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Quelques bonnes raisons de promouvoir le travail post retraite
©Reuters

Tribune

Pourvu qu'il mobilise l'intelligence et les réflexes, le travail retarde la survenue des démences séniles et de la perte d'autonomie.

Caroline Young

Caroline Young est diplômée HEC de l’université de Lausanne, possède un DEA en démographie économique de l’IEP Paris et un MBA de l’IESE Business School à Barcelone. Elle a commencé sa carrière en tant qu’Analyste en fusions acquisitions chez Schroders, puis comme Manager en fusions acquisitions chez Crédit Agricole Indosuez. En 2002, elle rejoint IP France, régie publicitaire du groupe RTL, en tant que Secrétaire générale où elle est chargée de la stratégie et du développement. Elle est actuellement Présidente d’Experconnect. Elle est co-auteur avec Gilles Effront et Jean-Yves Ruaux de « 60+Actifs Pourquoi le travail post-retraite est indispensable » (2014).

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Que la prise de retraite coïncide avec son âge légal (62 ans), son âge-pivot-Delevoye (64 ans), son âge-caisses-complémentaires AGIRC-ARRCO (67 ans), ou même avec la durée de cotisations (CFDT-Macron) prévue pour accéder à une pension à taux plein, ne change rien à l'affaire : il va falloir continuer à travailler. Mais, bonne nouvelle, c'est pour un ensemble de bonnes raisons.

Pour commencer, le travail - rétribué ou non -, c'est la santé, pourvu qu'il active raisonnablement les corps et les méninges ! Toutes les études convergent pour dissuader de tenir de longues permanences canapé-pizza-télé. Et, pourvu qu'il mobilise l'intelligence et les réflexes, le travail retarde la survenue des démences séniles et de la perte d'autonomie.

Deuxièmement, la nécessité économique ne nous laisse guère le choix. En effet, les pensions vont baisser, vieillissement oblige ! Il y aura 15 millions de pensionnés en 2020 et plus de 20 millions en 2040 pour une population active de 28 millions ! Soit 2 actifs supportant un retraité en 2020 et 1,4 en 2040.

Il est donc impensable d'assurer durablement l'équilibre des caisses. Ainsi, si le Conseil d'orientation des retraites prévoit un « trou » de 10 milliards € en 2022, ce dernier est évalué à 30 milliards € à horizon 2030...

Or, ce n'est pas la fusion des 42 régimes actuels en un seul qui va améliorer la situation de l'ensemble, ni celle de chacun. Car les fonctionnaires et les futurs ex-régimes spéciaux qui cotisent moins et moins longtemps pour des pensions supérieures et encore financées (pour combien de temps encore ?) par l'impôt (36% SNCF, 41% RATP, 68% Electricité-Gaz...) vont fatalement peser sur le niveau des prestations dispensées à tous.

Et même si les gestionnaires font des miracles, il n'en reste pas moins que rien n'est assuré pour quiconque. L'augmentation du nombre de trimestres requis pour toucher une pension à taux plein ne sera jamais une donnée constante. Elle demeurera le fruit d'un calcul permanent équilibrant nombre de pensionnés à servir, somme des cotisations, espérance de vie.

Le gaspillage des talents, la pire des gabegies

Continuer à travailler dans le cadre de carrières post-retraite, c'est résoudre cette quadrature du cercle par le haut, au bénéfice des individus comme de la collectivité. Comme vont d'ailleurs devoir le faire les cadres supérieurs gagnant 120.000€+ par an : désormais, ils ne bénéficieront plus de la répercussion automatique du bénéfice de leurs cotisations sur leur pension. En revanche, ils devraient acquitter une « cotisation déplafonnée non créatrice de droits ». En clair, il leur faudra conserver une activité ou reprendre du service s'ils veulent maintenir leur niveau de vie. Ce à quoi seront également conduits les salariés ayant une carrière hachée, jeunes générations et femmes en particulier. Continuer ou recommencer à travailler après la retraite, c'est anticiper, c'est parier gagnant sur l'avenir.

Mais, globalement, doit-on se plaindre ou se féliciter des perspectives ainsi ouvertes ? Depuis plus de quinze ans, un nouveau secteur d'activité porté par des acteurs innovants agit en faveur de l'actualisation des talents, la transmission des savoir-faire et le maintien des compétences des retraités, pour leur mobilisation par les entreprises ou la puissance publique.

Voici une démarche qui relève encore plus de l'écologie que le désir de ne pas gaspiller l'eau : car le gaspillage des talents est la pire de toutes les gabegies. Les leaders syndicaux salariés le savent bien, eux qui presque tous font une deuxième ou troisième carrière en qualité d'experts.

On voit mal dès lors pourquoi l'ensemble des salariés devraient se priver de la chance de se maintenir en forme et de garder le lien social, en se rétribuant plutôt qu'en payant pour accéder à une salle de sports ou voyager.

Chacun pourra d'autant plus facilement continuer de s'offrir les loisirs et le confort quotidien auxquels il aspire que, par son travail, il maintiendra son pouvoir d'achat et favorisera l'enrichissement de tous. Qui trouverait à y redire ?

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