Diplomatie
Visite au Japon : la faible marge de manoeuvre d’Emmanuel Macron dans l’affaire Carlos Ghosn
Emmanuel Macron est au Japon du mercredi 26 à samedi 29 juin. Durant sa visite, il rencontrera notamment Shinzo Abe.
Atlantico : Même si la presse rapporte qu'il se montrera certainement discret dans le dossier Carlos Ghosn, accusé de malversations financières par la justice nippone, le président français pourrait-il évoquer le cas de l'ancien PDG de Renault et Nissan ? Quel peut être son champ d'action dans ce dossier ? A-t-il intérêt à prendre position ?
Emmanuel Dubois de Prisque : Il est bien sûr probable que la question sera abordée même si cette intervention restera sans doute en effet discrète. Il faut comprendre que les critiques qu'Emmanuel Macron avaient portées contre la rémunération de Carlos Ghosn en 2016, alors qu'il était ministre de l'économie, n'étaient pas tombées dans l'oreille d'un sourd au Japon. Le vote (consultatif) des représentants de l'Etat contre le maintien d'une rémunération de Ghosn a un niveau très élevé avait aussi été remarqué. Tout cela avait été interprété par Nissan et le système judiciaire japonais comme une sorte de blanc-seing : Ghosn n'était pas vraiment protégé par Paris.
Mais l'avocat de Ghosn semble avoir choisi la stratégie de la confrontation : une remise en cause brutale du système judiciaire nippon. Quelle peut être l'efficacité d'une intervention politique face à un système qui fait corps et une opinion publique japonaise qui n'éprouve guère aujourd'hui de sympathie pour cet homme d'affaires autrefois adulé. Au Japon non plus, il n'y a pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne.
D'autre part, quelle devrait être l'attitude d'Emmanuel Macron dans le dossier des frictions entre Renault et Nissan ? Dans le dossier de l'offre de fusion Renault-FCA ?
Il y a beaucoup à faire pour consolider l'alliance Renault-Nissan grandement fragilisée par les récents développements. Il y a un manque de confiance flagrant entre les deux acteurs. Renault est soupçonné de vouloir tirer profit de l'alliance pour capter la technologie de Nissan, tout en apportant aujourd'hui trop peu. Depuis de longues années Nissan veut baisser la participation de Renault dans son capital. Ce sera peut-être une des conditions pour qu'un accord Renault-Nissan-FCA soit possible. Pour cela, il faut restaurer la confiance, et ce sommet sera peut-être un (petit) pas vers cela. Mais il ne faut pas oublier que la logique doit être avant tout industrielle.
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