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Mais pourquoi Emmanuel Macron n’éclaire-t-il pas les Français sur la vérité du coût des Gilets jaunes pour la France ?
©PHILIPPE HUGUEN / AFP

Coût des Gilets jaunes

Depuis la grande récession de 2008 et son impact important, de forts nombreux Français rencontrent des difficultés financières. Certains bouclent leurs fins de mois au prix de numéros dangereux d'équilibristes voire de recours contraint à l'endettement. Pire certains dossiers de surendettement pilotés par la Banque de France sont, soyons clairs, insolubles. Les cas de misère existent et sont une violence subie que l'observateur humaniste ne peut que déplorer.

Jean-Yves Archer

Jean-Yves Archer

Jean-Yves ARCHER est économiste, membre de la SEP (Société d’Économie Politique), profession libérale depuis 34 ans et ancien de l’ENA

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Dans ce contexte économique, le quinquennat navrant de François Hollande ( l'homme qui a fui le suffrage universel et donne maintenant des leçons à la Terre entière ) n'a pas aidé à la résolution du désespoir économique de millions de foyers de France.

Après un choc de confiance qui semblait prometteur, Emmanuel Macron a lassé l'opinion au moins autant par ses phrases blessantes que par sa politique économique. Tout le monde connait la suite. A savoir l'irruption quasi-volcanique des gilets jaunes dans le paysage sociétal national. Sociétal est un terme qui est approprié car il ne s'agit pas d'une simple coagulation sociale que l'on peut résorber avec quelques mesurettes et des mots dignes d'un communiquant tel que Jacques Séguéla version années 1980.

Non, la France est en ce moment dans une trappe à soucis qui a des relents insurrectionnels et chacun sent bien que la pression de la rue ne cessera pas, même à la fin du Grand Débat qui ne peut déboucher que sur un lot sévère de déceptions.

Raymond Barre a écrit un célèbre traité d'économie politique et non de sciences économiques et sociales. Aujourd'hui, l'économie politique conduit à poser une question majeure et simple : quel va être le coût complet de la " séquence " gilets jaunes ?

Face à cette problématique, Il y a des coûts évidents qui viennent de la sphère étatique. Heures supplémentaires des forces de l'ordre, coûts logistiques des déplacements des unités engagées lors des manifestations, coûts des projectiles ( lacrymogènes ou LBD ), réhabilitation de la voie publique détériorée, charges issues du vandalisme envers le mobilier urbain, etc.

Tout cela sera couvert par notre porte-monnaie. Les gilets jaunes sont comme des mantes religieuses qui détruisent la branche sur laquelle ils sont assis. En effet, si peu d'entre eux sont supposés ne pas payer l'impôt sur le revenu ( comme 57% des foyers fiscaux ), beaucoup auront à contribuer au paiement des charges publiques via la CSG et autres impôts locaux. A cet égard, les Parisiennes et les Parisiens verront leur incontournable maire leur donner, l'an prochain, des cours de gestion au regard des nombreuses séquelles des fameux samedis jaunes. Ils seront en première ligne du ticket à payer dans une ville où l'endettement s'est déjà accru de plus de 3 milliards dans la dernière période.

Plus de 80.000 forces de l'ordre étaient réquisitionnées pendant plus de 15 heures. Ce coût additionné aux autres éléments publics ( non exhaustifs ) dépassera le milliard d'Euros. Soit le coût des opérations intervenues dans au moins 10 grandes villes ( notamment Toulouse et Bordeaux ) pendant 12 journées de mobilisation au cours desquelles des éléments autonomes, dits casseurs, ont alourdi la note sous nos yeux ébahis.

Chacun a en mémoire les véhicules incendiés, les vitrines fracassées. Souvenons-nous de l'engin de levage incendié sur les Champs-Élysées pour un coût clairement évalué par sa société propriétaire à plus de 600.000 Euros.

Agences bancaires, commerces de détail, tout ceci représente un coût pour les sinistrés et leurs assureurs de plusieurs centaines de millions d'Euros. Dans sa volonté manifeste de ne pas trop ébruiter le chiffrage, le Gouvernement n'a pas donné le loisir d'une opération sincère de communication. Le chiffrage, c'est-à-dire le coût de la consolidation des dommages existe forcément mais il manque à l'appel. Il reste sous le boisseau et n'éclaire pas les citoyens sur la réalité des méfaits pour l'essentiel impunis.

Pour bien se comprendre, je trouve inouï que l'on ait pu disposer assez vite du coût des cyclones qui ont si durement frappé Saint-Martin avec une présence médiatique de la FFSA ( Fédération française des sociétés d'assurance ) et qu'à l'inverse, nul n'est dit – au niveau de l'État – combien ces délicieux samedis jaunes ont coûté à la Nation.

Avancer un milliard " net net " n'est peut-être pas déraisonnable ce qui fait rentrer ce mouvement dans un tunnel de violences bien loin de la fraternité rencontrée, au début, sur les ronds-points.

Édouard Herriot, le truculent et fin maire de Lyon ( 1945 – 1957 ) a dit un jour : " Il est malin ce Pinay, il s'est même fait une tête d'électeur ". Tout le monde a compris la rosserie du propos à l'égard du père du nouveau franc et du fameux rapport Pinay-Rueff commandé par le Général de Gaulle à l'orée de la Vème République. Ici, il y a des jours où l'on voudrait avoir une tête de contrôleur d'État avec un tableur Excel.

En tant qu'économiste, je ne peux apporter ici un chiffrage bien étayé. En revanche, en tant que citoyen, je rêve que la question soit posée à Emmanuel Macron qui, au milieu de ses shows style Obama, nous doit la réponse.

Monsieur le Président, combien tout cela va nous coûter en sus des 11 milliards du 10 Décembre 2018 ?  Au nom des commerçants qui n'auront pas la trésorerie pour tenir et vont être dans l'obligation de se déclarer en état de cessation des paiements puis de vivre sans aucune indemnité chômage. Au nom des précaires que la crise des gilets jaunes va broyer par non-reconduction de leur intérim ou de leurs CDD, je pense loyal, courtois mais déterminé de demander que le chiffrage soit connu au moyen d'une communication officielle.

Lorsqu'on est contribuable, il me semble que le fait de savoir est un droit élémentaire.

D'ailleurs, l'Article 15 de la Déclaration des Droits humains de 1789 est très clair et ici valablement convoqué : " La Société a le droit de demander compte à tout Agent public de son administration ".

Qui peut nier que le Chef de l'État soit, sans conteste, le premier des agents publics ? Qui peut nier sa responsabilité dans cette chienlit déjà trimestrielle ?

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