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Cet aveuglement français sur les questions d’identité : derrière la “diversité”, que signifient vraiment les drapeaux étrangers ?
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Flottent petits drapeaux...

Jean-François Copé a vivement critiqué le fait d'avoir vu, place de la Bastille, le soir de la victoire de François Hollande, "beaucoup de drapeaux, sauf le drapeau français". Pourquoi les Français semblent être ouverts à tous les communautarismes dès lors que la communauté dont il s’agit n’est pas la communauté française ?

Dominique Jamet

Dominique Jamet

Dominique Jamet est journaliste et écrivain français.

Il a présidé la Bibliothèque de France et a publié plus d'une vingtaine de romans et d'essais.

Parmi eux : Un traître (Flammarion, 2008), Le Roi est mort, vive la République (Balland, 2009) et Jean-Jaurès, le rêve et l'action (Bayard, 2009)

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Cette floraison de drapeaux sur la place de la Bastille, dimanche dernier, cette multitude de drapeaux agités dans la nuit au-dessus des milliers de manifestants venus saluer la victoire de François Hollande, ces pavillons de toutes les nations – drapeaux algériens, drapeaux tunisiens, drapeaux marocains, drapeaux ivoiriens, drapeaux maliens, drapeaux de l’opposition syrienne – qu’avaient-ils donc à nous dire, de quoi sont-ils le signe ?

Ces drapeaux étrangers au cœur de la capitale, ces drapeaux brandis comme une fierté et peut-être comme un défi, ils ont d’abord et tout simplement la force et la couleur de l’évidence. Oui, Paris est une grande ville arabe, une grande ville africaine, une grande ville turque, une grande ville cosmopolite, une ville-lumière, une ville-monde. Oui, la France, la France en 2012 est un pays multiculturel, un pays multiethnique, un pays métissé, un pays mélangé et ces drapeaux qui en sont la preuve frissonnant au vent de la nuit disent à la fois l’attachement de beaucoup, qu’ils vivent en France sans être français ou qu’ils soient nos compatriotes, à leurs origines en  même temps que leur intérêt pour notre vie politique. Ils disent aussi, plus ponctuellement, l’étendue du fossé que cinq ans de mandat et davantage encore quelques semaines de campagne  électorale avaient creusé entre le président sortant et cette fraction de notre population, fracture qui s’est traduite par le vote massif des banlieues en faveur du candidat socialiste. Ces drapeaux répondaient aussi à leur manière à la forêt de drapeaux tricolores poussée dans la foule lors du meeting de Nicolas Sarkozy sur la place du Trocadéro.

Qu’on le veuille ou non, la France, ce vieux pays rural et monocolore si longtemps, si charnellement, si profondément uni par les liens qu’avaient créés et fortifiés la génétique, la religion, l’histoire et la civilisation, est devenue depuis quelques décennies, une terre d’immigration où se croisent et peut-être sont appelés à se fondre dans le creuset de l’avenir des millions de nouveaux Français dont on ne saurait sans ridicule faire remonter la filiation à nos ancêtres les Gaulois. Cet apport de sang nouveau est-il un enrichissement, comme le pensent certains, est-il un poison qui corrode et attaque l’identité nationale, comme le pensent d’autres ? Les drapeaux de la Bastille prouvent-ils, paradoxalement, l’intégration des nouveaux venus dans notre paysage humain et social ? Ou doivent-ils être considérés comme un défi et une menace ? A chacun d’en juger.

Ce qui n’est pas douteux, en revanche, c’est qu’au soir de cette journée où les citoyens français, en toute liberté, avaient choisi celui qui pour les cinq ans à venir incarnerait et dirigerait la France, on n’ait pas vu flotter au-dessus de cette foule où fleurissaient aussi quelques emblèmes bretons et une poignée de drapeaux rouges,  le moindre drapeau français, c’est l’absence totale  de ce drapeau qui, né à Valmy, a fait le tour du monde avec la liberté, de ce drapeau dont les trois couleurs semblent faire honte à ceux qui admettent tous les nationalismes à condition qu’ils ne soient pas français, qui sont ouverts à tous les communautarismes dès lors que la communauté dont il s’agit n’est pas la communauté française, et qui ne prononcent le mot « patrie » que s’il ne s’agit pas de la nôtre. Il y a là un problème qui dépasse singulièrement celui que peuvent poser quelques morceaux de toile un soir d’élection.  

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