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Philippe de Villiers : « Mon livre n’est pas complotiste, c’est la construction européenne qui est ontologiquement conspirationniste »
©BERTRAND GUAY / AFP

Grand entretien

L’auteur de « J’ai tiré sur le fil du mensonge et tout est venu » (Fayard) répond aux nombreuses critiques et accusations qui se sont abattues sur son livre depuis sa sortie. Pour lui, il s’agit bien d’un livre d’enquête sur les origines du projet européen. Entretien

Philippe De Villiers

Philippe De Villiers

Créateur du Puy-du-fou, homme politique, auteur de nombreux livres, Philippe de Villiers se passionne aussi pour l’histoire de France. Il est l'auteur de nombreux ouvrages. Son dernier : Le moment est venu de dire ce que j'ai vu paru le 30 septembre 2015 aux éditions Albin Michel.

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Jean-Sébastien Ferjou

Jean-Sébastien Ferjou

Jean-Sébastien Ferjou est l'un des fondateurs d'Atlantico dont il est aussi le directeur de la publication. Il a notamment travaillé à LCI, pour TF1 et fait de la production télévisuelle.

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Jean-Sébastien Ferjou : Un certain nombre d'Européens se désolent que l’Europe ne puisse pas s’appuyer sur l’équivalent d’un roman national et que les billets représentent des ponts qui ne vont nulle part plutôt que des héros européens : avez-vous à l’inverse pensé votre livre comme une sorte d’anti-roman national européen pour faire voler en éclat tout ce qui pourrait aider à l’émergence d’un sentiment d’identité « charnel » ? Car « J’ai tiré sur le fil du mensonge et tout est venu » (Fayard) n’est pas un livre théorique mais un livre de chair et de sang, qui fourmille de portraits de héros nationaux ou d’anti-héros européens.

Philippe de Villiers : Pour qu'il y ait un roman national, il faut qu'il y ait un légendaire, un rêve, une projection de soi-même, une affection, des voisinages, une personnalité. Or, l'Union Européenne ne possède rien de tout ça. Elle s'est détournée de la civilisation européenne, l'a détruite à petit feu en instituant une société multiculturelle et donc multi-déculturée. Il n'y a pas de roman national européen parce qu'il n'y a pas de peuple européen. Nous n'avons pas les mêmes mœurs, les mêmes langues, les mêmes traditions.

Quant aux points communs qui nous réunissent dans notre histoire, et qui sont liés à la mémoire chrétienne, ils sont rejetés par les institutions européennes elles-mêmes. L'histoire de la construction européenne c'est La tabula rasa, l'histoire d'un mythe fabriqué, d'une abstraction.

Comment pourrait-il y avoir un roman national dans ce non-pays où les mots-clés d'une société politique ont été changés ? Gouvernement est devenu gouvernance, mot qui vient des banques, le peuple est devenu une société civile, la loi est devenue une régulation, le territoire est devenu un espace sans frontières. On pourrait continuer ainsi, à décrire le glissement de la sémantique qui traduit le glissement de cette Europe informe vers "globalia".

Votre question me fait penser à la seule phrase, écrite à la main, par Jean Monnet, dans ses mémoires (tout le reste a été écrit par d'autres). C'est la phrase de conclusion, une question affirmation : "Ai-je assez fait comprendre que la communauté européenne que nous créons n'a pas sa fin en elle-même mais qu'elle n'est qu'une étape vers les formes d'organisation du monde de demain ?" Monnet était mondialiste avant la lettre.

Pour lui, l'Europe ne devait en aucun cas être un nouveau pays, un nouvel État, une nouvelle puissance, mais un simple marchepied, une simple étape vers les formes d'organisation du monde de demain : un marché connexe au marché américain, dans ce qui est devenu un marché planétaire de masse, avec non plus des citoyens romains mais des consommateurs compulsifs, qui s'inclinent devant le divin marché, et une gouvernance acéphale, voulue par Monnet et par ses officiers traitants.

De votre point de vue, souverainiste, attaché à la préservation de l'identité française, n'est-ce pas une chance ? La nation européenne n'existe pas et son roman non plus mais il y la réussite d’un continent ayant retrouvé la paix et un rêve européen développé par les Pères Fondateurs de l'Europe. C'est à ce rêve-là que vous vous attaquez. Auriez-vous préféré une Europe plus classiquement politique mais aussi plus difficile à combattre que la Globalia que vous dénoncez ?

Philippe de Villiers : Il y avait deux manières de faire l'Europe. La première –et c’est ce qu’on a choisi de faire- était de construire une Europe de la marchandisation, une Europe intégrée, sans âme, sans rêve ou armée d’un rêve mensonger, d’un mythe fabriqué à partir des mémoires de Monnet qui sont une vaste entreprise de mystification. Cette Europe-là repose sur une architecture post-politique, sans les États. Une Europe ni inter-étatique ni supra-étatique. Et normalement les fédéralistes devraient être aussi déçus que moi, puisque l'Europe n'est pas fédéraliste. Une Europe fédéraliste devrait rassembler les États pour construire quelque chose d'autre.

La deuxième possibilité était l'Europe de De Gaulle, l'Europe des Nations, fondée sur le principe de la souveraineté, car sans elle il n'y a ni continuité historique ni démocratie, donc il n'y a pas consentement des peuples. Cette Europe aurait pu se construire sur le principe de la coopération inter-étatique, ça aurait pu être une Europe à géométrie variable, l'Europe des anneaux olympiques, de la coopération entre les institutions et les entreprises. D'ailleurs la seule chose qui marche en Europe c'est l'Europe de la coopération, Erasmus, Ariane, Airbus.

Et le marché commun.

Philippe de Villiers : Parlons-en. Si De Gaulle, en 1958, a donné suite à l'entrée de la France dans la Communauté Européenne, c'est pour le marché commun et la préférence communautaire. Il y avait une communauté de producteurs et de consommateurs. Mais elle a disparu au moment de Maastricht.

Dans l’Union Européenne d'aujourd'hui, qui va vers l'épuisement final puisqu'elle est devenue une cible, il y a un mythe fondateur, fondé sur un mensonge : tous les 9 mai, dans toutes les écoles de France et d'Europe, on lit des pages choisies des écritures sacrées. On explique l'histoire sainte de l'Europe, avec Moïse qui sort d'Égypte pour conduire son peuple à la Terre de Promission, et Josué qui arrive à la Terre de Promission. Monnet, Schuman. Or ce mythe est faux, construit sur un mensonge, car ce que j'ai découvert en premier c'est une lettre de Shepard Stone de la Fondation Ford, qui rappelle à Monnet la nécessité de lui fournir la liste des gens qui vont écrire ses mémoires, et le numéro de compte auquel il va falloir apporter l'argent.

En d'autres termes, j'ai découvert les documents qui confirmaient certaines thèses universitaires selon lesquelles les mémoires de Monnet ont été commandées, inspirées, financées par le département d'État de Washington. Les Américains ont expliqué à Monnet qu'il fallait faire croire aux Européens qu'on allait construire une Europe troisième voie, une Europe puissance. Les Américains, pour faire croire aux Européens qu'ils devaient s'engager dans cette aventure, ont vendu l'idée que chacune des nations allait être démultipliée. C'est une idée de lawyers pragmatiques, intelligents, conquérants, qui ne voient en l'Europe qu'un marché annexe où écouler les surcapacités productives.

C'est pourtant une idée que les Européens ou les Français peuvent avoir par eux-mêmes aussi. On entend souvent cet argument du "comment voulez-vous que face à la Chine nous nous en sortions tout seuls ?". Pensez-vous réellement que cette idée n’a prospéré que parce qu’elle était poussée par les Américains ou parce qu’en soi, même si elle avait cette origine-là, elle entrait en résonance avec le monde tel qu'il existe depuis 1945 ?

Philippe de Villiers : Certains Européens ont résisté à la mainmise américaine sur l'Europe mais la plupart ont accepté, à l'époque du plan Marshall et ensuite, l'idée que l'Europe devait être une Europe soumise, à travers l'OTAN par exemple, à l'Amérique. Ils ont accepté la protection américaine, et c'est là le coup de génie américain. Le département d'État a pris prétexte de la Guerre Froide pour configurer une Europe à sa main.

À l'époque, ils voulaient empêcher que l'Allemagne et la France ne constituent une force commune comme la projetait le traité de l'Élysée. Quand les Américains l'ont découvert, ils ont demandé à Monnet, contre 150 000 dollars, de faire une campagne auprès des députés du Bundestag pour ajouter un préambule atlantiste et neutraliste qui vidait de sa substance le traité de l'Élysée.

Certains Français, anti-communistes, considéraient pendant la Guerre Froide que les Américains étaient nos alliés, qu'ils nous avaient rendu service, qu'ils étaient venus à notre secours deux fois de suite, mais qu'ils devaient être à leur place et nous à la nôtre, que l'Europe devait rester libre, européenne et indépendante. C’est respectable. Mais ce n'est pas du tout la vision de Monnet.

Qu'est-ce que cela nous dit de l'Europe d'aujourd'hui ? Tous les mythes fondateurs sont des mythes, le roman national réécrit l’histoire en fonction de ses intérêts presque par essence… Vous qui êtes vendéen êtes bien placé pour savoir que le roman national français a largement détourné la mémoire des guerres de Vendée…

Philippe de Villiers : L'architecture de l'Europe repose sur un vice constitutif. L'idée d'un processus normatif, qui échappe à tout contrôle démocratique et dans lequel les lobbies sont partie prenante est une folie.

Quand j'étais jeune, j'écoutais les grands anciens comme Valéry Giscard d’Estaing qui disaient : "Il y a des dérives, ce n'est pas cela qu'on voulait faire au commencement du projet européen mais on va corriger les dérives." J'ai donc cherché les dérives et je me suis aperçu que le gène déconstructeur qui mine et fragmente l'Europe d'aujourd'hui et la met au bord de l'abîme était déjà dans l'ADN du corps d'intentions des pères fondateurs. L'Europe sans tête, sans corps, sans racines et sans âme était prévue dès le début.

Figurez-vous que je viens juste de comprendre ce qui m'est arrivé en 2004, dans mon combat pour sauver les abeilles. Des chercheurs et apiculteurs sont venus me voir en disant "Peut-être aurez-vous le courage d'attaquer le fipronil et l'imidaclopride, qui sont deux neurotoxiques extrêmement puissants et dangereux et qui expliquent la fin du monde des abeilles". Je publie mon livre, et immédiatement l'avocat d'Albin Michel, me fait savoir que Bayer attaque. A partir de cet instant, à l'Assemblée Nationale et au Parlement européen, je me retrouve seul face au ministre de l'Agriculture de l'époque, Hervé Gaymard, et aux commissaires européens, extrêmement offensifs. Et bien, ce matin, je découvre dans la presse un article annonçant que Bayer paye des sommes considérables aux partis politiques européens.

La leçon est édifiante : l’Europe est totalement infiltrée par les lobbies au premier rang desquels figurent Soros et les GAFA. Quand il n'y a plus la puissance publique, il y a les intérêts privés. Des puissances légales et illégales qui répondent à des allégeances cachées. Nous avons des élus politiques qui obéissent à des bureaucraties supranationales, qui elles-mêmes obéissent à des allégeances cachées.

Sont-elles si cachées que ça ? Les groupes d'intérêts sont transparents au parlement de Bruxelles, beaucoup plus qu’au Parlement français. Comment expliquez-vous que les défenseurs des abeilles ou de l'Europe des Nations ne parviennent jamais à s'organiser avec la même efficacité que les groupes d’intérêt dont vous parlez ? Pourquoi n’y a-t-il pas de groupe Bidelberg souverainiste ?

Philippe de Villiers : Parce que les moyens financiers des uns sont sans rapport avec les moyens financiers des autres. Le petit peuple des apiculteurs est bien incapable de faire face à Bayer Monsanto. Ce mécanisme de la loi infiltrée, qui ne trace plus la destinée vers le bien commun mais n'est que la résultante de pressions plus ou moins connues, c'est très malsain et contraire à la culture européenne. Il y a 25 000 lobbyistes et 3 milliards d'euros dépensés chaque année à Bruxelles. C'est complètement fou.

Ils ont des milliardaires, nous non.

Vous aviez pourtant rencontré Jimmy Goldsmith…

Philippe de Villiers : Oui mais c’est bien le seul. C’était un milliardaire qui s’était retourné contre le système mondialiste et l’accusait de tout détruire, un système dans lequel ce sont les pauvres des pays riches qui subventionnent les riches des pays pauvres.

Serait-ce si différent si tout se jouait exclusivement à Paris ? On peut comprendre les possibilités politiques théoriques que peuvent offrir la souveraineté et l'identité mais avec le recul de votre longue expérience politique, êtes-vous certain que la France seule se comporterait différemment de la manière dont se comporte l'UE au global. Assumerait-elle plus son identité ? Protégerait-elle plus ses frontières ? Se défendrait-elle plus face aux GAFAM et à l’impérialisme juridique américain que vous dénoncez ?

Philippe de Villiers : J'en suis certain ! Pour une raison simple, ce ne sont pas les hommes qui commandent la politique, mais la politique qui commande les hommes, comme dans le Dialogue des Carmélites "Ce ne sont pas nous qui tenons la Règle, c'est la Règle qui nous tient". En d'autres termes, quand un pays est souverain, il développe des anticorps à toutes les formes de dépendance, d'esclavage, d'abandon. La France a 1000 ans de savoir-faire diplomatique, qui est aujourd'hui stérilisé par Bruxelles. Vous citez l'exemple des GAFAM, mais il y a quinze ans j'avais proposé un internet européen, sur le mode d'Ariane ou d'Airbus. S'il avait été mis en place, avec une coopération européenne, plutôt que de se laisser infiltrer par les GAFAM on aurait aujourd'hui en Europe une puissance numérique bien supérieure.

On a déjà essayé avec le Minitel…

Philippe de Villiers : Bien sûr, mais la meilleure manière de disparaître c'est de n'être plus rien et aujourd'hui la France n'est plus rien face à Bruxelles ! Cette fameuse commission exécutive à la tête de l'UE a sa propre politique, qui n'en est pas une, il n'y a pas de diplomatie, pas de défense, regardez les Belges qui achètent leurs F-35 aux Etats-Unis. Cette Europe n'est plus rien et nous épuise ! Le livre "La France vendue à la découpe" (Editions du Toucan) de Laurent Izard montre que la plupart des entreprises françaises sont rachetées par l'étranger… 35 % des actifs des entreprises européennes sont aux mains de compagnies étrangères, c'est-à-dire 10 % de plus qu’il y a 10 ans. Même la Commission s’en alarme.

Peut être aussi pour des raisons de fiscalité, un problème qui, lui, est franco-français…

Philippe de Villiers : Oui mais d’abord parce qu'on ne défend plus nos fleurons et notre identité. Pour les politiciens le mot "France" ne veut plus rien dire, il est dépassé, c'est la "Startup Nation". Mais nous sommes rentrés dans un monde inédit, il ne faut pas raisonner comme du temps de Ford. Aujourd’hui les ressorts de l’économie sont nouveaux : c’est la combinaison contradictoire de l'infiniment petit et de l'infiniment puissant. J'en sais quelque chose avec le Puy du Fou, nous taillons des croupières à des géants du monde du loisir alors que nous sommes tout petits, du moins nous étions tout petits. C'est nous qui sommes invités à aller en Chine ou à Tolède, tout a changé !

Ne soyez pas Européens, soyez Vendéens ?

Philippe de Villiers : Soyez Européens du monde de demain et non pas du monde d'hier. Le monde de demain, ce sont des frontières comme filtres pacificateurs, des souverainetés exprimant le droit à la continuité historique et des nations comme familles de familles.

Cette Union européenne est à l'agonie parce qu'il y a le décrochage des peuples. Et pourquoi y-a-t-il le décrochage des peuples ? Parce que le rêve de la fusion des nations s'est désintégré dans le cœur des peuples, parce qu'il était tramé dans un tissu de mensonge : la prospérité, la sécurité, la protection, la puissance. Le Brexit, c'est la porte qui s'ouvre. Après le Brexit, il y aura le groupe de Visegraad. J'ai rencontré Viktor Orban qui m'a dit : "il y a deux Europes, il y a deux mondes. Il y a ceux qui veulent construire l'Europe en se passant des vieilles nations et ceux qui veulent construire l'Europe en les retrouvant."

S'appuyer sur la nation peut-il suffire pour affronter l’avenir ? Dans le livre, vous évoquez vos amis d'Europe de l'Est, et vous parlez des régimes communistes qui faute de légitimité, justement, s'étaient appuyés sur le principe national, en Roumanie, en Hongrie. Cela n'a pas suffit pour eux. Est-ce que cela suffirait pour nous ?

Philippe de Villiers : Il y a trois facteurs de puissance. Un, la souveraineté : je suis souverain, je suis indépendant. La souveraineté, c'est la compétence de la compétence, disent les juristes. Je suis chez moi, je suis libre. Ensuite il y a l'identité : je suis affilié, j'ai des racines. Mon rêve trouve sa source, son exubérance, son rayonnement à partir de toutes mes dettes morales et affectives. Et troisièmement, la coopération, les voisinages. Pour la France, les voisinages, c'est le monde entier. La France a une raison singulière d'être lié à tous les pays du monde, quand ce n'est pas cent, une raison qui tient à l'histoire, qui tient à la langue, qui tient au rêve que la France constitue pour les pays du monde entier, puisque chaque peuple a deux rêves : le sien, et un peu du rêve français. C'est notre richesse, notre trésor. C'est tout cela qu'on est en train de mettre en jachère. Je ne vous dis pas qu'il faut substituer à l'Union Européenne le repli français. Il faut faire des additions de puissance et non pas des soustractions de puissance.

Je pense, comme j'ai eu l'occasion de le dire à Emmanuel Macron, qu'il faut faire tout de suite l'Europe d'après. L'Europe d'après, c'est l'Europe de la souveraineté, de la coopération et des voisinages. C'est le continent, de l'Atlantique à l'Oural.

Vous qui avez, à certains moments en tout cas, une relation privilégiée avec le Président de la République, avez-vous l'impression qu'il vous écoute ? Lors de L'émission politique entre Marine Le Pen et Nathalie Loiseau, la ministre des Affaires Européennes, la vision de l'Europe défendue par cette dernière était très loin de celle que vous exposez-là…

Philippe de Villiers : Je vous réponds sur la relation privilégiée. Emmanuel Macron est venu au Puy du Fou, quand il était ministre de l'Économie, pour saluer un fleuron français. Ces prédécesseurs allaient à Disneyland où ils se croyaient en France. Cela vaut de ma part un sentiment de gratitude qui ne s'efface pas avec le temps. Il se trouve que cette amitié qui est née au Puy du Fou a perduré, mais c'est une amitié dans la vérité, et la vérité est parfois rude. Il m'accorde le droit de tout lui dire. Il accepte une totale liberté de ton. Je lui reconnais cette liberté-là.

Je lui dis : "Emmanuel, vous êtes européiste. Avec votre souveraineté européenne, vous allez renforcer la Commission de Bruxelles qui nous détruit, vous allez encore un peu plus nous éloigner du pouvoir. C'est une folie d'accorder à une institution moribonde un peu plus de pouvoir. Le pouvoir de nous tuer."

Deuxièmement, je lui dis : "Vous êtes mondialiste. Le pacte de Marrakech est une faute puisque vous préparez la migration de masse, alors que les Français n'en veulent plus ». Nous avons perdu 100 000 emplois industriels en 5 ans, c’est une hémorragie continue.

Et troisièmement : "Vous êtes multiculturaliste, et à vouloir juxtaposer deux civilisations sur notre territoire, vous allez exposer toute l'Europe à son propre éclatement et aussi à sa disparition."

Je lui dis que son discours que l’on retrouve dans la vidéo de campagne des Européennes d’En Marche sur le progressisme et le populisme est dangereux. Le populisme, c’est le cri des peuples qui ne veulent pas mourir. Le progressisme porte aujourd’hui, à partir des deux principes actifs du Traité de Rome, la liberté de circulation et la non-discrimination, un double bouleversement de civilisation : la fin de la frontière physique qui produit l’Homme nomade, l’Homme remplaçable ; la fin de la frontière anthropologique qui produit l’Homme désaffilié sans humus ni postérité, la fabrique de l’Homme de sable.

Et que vous répond-il ?

Philippe de Villiers : Ce qu'il me répond doit rester dans le secret de nos conversations qui sont privées. Je ne suis plus un homme politique : je parle à qui me parle. Quand Emmanuel Macron m'appelle, je lui réponds, parce que je me dis que si je peux l'influencer, cela ne sera pas du luxe. Là par exemple, je lui ai dit : "la seule manière que vous avez de vous sortir de ce débat stand-up, c'est de faire un référendum sur l'immigration, parce que c'est la question clé. Ou bien on arrête la migration de masse et on impose en France l'art d'être français. C’est-à-dire la fin du voile, du hallal, des djellabah qui gouvernent 1500 cités où les petits blancs deviennent des passe-murailles. Ou bien vous traitez ce problème, ou bien vous ne ferez qu'un mandat." C'est une de nos dernières conversations.

Vous disiez qu'on en est à l'essoufflement de l'Europe, mais les enquêtes d'opinion montrent que ce n'est pas particulièrement le cas. C’est-à-dire que oui, les gens ne croient plus vraiment à cette Europe-là mais ils demeurent assez européens dans l'absolu et le souverainisme a un potentiel électoral limité. Vous-même disiez que vous aviez quitté la vie politique parce que vous constatiez que vous étiez minoritaire.

Philippe de Villiers : Les choses sont en train d'évoluer dans des proportions que personne ne connaît. Il suffit de voir ce qui s'est passé depuis dix ans en Europe. Je pense que les Européens sont attachés à l'Europe, c’est-à-dire à la civilisation européenne. Nous avons entre nous des beaux fruits qui sont attachés à notre histoire : l'Europe bénédictine, l'Europe de Léonard de Vinci, l'Europe baroque, l’Europe de Cervantes et de Dostoiëvski … Si l’Europe n’est plus qu’une « tabula rasa », ce n’est plus l’Europe : c’est un espace sans frontière, c’est ainsi qu’elle s’appelle, c'est-à-dire un corpus juridique et non plus un corps politique. Ce que vous dites me fait penser à la phrase de Rémi Brague : "Être européen, c'est être romain, c’est-à-dire avoir en amont un classicisme à imiter et avoir en aval une barbarie à soumettre." Un Français, c'est quelqu'un qui veut l'Europe. D'ailleurs Erasmus, c'est l'Europe.

Mais l'Europe a été capturée du temps de Monnet et Schuman par un système idéologique qui n'est pas l'Europe. C'est la raison pour laquelle j'ai intitulé un de mes chapitres : la révolte de l'Europe charnelle. L’Europe idéologique a immolé son enveloppe charnelle.

Viktor Orban par exemple, me citait l'illustration suivante qui confine à la tragédie : "lorsque le communisme s'est effondré, que vous nous avez tendu les bras, après des années d'oppression, nous étions dans les larmes, c'était des larmes de joie parce que nous avions l'impression de rentrer chez nous. Nous sommes l'Europe tout autant que vous, nous les Hongrois. Et voilà que, surprise, on découvre un impérialisme à l'intérieur même de l'Europe qui nous rappelle l'impérialisme que nous avons connu avec la souveraineté limitée." C'est une très belle manière de dire que nous sommes tous attachés à l'Europe et que l'Union Européenne détruit l'Europe dans sa civilisation même. C'est là le piège. Beaucoup de gens confondent l'Europe et l'Union Européenne. Pour sauver l'Europe, il faut qu'on se débarrasse de l'Union Européenne, de ce système Junker qui est « un bateau ivre ».

Justement, vous considérez qu'en quelque sorte, le ver était dans le fruit et que le pêché originel post-national de la pensée des fondateurs empêche qu’il y ait quoi que ce soit à sauver dans l’Europe telle que nous la connaissons. Ne peut-on pas soutenir qu'il y a quand même des choix ou des erreurs qui ont été faits ensuite, notamment au moment de la chute du mur de Berlin et que cela a été des stratégies tout à fait "nationales" et absolument pas désincarnées. Lorsque Helmut Kohl a voulu la réunification allemande ou que François Mitterrand a voulu l'euro pour contrôler la puissance allemande, c’était des choix fondés sur la perception de l’intérêt national de la France ou de l’Allemagne. Ne serait-ce pas précisément aussi parce que l'Europe est restée nationale qu'elle s'est enfermée dans le piège dans lequel elle végète à l'heure actuelle ?

Philippe de Villiers : Là, vous évoquez une période que je connais bien, puisque j'ai eu l'occasion de parler avec François Mitterrand quelques jours après la chute du mur de Berlin. Il a lancé à ce moment-là - Roland Dumas en parle longuement dans ses mémoires - une idée nouvelle qui s'appelle la confédération européenne. Mitterrand a considéré que le système en gestation de Maastricht n'était pas la bonne réponse à la chute du mur. Il a eu une intuition juste et il a pensé qu'il était temps de faire la grande Europe de l'Atlantique à l'Oural, en commençant par une confédération européenne. Cela voulait dire : les pays de l'Europe post-pénitentiaire doivent être accueillis par nous mais il faut mettre des écluses et ils n'accepteront jamais notre souveraineté limitée. Il a dit à Delors à ce moment-là, j'en étais témoin : "ne cherchez pas à enrégimenter l'Europe de l'Est, vous n'y parviendrez pas. Il faut faire la grande Europe". C'était une manière d'abandonner cette fausse bonne idée de l'euro qui n’a fait qu’accroître les divergences de nos économies nationales.

A l'arrivée, il y a quand même eu le traité de Maastricht…

Philippe de Villiers : Justement, qui a empêché la confédération ? L'Amérique, la diplomatie américaine, le département d'État qui ne voulait surtout pas de cette confédération, parce que les Américains avaient peur d'une Europe puissance. Hubert Védrine vous confirmera cela, lui qui a sur l'Europe une vision enracinée dans son expérience et conforme au bon sens. Védrine dit par exemple : "l'Europe n'est pas la mère de la paix, elle en est la fille, la fille de la guerre froide. Les deux pères de l'Europe sont Truman et Staline."

C'est une réalité historique difficilement contestable, malgré tout, l'Europe est toujours restée nationale. Vous parliez des frontières, Emmanuel Macron ferme tout autant la frontière de Vintimille que Viktor Orban ferme sa frontière à lui. Il y a des manières de présenter les choses différentes mais on est toujours resté dans des logiques d’intérêt national.

Philippe de Villiers : Parce qu'on ne peut pas, d'un trait de plume, effacer 10 000 ans d'histoire. On voit bien par exemple avec Air France- KLM que les Pays-Bas, qui sont pourtant un pays plutôt neutraliste, qui n'a pas vraiment d'aspérité en termes de souveraineté, ont réagi en cherchant à défendre leur intérêt national. Les nations demeurent une réalité vitale et on ne peut rien construire sans elles. Accorder les souverainetés, c'est s'enrichir des composantes nationales pour faire une Europe forte.

Pourquoi, en Europe de l'Ouest du moins, les nations ne parviennent-elles pas, ou peu, à produire des grands hommes soucieux de la ligne nationale que vous défendez ? Nombre de figures politiques qui s’inscrivent dans cette vision, indépendamment de leur ligne idéologique en tant que telle, ne sont pas forcément les plus efficaces... On l'a vu récemment encore avec Marine Le Pen perdant un peu ses moyens face à une Nathalie Loiseau pourtant passablement maladroite par ailleurs. On se souvient tous aussi du débat d'entre-deux-tours… Pourquoi les Philippe Séguin, les Charles Pasqua ou vous-même, n'y arrivez-vous pas ?

Philippe de Villiers : Il faut du temps et de la patience pour que l’histoire donne raison aux dissidents. Et puis, l'Europe a tué la politique. Quand il n'y a plus de souveraineté, il n'y a plus d'hommes politiques, il n'y a plus, sauf exceptions, que des histrions dans toute l'Europe. Il n'y a que des histrions qui répondent à des normes marketing, qui sont dans les humeurs de l'instant et qui naviguent dans la société médiatique. Le cri des gilets jaunes, c'est un cri qu'il faut savoir articuler : « qu'avez-vous fait de nos pouvoirs ? Vous les avez dispersés, confiés à d’autres. Qu'avez-vous fait de la France, de ses voisinages affectifs, de sa personnalité, de sa civilisation ? ». Quand il n'y a plus la souveraineté, il n'y a plus de conversation légitime, il n’y plus d’agora, c’est le grand vide civique.

Jusqu'à ses représentants, quels qu'il soient ?

Philippe de Villiers : Quand on a tué la démocratie représentative, et qu'on l'a remplacé par la démocratie participative, le Grand Débat, il n'y a plus de capteurs. S’il y avait eu encore des Députés-Maires, il n’y aurait sans doute pas eu de mouvement des Gilets jaunes.

Les politiciens ne croient plus qu’à la fraternité cosmique.

Vous avez beaucoup été accusé, depuis la sortie du livre, de complotisme et de plagiat. Qu'avez-vous à répondre aux accusations qui vous ont été faites ? Sur deux angles, l'un étant que vous êtes imprécis, l'autre étant : « on savait déjà tout ça ». Etes-vous êtes tombé sur un argument au moins qui vous aurait troublé et dont vous vous seriez dit : celui-là, il quand même pertinent ?

Philippe de Villiers : J'étais justement en train de me dire : la réplique est d’une indigence surprenante. Le mot plagiat est un mot insultant. Mon avocat ainsi que celui de Fayard déposent en ce moment-même une plainte en diffamation avec constitution de partie civile devant le doyen des juges d'instruction.

Un plagiat, c'est quand on copie un auteur qu'on ne cite pas. A aucun moment, ce n'est le cas et mon livre est hyper-référencé. Comme dirait de Gaulle, ce n'est pas à soixante-dix ans, après avoir écrit trente livres, que je vais commencer une carrière de plagiaire ! Mon lectorat me reconnaît une chose, c'est que j'ai mon style à moi, qui sans doute explique un petit peu le succès de mes livres. C'est minable d'avoir écrit cela. Ils pensaient en fait discréditer le propos, le fond du propos, en discréditant l'auteur. Quand on ne peut plus utiliser la lance à incendie, parce qu'elle est insuffisante, en France on utilise la lance à purin.

« Complotisme »… Le complotisme, ce sont des rumeurs, des contre-vérités, des théories, des fantasmes. Mon livre, c'est le contraire, c'est un livre d'enquête et de révélations. J'étais persuadé que les esprits critiques et avisés allaient se précipiter sur les documents, les 111 pages avec mes commentaires. J'étais convaincu qu'il y aurait une discussion au fond. Mon livre n’a rien à voir avec le complotisme, il est une réponse au complotisme : des faits, des documents, des preuves. Je vais plus loin : les gens qui liront mon livre vont comprendre très vite que c'est la construction européenne qui est ontologiquement conspirationniste. La méthode Monnet est fondée sur l'opacité, pour ne pas inquiéter, ne pas affoler les peuples, et cela fonctionne très bien depuis soixante-dix ans.

Quand on dit complotiste, on veut dire que c'est faux. En même temps, on me dit : « tout cela on le savait déjà ». Moi je dis à ces gens : « vous avez bien de la chance, parce que moi je ne le savais pas. Vous saviez que Schuman avait porté l'uniforme allemand pendant la Première Guerre mondiale ? Moi, je ne le savais pas. Vous saviez qu'il avait voté les pleins pouvoirs à Pétain ? Moi, je ne le savais pas. Qu'il avait été ministre de Pétain ? Moi, je ne le savais pas. Qu'il avait été frappé d'indignité nationale à la Libération ? Moi, je ne le savais pas ».

Vous en faites tout de même une interprétation un peu maximaliste par rapport à la réalité des faits…

Philippe de Villiers : C’est ce que disent mes contradicteurs inquiets. Moi, je pars des faits, ils se suffisent à eux-mêmes. Ce qui m'a donné l'idée de faire ce livre, c'est quand je suis tombé sur la lettre de la Chase Manhattan du 29 janvier 1958, adressée à Monnet : on est heureux d'ouvrir un compte, 150 000$. J’ai relu les mémoires de Monnet. Ils soulignent qu'il était pauvre, sans moyens, avec des concours bénévoles. On dirait l'abbé Pierre. Qui ment ? Monnet ment. Mes accusateurs savaient donc qu'il y avait des versements secrets de dollars, avec des opérations d'influence servant des intérêts américains comme contrepartie. Il y a des télégrammes où Monnet et John Foster Dulles essaient de voir comment on peut bloquer l'indépendance nucléaire de la France avec la maîtrise des matières fissiles dans le cadre de l'Euratom. Si mes adversaires savaient tout ça, pourquoi ne l’ont-ils pas dit ? Il n’y a pas de maximalisme à conclure que Monnet a menti.

Cela a été dit pour partie, mais effectivement, ce ne sont pas éléments que les gens ont retenu dans le débat public.

Philippe de Villiers : Ceux qui veulent démolir mon livre ont envoyé au front des historiens ou des journalistes. En réalité, ils ne contestent rien des faits que je cite. Ils parlent seulement d’une « nécessaire contextualisation » à la manière de ces islamologues qui implorent devant des passages délicats du Coran : «  il faut contextualiser ».

Ils contestent l'interprétation que vous leur donnez. Vous citez vous-même une confidence de Maurice Couve de Murville qui donne son titre au livre. Couve de Murville lui-même a été impliqué dans le régime de Vichy…

Philippe de Villiers : Je ne vois pas en quoi cela viendrait affaiblir la portée de sa phrase. Sur le fond, Monnet et Schuman ont reçu de l'argent pendant quinze ans pour mener des opérations d'influence au bénéfice non pas du projet européen mais de la vision que les Américains souhaitaient que nous en ayons. Qui parle des opérations d'influence dans la presse ? Personne.

Paradoxalement, vous avez utilisé la méthode qu'on vous a beaucoup opposé ou qu'on a beaucoup opposé à votre famille de pensée, en vous cherchant des poux dans la tête, en disant : regardez, MM. Longuet et Madelin étaient chez Occident, Patrick Buisson était maurassien, Eric Zemmour veut réhabiliter Pétain, etc., et finalement, vous utilisez la même. Comme s'il ne fallait pas prendre les gens à hauteur de leur discours aujourd'hui sans nécessairement considérer que leur passé est la clé explicative de tout.

Philippe de Villiers : Ce que je dis est très simple, c'est que Monnet, Schuman et Hallstein avaient des fragilités que les Américains ont identifiées, détectées, et utilisées pour construire la « non-Europe » qu'ils voulaient, c’est-à-dire un marché annexe avec une Commission exécutive et non pas une Europe libre, indépendante, concurrente.. C'est très grave, je comprends que ce soit perturbant pour ceux qui se réclament d’eux mais c'est vrai.

Avec ce livre, plus polémique, plus engagé que les derniers que vous avez écrits, vous redevenez un homme politique même si ce n'est pas en allant devant les électeurs mais devant les lecteurs : l’écriture et les classements des meilleures ventes que vous squattez aux côtés de votre frère le Général Pierre de Villiers, ont-ils plus d’impact politique que les mandats électoraux ?

Philippe de Villiers : J'ai abandonné mes mandats, j'ai gardé mes convictions. Il m'arrive parfois de descendre sur l'agora pour me mêler à la conversation civique. Avec ce livre, je le fais. J'ai changé de statut : je ne suis pas un donneur de consignes de votes, je ne suis pas un prescripteur qui a ses préconisations dans sa besace. Je suis un lanceur d'alertes ou plutôt un sonneur de tocsin avant que le muezzin n’arrive.

Est-ce plus efficace ?

Philippe de Villiers : C’est aux lecteurs de répondre. Ma circonscription lectorale, j'y tiens beaucoup plus qu'à ma circonscription électorale. On a plus d'influence aujourd'hui quand on est sonneur de tocsin que quémandeur d'un picotin de popularité.

Je suis totalement libre. Mes joies sont ailleurs : dans ma vie, j'ai créé quelque chose qui s'appelle le Puy du Fou, qui suffirait à la vie d'un homme et à ses fiertés rétrospectives. Quand je suis au Puy du Fou, le public me couvre de lauriers. Mais, entre les feuilles, dans le vent du soir, je perçois des rayons douloureux. Et j’en viens à prononcer chaque matin la phrase de Lamartine : "Honte à qui peut chanter pendant que Rome brûle". Mes lauriers se fanent en mon cœur meurtri parce que la France va mal. C'est une manière différente de la servir. Je ne regrette rien, j'ai été gouverneur territorial de la Vendée, j'ai voulu lui rendre sa fierté, je crois que j'ai réussi. J'ai mené des combats : Maastricht, la Constitution de 2005, etc.

Croyez-vous comme Jimmy Goldsmith vous l'avait dit dans un avion en direction du Parlement de Strasbourg après la campagne européenne que vous aviez réussie ensemble, qu’un jour, forcément, vous parviendriez à avoir la peau de cette Europe ayant tourné le dos aux nations ?

Philippe de Villiers : Le mur de Maastricht va tomber car le rêve des élites post-nationales de la fusion des Nations s’est évanoui dans le cœur des peuples parce qu’il était tramé dans un tissu de mensonges : la sécurité, la prospérité, la puissance. Le monde qui vient est celui de la postnationalisation, de la déglobalisation, - le circuit-court-, un monde de réaffiliation avec des frontières conçues comme des filtres pacificateurs.

J'ai tiré sur le fil du mensonge et tout est venu, de Philippe de Villiers (éditions Fayard)

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