2019 ou l’année où les insatisfactions radicales pourraient bien faire dérailler le système politique français<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
2019 ou l’année où les insatisfactions radicales pourraient bien faire dérailler le système politique français
©CHARLY TRIBALLEAU / AFP

Meilleurs voeux...

L'année 2019 ne va pas manquer de phénomènes et de mouvements à analyser au point de vue politique et social.

Sylvain Boulouque

Sylvain Boulouque

Sylvain Boulouque est historien, spécialiste du communisme, de l'anarchisme, du syndicalisme et de l'extrême gauche. Il est l'auteur de Mensonges en gilet jaune : Quand les réseaux sociaux et les bobards d'État font l'histoire (Serge Safran éditeur) ou bien encore de La gauche radicale : liens, lieux et luttes (2012-2017), à la Fondapol (Fondation pour l'innovation politique). 

Voir la bio »

D'abord évidemment le phénomène des Gilets jaunes. On peut imaginer plusieurs scénarios concernant la suite du mouvement. Premier scénario, un déclin du mouvement et une disparition de ce dernier. Deuxièmement un redémarrage du mouvement qui se radicalise au fur et à mesure. En troisième lieu, une transformation de ce dernier si une grande partie des Gilets jaunes se mettent à participer aux négociations. Dernière issue, qui n'est pas impossible mais qui me semble incertaine, c'est la mise en place d'une ou de plusieurs listes Gilets jaunes aux élections européennes. Mais considérant la diversité des revendications du mouvement cela me semble difficilement envisageable.

Autre point qui sera particulièrement à surveiller en 2019 : la montée des extrêmes

Une tendance lourde semble se dégager en France et fera parler d'elle en 2019 : la montée des extrêmes, qu'ils soient de gauche ou de droite. En parallèle à cette montée il faut noter la progression des discours conspirationnistes qui sont repris par les extrêmes mais qui possèdent tout de même leur propre dynamique et qui s'alimentent au gré de l'actualité depuis déjà bien longtemps. Le phénomène conspirationniste est apparu au grand jour après le 11 septembre 2001. Relayé par plusieurs personnalités du monde médiatique. Depuis quelques années et surtout depuis l’arrivée des Gilets jaunes, il y a aussi un retour en force des "dieudonnistes" et "soraliens" qui se promènent dans chacune des manifestations parisiennes sans que personne chez les Gilets jaunes n’y trouve rien à redire. Il suffit de se rappeler des images au Sacré-Cœur. Ces milieux retrouvent un autre courant, les proches d'Etienne Chouard. Il y a une porosité entre ces différents milieux alimentés en outre par les chaînes d’informations parallèles comme RT, Spoutnik, Le Media ou les chaines de la « fachosphère ». Chouard vient par exemple de déclarer dans un tweet, ce dernier écrit même : "Rendons-nous à l'évidence : en 2019, heureusement qu'il y a des médias russes pour sauver la liberté d'expression en France… Merci Sputnik, merci RT France". Dieudonné, Soral et Chouard viennent de la gauche et ont migré vers la droite radicale en emmenant des thématiques de gauche. Les idées de Chouard autour du RIC se diffusent dans cette sphère et chez les Gilets jaunes. Le RIC apparaît comme étant la première revendication d'un certain nombre de manifestants ?. Alors que d’autres gilets jaunes souhaitaient que l’on se penche d’abord sur le bulletin de paie et le problème du taux d’imposition en France. Pour les autres c'est le bulletin de paie et le fait de payer trop d'impôts. La revendication du RIC montre l'extrémisation d'une partie des Gilets jaunes, la manifestation du 29 décembre devant les médias, "journalistes collabos", "merci RT", traduisait cette extrémisation d'une frange. La manifestation d’hier est une preuve de plus. 


Enfin, les élections européennes

Traditionnellement les élections européennes servent de défouloir politique. Les gens votent ce qu'ils veulent car il y a la proportionnelle, il risque d'y avoir encore plus de gens qui votent en faveur des extrêmes, et il y a un risque d'émiettement du nombre de listes. Évidemment cela va dépendre du taux de participation, traditionnellement assez faible aux européennes. S'il est faible on peut avoir une mobilisation des gens qui votent plutôt modéré. La France Insoumise court derrière le Front National qui court à côté des gilets jaunes, mais dans les urnes si on en croit les sondages actuels ça risque plutôt de se traduire par une montée du vote d'extrême droite. Si la crise des Gilets jaunes est propre à la France qui traverse une crise sociale, la montée de l'extrême droite est présente dans toutes les démocraties libérales, des Etats-Unis à l'Europe.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !