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Violences faites aux femmes : ces pays qui ont réussi à obtenir de vrais résultats
©Xavier Agon / AFP

Amélioration

Ce dimanche 25 novembre marque la journée internationale de l'élimination de la violence à l'égard des femmes. Un an après le début du mouvement #MeToo, la prise de conscience est grande ; mais le chemin qui reste à parcourir l'est tout autant.

Maryse Jaspard

Maryse Jaspard

Sociologue et démographe féministe

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Atlantico : Ce dimanche 25 novembre marque la journée internationale de l'élimination de la violence à l'égard des femmes. Comment expliquer le retard en France sur le sujet des violences faites aux femmes ? Comment les pays nordiques et le Canada gèrent ce problème de société ?

Maryse Jaspard : Il est évident qu'il y a des pays qui abordent la question des violences contre les femmes de manière différente. En France, la prise en compte des violences faites aux femmes est relativement récente. Cela remonte à 20, 25 ans. La France avait donc un certain retard par rapport à ces pays. Sur la question des rapports hommes-femme, de la contraception, de l'IVG, il y a toujours eu un décalage entre les pays nordiques, anglo-saxons et la France.

Les pays que vous évoquez ont été le fer de lance de la prise en compte des violences faites aux femmes. Cela est passé par une prise de conscience et d'un accent mis sur les politiques d'éducation pour promouvoir l'égalité femmes-hommes. C'est par là que cela a commencé.

Au Canada, dès la maternelle dans les programmes scolaires, l'égalité entre les filles et les garçons est abordée. En parler si tôt permet de commencer à éliminer la cause des violences contre les femmes. Depuis les violences contre les femmes ont considérablement diminué.

Dans les pays nordiques, même si les taux de violence sont encore très élevés, les politiques sur l'égalisation sont très drastiques notamment dans le domaine de la politique. Cela s'explique par le fait que le niveau de la tolérance est très bas dans ces pays : ce qui est considéré comme une violence faite aux femmes dans un pays nordique ne sera pas considéré comme tel en France par exemple. Dans ces pays, la répression est également très forte. Mais elle s'accompagne toujours de vraies politiques de prévention.

N'y a-t-il pas un problème en France de « globalisation » de ces violences ? N'a-t-on pas tendance, aussi bien dans la sphère politique que militante à faire trop de généralités pour décrire ou condamner des situations souvent bien plus complexes qu'elles ne le sont en apparence ?

Oui. Je ne pense pas qu'il faille une loi spécifique pour la criminalité envers les femmes. Les situations sont complexes et s'apprécient au cas par cas. Il ne faut pas tout mettre sous la même bannière des « violences faites aux femmes ». J'écoutais ce matin une interview de Caroline de Haas qui avait tendance à tout regrouper sous ce terme comme les inégalités de salaire.

Si l'on appelle tout "violence", nous affaiblissons nos propres capacités à répondre à ces phénomènes car nous les simplifions. Les Canadiens ont des typologies très affinées pour distinguer les types de violence ou les actes sexistes.

En France nous avions une approche des violences qui était très pointue. Nous avions justement mis au point une classification très précise pour casser l'image de la « femme battue ». Aujourd'hui il y a une utilisation de ce concept par les politiques qui s'engagent tous à lutter contre ce fléau. Depuis 20 ans, il y a des plans mis en place mais avec une vraie instrumentalisation de ce sujet. Il faut faire de l'éducation et ne pas se contenter d'être dans le législatif et la répression.

La vague du phénomène #MeToo qui agglomérait tant de cas différents n'est-elle pas également la continuité de ce phénomène de globalisation des violences faites aux femmes ?

Il y a malheureusement un peu de ça. Ce mouvement a toutefois permis de mettre la lumière sur ces violences et, en cela, il est utile mais il y a eu comme vous le dites une agglomération de cas divers que l'on a tous regroupé sous la même bannière, On y a mis tout et n'importe quoi et cela décrédibilise le mouvement. On ne peut pas se permettre d'être manichéen sur les questions des violences sexuelles.

Il est également étonnant de noter qu'au pénal, il y a beaucoup moins de condamnations malgré la hausse des dénonciations. Cela ne veut pas pour autant dire que nous sommes en train d'échouer. Globalement la violence contre les femmes diminue. Même si l'on prend juste les décès (ce qu'il ne faut pas faire), on voit que ce chiffre est en baisse même si le chemin à parcourir est encore long. Le seuil de tolérance a énormément évolué. Ce que l'on tolérait avant n'est plus toléré aujourd'hui.  

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