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5 milliards d’euros : la baisse d’impôt qui masquait des hausses à venir ?
©PHILIPPE HUGUEN / AFP

Justice fiscale ?

La promesse phare d'Emmanuel Macron, celle d'une baisse de cinq milliards d'euros sur l'impôt sur le revenu devrait cibler les deux premières tranches d'imposition et représenter pour celles-ci des économies comprises entre 350 et 180 euros. L'idée invoquée est-celle d'une plus grande "justice fiscale".

Philippe Crevel

Philippe Crevel

Philippe Crevel est économiste, directeur du Cercle de l’Épargne et directeur associé de Lorello Ecodata, société d'études et de conseils en stratégies économiques.

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Atlantico :  Les mesures annoncées au nom d'une plus grande "justice fiscale" comme la baisse de cinq milliards d'euros sur l'impôt vous semblent-elles être des mesures fiscalement justes ?

Philippe Crevel : Le Président Emmanuel Macron entend cibler la baisse de l’impôt sur le revenu sur les classes moyennes qui entrent dans le champ de cet impôt. Or, ce dernier est très concentré. 10 % des contribuables en acquittent 70 %. Or, ces 10 % n’ont pas bénéficié des baisses ces dernières années. Bien au contraire, ils ont subi toutes les hausses des prélèvements. Ils sont jugés riches et donc corvéables ou plutôt imposables à souhait. Ce sont les cadres supérieurs vivant à Paris. Les mesures d’Emmanuel Macron ne contribueront pas à améliorer l’acceptabilité de l’impôt. En agissant de la sorte, le Président chausse les bottes de son prédécesseur. Il réduit le nombre d’assujettis à l’impôt sur le revenu. Il faudrait réformer cet impôt en élargissant son assiette et en diminuant ses taux. En contrepartie, il serait alors imaginable de réduire le nombre des niches fiscales.

Le problème du gouvernement reste le financement d'une telle mesure. Les pistes proposées par Emmanuel Macron vous semblent-elles convaincantes ? 

C’est le problème majeur du Plan d’Emmanuel Macron. Ce dernier a indiqué qu’il remettrait en cause certaines niches fiscales dont bénéficient les entreprises. C’est une tentation facile. Les entreprises ne votent pas et pour le commun des mortels, elles peuvent payer. C’est oublié que les entreprises n’existent pas en tant que contribuable final. En effet, augmenter les prélèvements sur les charges a pour conséquence soit une pression sur les salaires, soit une augmentation des prix des biens et des services, soit une diminution des dividendes versées aux actionnaires. Or, les actionnaires, ce ne sont pas simplement des milliardaires, c’est le peuple des épargnants à travers la possession d’unités de compte ou de parts d’OPC. Certes, pour compenser l’augmentation des prélèvements, il est possible de compter sur les gains de productivité, c’est-à-dire produire plus pour moins cher grâce notamment aux innovations. Mais, le problème, c’est qu’en France, les gains de productivité sont faibles.

Le plan du Président se caractérise également par l’abandon de certaines économies. Ainsi, son engagement de supprimer 120 000 emplois de fonctionnaires n’est plus une certitude. Par ailleurs, la fin des fermetures des écoles, des hôpitaux, des maternités ne sera pas une source d’économies. De même le passage à 24 élèves par classe aura un coût important.

Quelles autres pistes aurait intérêt à suivre le gouvernement ? Doit-il envisager une augmentation des recettes ?

La France doit travailler sur les dépenses avant tout. Il faut s’inspirer des méthodes mises en place au Canada ou en Nouvelle Zélande. Des économies peuvent être réalisées en restructurant les autorités administratives indépendances qui sont devenus des administrations parallèles. Il faudra surtout remettre à plat les prestations sociales et arrêter de subventionner de nombreux secteurs d’activité. Les dépenses en faveur de l’immobilier, niches fiscales comprises, ne résolvent pas la crise du logement mais augmentent les prix d’achat et les loyers. En matière de santé, il faut responsabiliser davantage et multiplier les « zéro à charge ». Faire croire à la gratuité des soins est une illusion qui coûte très chère.

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