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Pourquoi Bruxelles se montre indulgente face aux déficits de la France
©LUDOVIC MARIN / AFP

Magnanimité ?

La Commission de Bruxelles témoigne dans les dernières prévisions économiques qu’elle vient de publier d’une indulgence manifeste à l’égard de la situation française.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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C’est l’heureuse surprise du moment pour Emmanuel Macron. La Commission de Bruxelles témoigne dans les dernières prévisions économiques qu’elle vient de publier d’une indulgence manifeste à l’égard de la situation française. L’heure n’est plus aux jugements sévères qu’elle dressait il y a quelques années, aux admonestations pour tenir les engagements de réduction des déficits. Une attitude délicate qui avait conduit Pierre Moscovici, le commissaire européen, à jouer un rôle de paratonnerre alors que notre pays devenait progressivement l’un des plus mauvais élèves de la classe.

Ce changement de comportement de la commission peut s’expliquer en raison de la proximité de la réélection du Parlement de Strasbourg. L’heure n’est plus à mettre de l’huile sur le feu. Les tensions géopolitiques croissantes conduisent à tenter de rapprocher les Etats membres à l’heure où les populismes gagnent du terrain. Alors que le ralentissement conjoncturel ressenti en Europe est moins sensible dans l’hexagone, puisque la croissance devrait être cette année légèrement supérieure à la moyenne communautaire. Les experts de Bruxelles notent également que la demande intérieure va progresser grâce aux mesures de relance prises à la suite de la jacquerie des gilets jaune. Avec la renonciation à certaines mesures de hausses qui avaient été programmées, c’est une injection comprise entre 17 et 20 milliards d’euros qui sera opérée sur l’année, pour redynamiser l’activité. Elle sera suffisammentforte pour soutenir la consommation et permettre de réduire légèrement le chômage qui pourrait revenir de 9,1% de la population à 8,8% en fin d’année. Certes, le dépassement de la fameuse barre de 3% pour le déficit public ne réjouit pas Bruxelles, d’autant qu’il risque de se poursuivre au moins pendant deux ans, mais la commission trouve une excuse supplémentaire, en invoquant la transformation du crédit d’impôt compétitivité emploi en baisse directe de charges, ce qui creuse ainsi exceptionnellement le déficit. Le coup de fouet qui sera donné à l’activité apportera aussi des recettes supplémentaires, tandis que le niveau particulièrement bas des taux d’intérêt qui est promis à durer n’aggravera pas trop la charge de la dette. Au total, le changement de politique mené par la France peut avoir des effets positifs à court terme, mais qui s’estomperont vite s’ils ne sont pas suivis d’efforts pour réduire les dépenses publiques. D’autant que le climat international peut réserver d’autres surprises, si le ralentissement économique se poursuit, ou si par exemple la hausse du pétrole qui a déjà coûté treize milliards d’euros supplémentaires au budget depuis l’élection d’Emmanuel Macron se poursuit, retirant une partie du pouvoir d’achat que le gouvernement vient d’accorder sans contrepartie.

La situation sera dégradée à la fin du quinquennat présidentiel. Le déficit commercial est en train de se creuser en raison de la hausse du prix du brut, mais aussi des investissements nouveaux qui se traduisent par une augmentation sensible des importations. L’endettement du pays pourrait dépasser les cent pour cent du produit intérieur brut, alors qu’on frôle déjà ce chiffre. Le discours martelé aujourd’hui à longueur de colonne sur la baisse des impôts n’aura qu’un temps. Il faudra un jour se décider à donner un coup de frein, qui a toute chance de conduire à de nouveaux impôts comme cela s’est produit si souvent dans le passé. Toute la question est de savoir si l’on pourra attendre 2022, au lendemain de la future élection présidentielle.

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