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Pourquoi l'Etat ne parvient pas à respecter ses engagements en matière de dépenses publiques
©LOIC VENANCE / AFP

Faillite

Deux ans après l'élection d'Emmanuel Macron, le bilan est délicat à justifier.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Depuis son élection à la Présidence de la République, Emmanuel Macron, tient des propos volontaristes, avec un souci d’imprimer une marque inébranlable pour réformer le pays. Le Premier Ministre lui fait régulièrement écho, tout en lui gardant la paternité des mesures annoncées. Mais, deux ans après son accession à la magistrature suprême, le bilan est pour le moins délicat. C’est ce que suggère la Cour des Comptes dans le rapport su l’exécution du budget qu’elle vient de publier. Son président, Didier Migaud, n’hésite pas à qualifier la situation de « singulière », comme si l’on assistait à un écart grandissant entre les décisions affichées et la réalité des résultats obtenus. Sur un certain nombre de points, on observe même un retour en arrière. Non seulement, les mauvaises performances n’ont pas incité à redoubler d’efforts, mais les objectifs tels que la suppression emblématique de 120 000 postes de fonctionnaires sur le quinquennat a été purement et simplement abandonné, dès lors que le gouvernement a du confesser que les effectifs de la fonction publique avaient même augmenté contre toute attente l’an dernier.

Deuxième point noir pour souligner l’impuissance de l’Etat : le déficit budgétaire qui avait été pratiquement contenu pendant trois ans a rechuté lourdement en 2018 à 76 milliards d’euros contre 67,7 au cours de l’exercice précédent. Il est vrai que la masse salariale pèse pour quarante pour cent de l’ensemble et que les mesures prises pour donner satisfaction aux revendications des gilets jaunes vont aggraver la situation financière dans les prochaines années. Parallèlement, les mesures prises pour faire baisser la pression fiscale ont une incidence sur les recettes dont l’Etat assume le financement. Là encore, la doctrine officielle a changé pour justifier le comportement laxiste du pouvoir. Sous prétexte que les taux d’intérêt sont tombés à des niveaux insignifiants et risquent d’y  demeurer un certain temps, le nouveau credo de la finance tend à considérer que l’on peut désormais emprunter sans vergogne puisque la charge des intérêts débiteurs reste proche de zéro ; ainsi la promesse d’Emmanuel Macron de revenir à l’équilibre budgétaire a fait long feu  et l’on sait désormais que le quinquennat s’achèvera avec un déficit confortable qui conduira à dépasser la barre des cent pour cent du produit intérieur brut pour la dette publique.

Ce renoncement de l’Etat va être contagieux. Il incitera les autres administrations publiques à suivre le même chemin de la facilité, alors qu’elles ont leur part de responsabilités dans la dégradation des comptes et que la Cour des Comptes les incite à recourir à des économies. Déjà l’on note que le secteur public éprouvait toutes les difficultés à recourir à des pratiques nouvelles inspirées par une remise en question de ses habitudes. Nombreux sont les textes de lois votés en faveur du changement qui sont toujours lettre morte, ou sont remis en question par une mauvaise volonté évidente, tandis que les anciens comportements ont la vie dure. Il en résulte un doute croissant des agents économiques, en particulier des entreprises, sur un changement qui se fait attendre et peut conduire à retarder certains projets d’investissements. Le renoncement symbolique à la réduction de la vitesse à quatre-vingt kilomètres heure sur le réseau secondaire, la quasi impossibilité de réduire de manière significative les niches fiscales sont autant de signes visibles du détricotage auquel le pouvoir s’est résigné faute de pouvoir imposer la réforme du système. A l’heure où le ralentissement de la croissance s’installe chez la plupart de nos partenaires, le risque est grand de plonger à nouveau dans le train train du passé, alors que les créations d’emploi se ralentissent et que le chômage, malgré une légère amélioration, qui nous ramène dix ans en arrière, reste encore proche du niveau insupportable des neuf pour cent de la population.

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