui rend la prise de risque facile et il se peut que de nombreuses entreprises soient entrées en bourse avec une valorisation supérieure à leur valeur réelle. Ce sont des phases d'excès.

Ces groupes investissent massivement dans l'immobilier. L'IFI peut-il être un frein à ces investissements ?

Si l'on prend l'exemple de l'immobilier, on ne peut pas dire que le rendement n'est pas cher. En France cela concerne surtout l’Île-de-France, mais il est clair que si le marché est déjà tendu et que l'on ajoute un impôt en plus, on peut en effet voir des comportements inverses où des groupes vont vouloir investir ailleurs. Si cet impôt est perçu comme contraignant pour ces groupes, alors il est possible qu'il constitue un frein à l'investissement.

Les grands groupes familiaux asiatiques investissent dans le capital-investissement constamment. Pensez-vous que l'on puisse se trouver dans une situation de monopole par ces groupes à terme ?

En Asie et surtout en Chine, on est dans une politique expansionniste liée au crédit. Ces pays ont commencé par une politique basée sur le modèle de l'export qui s'est essoufflé au fil du temps et petit à petit, ils sont passés à une économie de crédit à la fois pour le secteur publique et le secteur privé. De ce fait, des groupes familiaux asiatiques peuvent investir massivement à l'étranger puisque tout fonctionne à crédit. La contrepartie est que cela créé des tensions commerciales et financières entre les pays. Les Etats-Unis ont par ailleurs pour projet de restreindre les investissements des entreprises américaines sur les marchés financiers chinois et vice versa. La politique du crédit en Chine, très accommodante pour ces groupes, permet en effet de leur donner un poids certain dans le monde. Des pays d'Europe s'en accommodent, comme l'Allemagne qui est pour les investissements chinois. Certains pays ont besoin de ces investissements étrangers, faute d'investissements domestiques. 

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