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Acte II : mais comment définir la ligne suivie par le gouvernement en matière de politique économique ?
©ALAIN JOCARD / AFP

Les voies du macronisme sont-elles impénétrables ?

Assurance-chômage, retraites...les grandes réformes du quinquennat Macron arrivent à échéance. Voilà deux ans que le gouvernement les enchaîne. En creux, loin d'une politique strictement libérale, social-libérale, se dessine un bilan plus nuancé de l'action de l'exécutif.

Michel Ruimy

Michel Ruimy

Michel Ruimy est professeur affilié à l’ESCP, où il enseigne les principes de l’économie monétaire et les caractéristiques fondamentales des marchés de capitaux.

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Atlantico : En pratique, si l'on prête attention à toutes les lois adoptées depuis 2017 sur le plan économique, comment pourrait-on définir la politique du gouvernement ? Sociale-libérale, protectionniste, interventionniste ?

Michel Ruimy : Emmanuel Macron s’est réclamé être un « social libéral ». A la vue de son « recrutement » d’élus pour son parti LREM, on ne peut pas dire qu’il soit social-libéral, ni même protectionniste, ni interventionniste mais il essaie de trouver une 3ème voie reprenant des idées de Gauche et d’autres de Droite.

Par son enthousiasme et sa volonté de réformes, son début de mandature semble ressembler à celui de Nicolas Sarkozy : un jeune président de la République qui laisse imaginer qu’il veut réformer le pays dans une optique plutôt libérale, quelques réformes timides qui vont dans ce sens et puis finalement l’abandon et le retour à la gestion traditionnelle. Le fait générateur de ce changement de « casaque » est la gestion de la crise des « Gilets Jaunes ». Une logique de redistribution. Donc pas de politique libérale.

Sur quels aspects de la politique économique du gouvernement se manifeste avec le plus d'évidence sa "ligne" économique ? Si tant est qu'il existe une « ligne » cohérente sur le plan théorique ?

En fait, jouant sur la désintégration du clivage Gauche - Droite, le président de la République souhaite attirer une partie des élus de la Droite après avoir fait la même chose avec certains représentants de la Gauche. Concernant son programme, Tout est une question de dosage selon les circonstances. Un exemple est sa volonté de réformer l’Etat. Il a abandonné toute velléité de réformer le « mammouth » étatique français.

La situation de la France n’évoluera pas tant que l’État ne réduira pas son périmètre. Cela passe notamment par des privatisations et des simplifications administratives. Si nous ne voyons pas ces mesures poindre, il y a peu d’espoirs de voir une baisse des impôts et que la situation des finances publiques de la France s’améliore à long terme.

La réforme de l'assurance chômage était annoncée comme l'une des dernières grandes réformes par le gouvernement. Que peut-on attendre de celles qui sont annoncées en matière de politique économique - notamment celle sur les retraites ? Peut-on voir une forme d'inflexion "sociale", comme annoncé par le gouvernement ? 

La réforme de l’assurance-chômage est une grande réforme structurelle. Emmanuel Macron propose d’en confier la gestion à l’État, de basculer les cotisations salariales sur la CSG, et d’en ouvrir le bénéfice à toutes les sorties d’emploi (y compris donc pour les salariés qui démissionnent ou les indépendants qui veulent « se mettre au vert »).

Concernant la réforme des retraites, Emmanuel Macron s'est engagé pendant la campagne présidentielle à faire converger la quarantaine de régimes de retraite en un système « universel ». Un système par points où « 1 euro cotisé donne les mêmes droits, quel que soit le moment où il a été versé, quel que soit le statut de celui qui a cotisé ». Et, ce, sans toucher à l'âge de la retraite ni au niveau des pensions.

Un projet potentiellement explosif, les différentes tentatives de réforme des retraites ayant donné lieu à d'importants mouvements sociaux et manifestations massives. Dans un régime par points où l'intégralité des salaires sert pour le calcul de la retraite, il y a beaucoup à perdre pour les cadres aux carrières ascendantes. Les futurs retraités ne pourront plus sélectionner leurs 25 meilleures années ou, dans la fonction publique, s'en tenir aux 6 derniers mois de carrière. Or les très hauts salaires du privé peuvent gagner un tiers de pension en plus grâce à cette règle.

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