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La sédentarité, un facteur explicatif de la dépression
©Pixabay

Bonnes feuilles

Pendant l'été, Atlantico met en avant des ouvrages remarquables publiés dans l'année. Aujourd'hui, "Guérir par la marche" du Dr. Eric Griez, publié aux éditions Eyrolles. Extrait 2/2.

Plusieurs travaux ont illustré combien la sédentarité peut affecter en mal le fonctionnement psychique. Elle accélère le déclin cognitif chez les personnes âgées, favorise les troubles anxieux et augmente le risque de dépression.

Rappelons tout d’abord l’étude suédoise évoquée en début d’ouvrage (Helgadottir et collaborateurs, 2015) auprès de 165 personnes souffrant de dépression et d’anxiété. Ces patients sont sédentaires plus de neuf heures par jour. Ils ont un peu d’activité physique légère, mais tout au plus 41 minutes par jour. L’activité modérée ou intense est voisine de zéro.

Prenant pour indice le nombre d’heures par jour que des adolescents passent à regarder la télévision, des études ont trouvé un rapport direct entre état dépressif et sédentarité.

Mêmes résultats auprès d’adultes cette fois : les symptômes de dépression varient en fonction du temps passé devant l’ordinateur ou la télévision. Détail intéressant dans ce dernier cas : les chercheurs procèdent deux fois aux mêmes mesures, à deux mois d’intervalle. Pour une même personne, si les heures d’écran diminuent, les symptômes de dépression baissent ; si elles augmentent, les symptômes augmentent. Mais parallélisme ne dit pas causalité : est-on déprimé parce qu’on traîne devant l’écran ou bien traîne-t-on devant l’écran parce qu’on est déprimé ?

Pour répondre à cette question, deux équipes de chercheurs, l’une en Angleterre, l’autre aux États-Unis, ont mis temporairement des volontaires en situation de sédentarité intentionnelle. L’équipe de R. Endrighi au London University College (2014) a simplement demandé à un groupe de 43 volontaires de bouger un minimum afin d’obtenir une sédentarité expérimentale pendant deux semaines. Pour chaque participant, les paramètres psychologiques pendant cette période ont été comparés à deux semaines de comportement normal. La sédentarité atteinte pendant l’expérience ne paraît pas spectaculaire : le temps passé chaque jour en position assise n’a augmenté en moyenne que de 32 minutes. Néanmoins, cette demi-heure a suffi à augmenter de façon significative les cotes de dépression et d’anxiété sur les tests psychologiques. De plus, des analyses de laboratoire faites pendant la période de sédentarité expérimentale ont mis en évidence une augmentation de certains paramètres inflammatoires, donc de la sensibilité biologique au stress. Les scientifiques américains Edwards et collaborateurs (2016) recrutent, eux, une quarantaine de jeunes adultes ayant habituellement une activité physique correspondant à environ 10000 pas par jour. Leur niveau d’anxiété et de dépression, ainsi que le sentiment de bien-être général, sont évalués avec des échelles standardisées. Deux tiers des participants sont invités à réduire volontairement leur activité physique pendant sept jours en s’efforçant de ne pas dépasser les 5 000 pas quotidiens. On réévalue tous les sujets. Chez les « sédentaires », les symptômes d’anxiété-dépression ont augmenté et l’impression de bien-être a significativement diminué, tandis que dans le groupe-témoin les cotes sont inchangées. Les «sédentaires » reprennent ensuite leur style de vie habituel et on les évalue à nouveau : en une semaine, l’effet négatif sur le psychisme a disparu. Nous découvrons donc que le manque d’activité physique et la sédentarité, qui sont contraires au bon état général de l’organisme, font apparemment souffrir aussi le système nerveux et le psychisme. On a longtemps cru que la diminution de l’activité physique était un symptôme de la dépression : il est probable que bien souvent c’en est plutôt une cause.

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