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Mais pourquoi s’abstenir de faire des enfants pour sauver la planète alors que le pic démographique est passé ? Petits arguments chiffrés
©Mladen ANTONOV / AFP

Logique suicidaire

Face à la crise climatique, des couples occidentaux sont de plus en plus nombreux à déclarer ne pas vouloir avoir d'enfant, pour éviter de contribuer à leur échelle aux méfaits d'une surpopulation de la planète. Or, les pays développés souffrent déjà d'un taux de natalité très faible.

Laurent  Chalard

Laurent Chalard

Laurent Chalard est géographe-consultant. Membre du think tank European Centre for International Affairs.

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Atlantico : Depuis quelques années, face à la crise climatique, des couples occidentaux sont de plus en plus nombreux à déclarer ne pas vouloir avoir d'enfant, pour éviter de contribuer à leur échelle aux méfaits d'une surpopulation de la planète. Une telle logique est-elle rationnelle ?

Laurent Chalard : Si le choix de ne pas avoir d’enfants pour des raisons personnelles est tout à fait justifiable, chaque individu étant libre de faire ce qu’il veut, par contre, souhaiter ne pas avoir de descendance pour des raisons écologiques (un phénomène extrêmement marginal), relève d’une logique totalement irrationnelle, puisque si l’ensemble de la population adoptait cette attitude, l’humanité disparaîtrait purement et simplement ! C’est une logique suicidaire, qui rappelle étrangement les modes de fonctionnement psychique des sectes apocalyptiques. En effet, dans le cadre des politiques malthusiennes appliquées à l’heure actuelle à l’échelle internationale pour limiter les risques d’une surpopulation planétaire, il n’a jamais été question d’empêcher les individus d’avoir au moins un enfant, mais juste de limiter leur descendance à un ou deux enfants, ce qui est déjà le cas dans les pays développés, dont la France, et dans une large partie des pays à niveau de vie intermédiaire, dont la Chine. En outre, cette prise de décision est totalement aberrante sur le plan économique, puisque sans jeunes, nos pays développés, déjà très vieillissants, ne seraient plus en capacité de financer les retraites pour les personnes âgées inactives. En gros, ces individus se tirent une balle dans le pied, contribuant au déficit des retraites et donc à l’éventuelle baisse, voire disparition, des pensions de retraites qu’ils peuvent espérer recevoir lorsqu’ils seront âgés.

Comment expliquez-vous cette mauvaise perception des enjeux démographiques actuels ?

Les personnes en question ne s’intéressent nullement aux questions démographiques, mais s’inscrivent pleinement dans une logique de culpabilisation, qui fait que, selon eux, les riches occidentaux seraient les responsables de tous les malheurs de la planète, à commencer par le changement climatique. Ce sont souvent des personnes mal dans leur peau qui trouvent dans cette idéologie le moyen de justifier un choix personnel, qui relève, bien souvent, d’une décision plus prosaïque, le fait de ne pas avoir d’enfants pour des raisons diverses et variées, qui elles sont pleinement justifiables. C’est un peu comme si toutes les personnes qui ont peur de prendre l’avion justifiaient leur choix de ne pas utiliser ce mode de transport pour des raisons écologiques !

Si ces personnes se souciaient réellement des enjeux démographiques français, elles seraient au courant que notre pays, comme l’ensemble de ses voisins européens, souffre d’une dénatalité depuis plusieurs décennies, source de problèmes, en particulier pour le financement des retraites. La question de la surpopulation planétaire concerne beaucoup plus le continent africain ou le sous-continent indien, régions du monde où l’environnement est considérablement plus dégradé qu’en France. Plutôt que de ne pas faire d’enfants, ces personnes, si elles souhaitent vraiment contribuer au bien de l’humanité, devraient plutôt financer la diffusion des moyens de contraception dans les pays où ils sont difficiles d’accès pour des femmes, qui aimeraient grandement limiter leur descendance mais n’en ont pas les moyens !

Source : ONU 2015

Certains pays voient encore leur population augmenter spectaculairement. Dans de tels pays, est-il plus envisageable d'encourager le fait de ne pas avoir d'enfant volontairement ? Ou une politique de l'enfant unique est-elle plus viable ?

Aucun pays au monde, même la très autoritariste Chine aux temps forts de la politique de l’enfant unique, n’a jamais prôné l’interdiction de la mise au monde d’au moins un enfant pour chaque femme, ce qui serait complètement inhumain et contraire aux droits de l’homme, chaque individu ayant le droit d’avoir un descendant. Par exemple, les programmes de stérilisation utilisés en Inde pour limiter les naissances se font chez les femmes ayant déjà eu plusieurs enfants, mais pas chez les femmes n’en ayant jamais eu (en théorie, tout du moins car il peut y avoir des abus localement). En conséquence, il relève de l’évidence que toute politique malthusienne appliquée aux pays ayant encore une fécondité paraissant trop importante par rapport à leur niveau de développement économique vise à limiter le nombre de naissances mais nullement à les interdire, l’objectif étant de faire baisser la fécondité afin qu’elle n’atteigne plus que le seuil de remplacement des générations (2,1 enfants par femme), voire passe en-dessous, seul moyen pour ralentir fortement la croissance démographique d’un pays. Il s’en suit que des politiques incitant à faire seulement un ou deux enfants pendant une génération, outre qu’elles sont plus viables, sont les seuls justifiables sur le plan des droits humains.

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