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"LECTURES D’ÉTÉ" : Notre sélection des meilleurs livres des 10 derniers mois, "le peuple contre la démocratie" de Yascha Mounk
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Paul Lelievre pour Culture-Tops

Paul Lelievre est chroniqueur pour Culture-Tops. Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

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LIVRE 
Le peuple contre la démocratie 
de Yascha Mounk
Ed. de l’Observatoire
517 pages
Traduction de l’anglais (Etats-Unis) par Jean-Marie Souzeau.


RECOMMANDATION  

          EXCELLENT

THEME 

Alors qu’au sortir de la Seconde Guerre Mondiale la démocratie dite libérale semblait être définitivement implantée en Occident et devoir devenir, par un progrès politique inéluctable, le système politique du reste du monde, nous observons avec Mounk que c’est en réalité une crise de ce système qui se fait jour depuis maintenant une bonne dizaine d’années et que cette vision optimiste de progrès prophétisée par le politologue Fukuyama dans les années 90 ne semble, au moins provisoirement, plus de mise. 

Ainsi Mounk part du même constat que Krastlev dans son essai « Le destin de l’Europe », dont il s’inspire pour partie, explicitement, pour proposer une analyse de la progression du populisme qui met gravement en danger notre système politique, au niveau mondial cette fois.  

POINTS FORTS

- Une belle définition du populisme dans cet essai : les problèmes de notre société sont simples et les solutions pour y remédier sont simples. En bref le populisme est une vision simplificatrice rassurante et parfaite pour faire office de slogan électoraliste.

- Le constat que nos systèmes faillissent à exprimer la voix du peuple et qu’ainsi on peut comprendre l’amertume de celui-ci, amertume qui va jusqu’à s’exprimer parfois par un désir d’autoritarisme ; et c’est essentiel aujourd’hui pour un analyste de ne pas se voiler la face sur le fait que ce manque de démocratie est une des raisons essentielles de l’émergence actuelle de ce phénomène inquiétant qu’est le désir d’autoritarisme. Un autoritarisme qui porte le masque de la voix du peuple jusqu’à ce qu’il se retourne contre celui-ci.

Mounk met bien l’accent sur le fait que c’est la « crainte » de l’avenir qui est le terreau du populisme, crainte fondée sur des problèmes de pouvoir d’achat ou de niveau de vie, sur des angoisses liées à l’identité, et amplifiée par la masse de désinformation et de de rumeurs véhiculées par les réseaux sociaux.
Les réformes proposées prennent leurs racines dans ce qui nous parait à tous la clef du problème : l’éducation. Et Mounk de  rappeler l'importance de l'éducation civique.


POINTS FAIBLES

- Mounk décrit nos systèmes politiques occidentaux hérités des révolutions du 18ème siècle comme étant des démocraties libérales ; démocraties censées exprimer la voix du peuple, libérales en tant qu’elles ont des institutions, composées d’experts non élus (conseils constitutionnels, juges, organisations internationales etc.) qui garantissent nos libertés. Mais qu’en est-il du concept de république ? C’est comme s’il n’existait pas. 

- Le traducteur a un tic d’écriture: il utilise l’expression « de sorte que » en début de phrase, plus que de raison et c’est agaçant. Dommage car la traduction est, pour le reste, plutôt bonne.

EN DEUX MOTS 

Cet essai, malgré tout optimiste, s’inscrit dans cette mouvance actuelle d’essais comme ceux de Krastlev, Ferry et Bouzou ou encore Sloterdjik, qui ne font pas simplement que poser un diagnostic mais proposent aussi un ensemble de directions voire de réformes concrètes pour que les choses progressent. 

Cela change des pamphlets inféconds ou des cris d’alarmes qui ne font qu’amplifier la crainte de la population en l’avenir.

UN EXTRAIT

« Ce ne sont pas forcément les membres les plus pauvres de la société qui se sont retournés contre le système politique ; car (…) ce sont eux qui dépendent des avantages qu’il propose. De même, ce ne sont pas nécessairement les individus qui ont fait l’expérience personnelle d’une catastrophe financière. Il s’agit plutôt des groupes qui ont le plus à craindre : ceux qui vivent encore dans un certain confort matériel mais craignent profondément que l’avenir ne leur sourie pas. (…) la crainte que la population indigène cesse d’être majoritaire est tout aussi vivace dans des pays où, à première vue, il ne semble pas y avoir de raison objective pour que cela se produise à court ou moyen terme. »

L’AUTEUR 

Professeur de théorie politique à l’université Harvard, Yascha Mounk est spécialiste des gouvernements et chercheur associé du programme de réforme politique du think tank New America.

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