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OCDE, Fed et maintenant BCE : pourquoi ce concours de pessimisme ?
©DANIEL ROLAND / AFP

Business blues

Noir, c’est noir. Les prévisions de croissance de l’OCDE du 6 mars sont plus basses en 2019 pour le monde entier, avec une croissance à 3,3% en 2019 et un très léger mieux en 2020, à 3,4%.

UE Bruxelles AFP

Jean-Paul Betbeze

Jean-Paul Betbeze est président de Betbeze Conseil SAS. Il a également  été Chef économiste et directeur des études économiques de Crédit Agricole SA jusqu'en 2012.

Il a notamment publié Crise une chance pour la France ; Crise : par ici la sortie ; 2012 : 100 jours pour défaire ou refaire la France, et en mars 2013 Si ça nous arrivait demain... (Plon). En 2016, il publie La Guerre des Mondialisations, aux éditions Economica et en 2017 "La France, ce malade imaginaire" chez le même éditeur.

Son site internet est le suivant : www.betbezeconseil.com

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Pour 2019, toutes les croissances ont été revues en baisse, avec les États-Unis à 2,6%, le Japon à 0,8%, comme le Royaume-Uni, et l’Allemagne à 0,7%. La France, dans ce contexte, fait preuve d’une certaine résilience à 1,3% en 2019 et 2020. On retrouve, dans ces nouvelles prévisions, le catalogue des difficultés en cours : tensions mondiales et géopolitiques notamment entre États-Unis et Chine d’un côté, États-Unis et Allemagne d’un autre, Brexit et Europe d’un troisième, ceci sans mentionner la montée des autres périls qui secoue le monde (Venezuela, Iran, Irak, Lybie…).

La Fed, la banque centrale américaine, ne cesse son rétropédalage. Oubliées les hausses de taux de 2019 : elles devaient être au nombre de 3, puis 2, puis 1, et on entend même parler d’une politique de maintien d’un important portefeuille de titres publics le 7 mars. Autrement dit, il faut faire attention à ne faire monter ni les taux courts, ni les taux longs. Jamais un tel changement n’aura eu lieu en si peu de temps, deux mois en fait, dans la première banque centrale du monde qui avait fait de la forward guidance, l’annonce à moyen terme de ses choix, sa marque de fabrique !

Vient alors, le 7 mars, où Mario Draghi fait ses trois annonces qui ajoutent de l’inquiétude :

  • taux inchangés jusqu’à fin 2019 et, « en tout cas, aussi longtemps que nécessaire pour assurer la poursuite de la convergence durable de l’inflation vers des niveaux inférieurs à, mais proches de 2 % à moyen terme »,
  • réinvestissement en totalité des titres arrivant à échéance, jusqu’« après la date à laquelle nous commencerons à relever les taux d’intérêt … et, en tout cas, aussi longtemps que nécessaire pour maintenir des conditions de liquidité favorables et un degré élevé de soutien monétaire »,
  • et enfin, « entre septembre 2019 et mars 2021, une nouvelle série d’opérations trimestrielles de refinancement à plus long terme ciblées (targeted longer-termrefinancingoperations, TLTRO-III), chacune d’une échéance de deux ans », à des conditions de taux très bas, pour soutenir le crédit bancaire à taux lui aussi très  bas.

Mais ce sera pire ! Certes, en zone euro, « les perspectives de croissance du PIB en volume ont été révisées à la baisse, sensiblement pour 2019 et légèrement pour 2020 » ce qui explique les mesures annoncées de taux bas pour plus longtemps. Mais, ajoute Mario Draghi, « les risques pesant sur les perspectives de croissance de la zone euro restent orientés à la baisse en raison de la persistance des incertitudes liées aux facteurs géopolitiques, de la menace protectionniste et des vulnérabilités sur les marchés émergents ».Donc les taux courts resteront bas longtemps en zone euro, les taux longs plus encore, et les taux bancaires sous pression jusqu’en mars 2023, fin du dernier TLTRO. Les experts attendent la première hausse des taux de la BCE début 2020 : ils risquent d’être déçus !

Pourquoi cette avalanche de mauvaises nouvelles ? Trois raisons :

  • une excellente : pour faire réfléchir les maîtres du monde, en montrant spécifiquement à Donald Trump et à Xi Jinping les dégâts de leurs politiques et la nécessité de trouver un accord,
  • une bonne :pour faire faire des réformes en zone euro,assouplissement des marchés (notamment du travail), économie de dépenses publiques et achèvement de l’architecture bancaire et financière de la zone. Autrement les baisses de taux aideront… à ne pas changer, ce qui est le contraire de l’objectif poursuivi,
  • une catastrophique :pour que certains opérateurs de marchés financiers américains fassent pression sur la Fed. Craignant une rechute, elle se remettrait à baisser ses taux et à racheter des bons du trésor !

La peur du loup ne rend pas nécessairement plus sage et plus courageux !

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