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Pourquoi l'atterrissage en douceur de l'économie mondiale pourrait bien connaître plus de turbulences que prévu
©Brendan Smialowski / AFP

Compliqué

La conjoncture est en train de se retourner, à commencer par les Etats-Unis où les mesures de relance prises par Donald Trump dans un pays en surchauffe arrivent déjà à leur terme...

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Les marchés boursiers ont donné l’alerte, confirmée depuis lors par les analyses et les prévisions des économistes. La conjoncture est en train de se retourner, à commencer par les Etats-Unis où les mesures de relance prises par Donald Trump dans un pays en surchauffe arrivent déjà à leur terme, annonçant la fin du cycle de croissance le plus long du pays. L’influence de la première puissance mondiale se transmet au reste de la planète. Partout les signes d’un ralentissement se multiplient. Depuis le mois d’octobre les prix du pétrole se sont repliés d’au moins vingt pour cent, signe d’un affaiblissement de la demande. Les pays émergents connaissent des retraits de capitaux significatifs. Et les décisions d’investissement sont reportées un peu partout : les chefs d’entreprise replient la voilure par prudence en raison des tensions commerciales croissantes entre les grandes puissances.

L’Ocde vient de revoir ses prévisions qui s’harmonisent avec la décélération amorcée. Globalement, le rythme de progression de l’économie mondiale reviendrait de 3,7 à 3,5%, mais pour les seuls pays les plus riches, il tomberait de 2,4% présentement à 2% seulement en 2020. L’Europe serait la plus affectée, avec 1,4% seulement pour l’Allemagne dans deux ans et 1,5% pour la France. Encore l’organisation internationale évoque-t-elle ces chiffres médiocres avec prudence, car les tensions géopolitiques présentes pourraient avoir des effets plus pernicieux en raison de la montée des pressions nationalistes qui perturbent le mouvement des échanges. Leur maintien ferait tomber la croissance mondiale au-dessous de trois pour cent, les esprits les plus pessimistes considérant que le freinage de la conjoncture serait susceptible de déboucher à terme sur une véritable récession avec un cloisonnement des pays.

La nouvelle pente de la conjoncture signifierait aussi une moindre rentrée des impôts alors que peu de choses ont été faites notamment en France pour réduire les dépenses publiques alors que les charges ont toujours tendance à augmenter. Une telle évolution compliquerait singulièrement la situation des finances de l’Etat, car les besoins de financement demeurent élevés, en particulier pour la France, où ils vont s’accroître en 2019 de trente milliards d’euros selon la banque Natixis, ce qui va continuer de faire de notre pays le deuxième plus gros emprunteur européen sur les marchés avec un montant de 225 milliards, dont le montant réel pourrait même être plus élevé, surtout si les conflits sociaux internes conduisaient le gouvernement à lâcher du lest et à recourir à des expédients d’emprunts à court terme pour éviter une aggravation apparente des déficits. Notons à cet égard qu’un seul pays de la communauté européenne connait une situation plus critique, l’Italie, qui prévoit déjà de lever 240 milliards l’an prochain pour financer sa dette alors que la coalition au pouvoir est déjà au bord de la rupture.

Dans ce contexte tendu, la banque centrale européenne risque d’être sollicitée une fois de plus. Officiellement elle devrait commencer à réduire son soutien à partir de la fin décembre, ce qui se traduirait logiquement par une hausse des taux d’intérêt, bien qu’elle ait prévu de maintenir le statu quo jusqu’à la fin 2019. Pour les deux maillons faibles de l’Europe, la France et l’Italie, une période cruciale s’ouvre désormais, qui nécessiterait une mobilisation générale, aux antipodes du spectacle offert par les jacqueries qui se développent aujourd’hui.

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