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Pourquoi la principale tâche du politique sera désormais de réguler l’Homo Deus
©Flickr/IsaacMao

Bonnes feuilles

Dans "L'IA va-t-elle aussi tuer la démocratie ?" publié aux éditions JC Lattes, Laurent Alexandre et Jean-François Copé se demandent si l'IA ne va dynamiter la politique. 2/2

Jean-François Copé

Jean-François Copé

Jean-François Copé est député de Seine-et-Marne et Maire de Meaux. 

Il est candidat à la primaire présidentielle des Républicains de 2016.

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Laurent Alexandre

Laurent Alexandre

Chirurgien de formation, également diplômé de Science Po, d'Hec et de l'Ena, Laurent Alexandre a fondé dans les années 1990 le site d’information Doctissimo. Il le revend en 2008 et développe DNA Vision, entreprise spécialisée dans le séquençage ADN. Auteur de La mort de la mort paru en 2011, Laurent Alexandre est un expert des bouleversements que va connaître l'humanité grâce aux progrès de la biotechnologie. 

Vous pouvez suivre Laurent Alexandre sur son compe Twitter : @dr_l_alexandre

 
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Nous allons être saturés, parfois écœurés de techno- logie, mais il serait faux de penser que le futur sera technologique. il sera politique. Le patron de google explique fort bien que nous avons été naïfs d’imaginer que la technologie réglerait les problèmes de l’humanité. La régulation de notre pouvoir technologique sera un exercice extrêmement complexe qui mobilisera de plus en plus d’êtres humains. La politique demain réunira les technocrates, les régulateurs et gestionnaires de la com-plexité et les savants. Ils devront s’unir pour donner une chance aux démocraties libérales de ne pas être englouties avec le vieux monde.

La première urgence pour le politique est de comprendre la profonde crise dans laquelle le système représentatif est entré. Nous n’avons pas les outils pour réguler des pouvoirs démiurgiques arrivés trop vite. Le décalage de rythme entre l’explosion technologique et la capacité d’évolu- tion des institutions est un problème central de ce siècle. Pour le dire autrement : les politiques sont condamnés à être dans un continuel retard, donc en dissonance, avec les technologies. c’est la capacité même du politique à « piloter » la société qui est remise en cause. on ne conduit pas un paquebot en fond de cale.

Le monde des trente glorieuses était relativement stable et simple. Les grandes règles qui présidaient aux équilibres géostratégiques étaient connues. Les techno- logies progressaient relativement lentement, et aucune, depuis la bombe atomique, ne venait remettre en cause profondément les règles du jeu. Nous sommes entrés dans une nouvelle ère. dans le monde instable des nBic, bouger un détail peut avoir des conséquences majeures. modifier l’encadrement de l’ia, la régulation des manipulations technologiques ou la surveillance des prothèses intracérébrales pourra changer notre modèle civilisationnel et avoir des réper- cussions incalculables. Une loi adoptée aujourd’hui dans le désordre des dis- cussions parlementaires et des petits arrangements poli- ticiens peut avoir des répercussions immenses sur le long terme. C’est l’effet papillon au carré, provoqué par la vitesse de diffusion des technologies et les effets de cliquet qu’elles provoquent.

Les choix actuels nous engagent pour longtemps, et pourtant ils sont souvent faits dans une incompréhension profonde des enjeux, et en fonction de préoccupations de très court terme. Le défaut classique de la politique – l’in- capacité à se projeter dans le temps long – est accentué. Dans le monde mikado dans lequel nous vivons, les problèmes sont interconnectés. Pour des politiques habi- tués à traiter les sujets en silo et de façon séquentielle, cela crée une bourrasque aveuglante où ils sont perdus. Occupés à éviter l’explosion sociale qui menace en permanence, nos élus ne voient pas qu’ils ont perdu en réalité les leviers du pouvoir. Absorbés dans le traitement des problèmes du passé et la communication au jour le jour, ils n’abordent pas le sujet le plus important du xxie siècle : notre cerveau. L’intelligence artificielle, c’est avant tout un problème de cerveau. Que fait-on de notre cerveau quand l’intelligence devient quasi gratuite ? comment évite-t-on un monde ultra-inégalitaire ? Dans un monde ultra-complexe, il sera difficile d’être un citoyen sans une compréhension du monde et donc sans de bonnes capacités cognitives.

L’ia est au cœur du drame planétaire qui se noue : le recul du pouvoir politique et l’ampleur du retard humain face à la machine sont proportionnels à la concentration de la puissance économique chez les géants du numé- rique. Nous rentrons dans un monde où il y aura de moins en moins de différences entre l’humain et la machine, l’online et l’offline, le virtuel et le physique. échapper à la technologie deviendra aussi difficile que d’échapper à la gravitation terrestre. nous rentrons dans l’univers de la gouvernementalité algorithmique. un mode de gou- vernement inédit.

Extrait de ​"L'IA va-t-elle aussi tuer la démocratie ?", aux éditions JC Lattes, Laurent Alexandre et Jean-François Copé 

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