Edouard Baer dans les élucubrations d’un homme soudain frappé par la grâce : c'est intéressant mais n'est pas Claudel qui veut<!-- --> | Atlantico.fr
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Edouard Baer a de nombreux talents et il le démontre encore dans ce nouveau spectacle. A la réserve près que ce one man show ne vous emporte pas. Il manque de souffle.

ONE MAN SHOW

Edouard Baer: Les élucubrations d’un homme soudain frappé par la grâce

Mise en scène: Édouard Baer

INFORMATIONS

Théâtre Antoine

Jusqu’au 15 juin,

 du mardi au samedi à 20h30

Réservations : 01 42 08 77 71 / www.theatre-antoine.com

RECOMMANDATION 

BON

THÈME

 • Empruntant la travée principale, Édouard Baer vient s’installer sur une scène aménagée en intérieur de bistro... Il affirme s’être échappé d’une salle voisine, où, à la suite d’un trou de mémoire, il a abandonné public, attaché de presse, régisseur, au beau milieu de la tirade d’une pièce à laquelle il ne croyait plus.

• Dès lors, sans cesser de faire mine d’y retourner, et régulièrement relancé par les appels venus d’un vrai-faux téléphone, le comédien se livre à diverses élucubrations, mobilisant Malraux, Bukowski, Casanova, Camus, Thomas Bernhardt et Romain Gary. Le Rochefort de Courage, fuyons !, le Brassens des Passantes et le Vian de Je voudrais pas crever sont aussi de la partie.

POINTS FORTS 

 • Baer propose un spectacle divertissant, et il est au rendez-vous pour ceux qui, conquis d’avance, apprécient sa dégaine désinvolte d’égaré chronique, sa voix et son timbre inimitables, son sens de l’improvisation calculée.

• L’idée de la fuite d’une scène voisine est une trouvaille qui fonctionne bien et donne une dynamique plaisante au spectacle. Elle se double d’une réflexion de fond intéressante sur la lâcheté et la défausse qui l’amènent à abandonner en cours de route un spectacle pour l’autre.

POINTS FAIBLES 

• Les procédés utilisés par Baer sont assez répétitifs et repérables : phrases rarement terminées, bégaiements fréquents constituent une marque de fabrique qui peut lasser et agacer. Ajoutons à cela qu’Édouard Baer ne cesse de se tripoter.... les cheveux, le visage, le cou, signe d’une fébrilité et d’un désarroi dont on ne sait plus trop à la fin s’ils sont ceux du personnage ou d’un comédien prisonnier et ignorant de ses tics d’expression.

• Proposer des “élucubrations“ expose Baer à des comparaisons pas toujours flatteuses avec celles de glorieux prédécesseurs : on pense moins au chanteur Antoine, qui en fit un immense succès, qu’à l’humoriste Raymond Devos, orfèvre du mots et des situations loufoques. En dépit de quelques formules bien ciselées, de trouvailles, les Élucubrations d’un homme en état de grâce souffrent de la comparaison : les tunnels et les longueurs (alors que le spectacle ne dure qu’1h30) sont loin de valoir la tension, l’ingéniosité et la qualité verbales entretenues par le grand Raymond. 

• De plus, si la « grâce » qui donne son titre au spectacle consiste à présenter dans une paraphrase un peu sommaire de grands textes (voir plus haut) récités ensuite honnêtement, le terme sert d’alibi, et la promesse n’est pas vraiment honorée.

EN DEUX MOTS 

• Les élucubrations de Baer forment un doux délire qui, porté par un système au point - mais assez limité - pourrait aussi bien durer trois ou cinq heures, voire plus encore, sans que cela ajoute quoi que ce soit.

• Les aficionados d’Édouard Baer trouveront leur compte dans ces “élucubrations“ ; les autres méditeront cet avertissement (involontaire ?) de l’auteur, lancé en tout début de spectacle : « On a fait le titre un peu vite, et la pièce aussi »...  Du Baer tout craché (crashé ?), en somme, dans son genre dandy désenchanté et dispersé.

UN EXTRAIT 

Ou plutôt deux :

« On ne peut pas pousser un caddie à 16h00 et jouer Malraux à 20h30 »

«  Il faut trouver des solutions à la Jésus : de l’amour... avec une mini-menace ! »

L’AUTEUR

• Édouard Baer, né en 1966 dans un milieu parisien, aisé et cultivé, a plutôt emprunté la voie tracée par son grand-oncle, l’homme de lettres René Baer (1887-1962). Trente ans après sa première apparition sur les écrans (dans le rôle d’un pendu !) pour les besoins du second volet de La révolution française (Robert Enrico), il tient en ce moment le haut de l’affiche : à ses Lumières dans la nuit sur France Inter viennent s’ajouter divers rôles dans des films récents assez réussis (Mademoiselle de Joncquières, La Lutte des classes).

• Depuis ses débuts en 1992 comme animateur sur Radio Nova avec Ariel Wizman, il s’est essayé à de multiples activités artistiques, tour à tour et simultanément acteur, comédien, animateur, auteur, producteur et metteur en scène. Ces Élucubrations d’un homme soudain frappé par la grâce, qui rappellent à bien des égards ses spectacles antérieurs : La folle et véritable vie de Luigi Prizzotti (2006) et Looking for Mister Castang (2007).

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