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Écologie : moins d’idéologie et de bons sentiments, plus de science et de réalisme, la recette pour espérer convaincre des Français en pleine révolte ?
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Je t’aime moi non plus

Alors que le mouvement des gilets jaunes montre que les Français « n’achètent » pas l’argument de la transition écologique, Nicolas Hulot, le ministre démissionnaire de l’environnement fait son grand retour à la télévision dans l’Emission politique sur France 2. Saura-t-il éviter le piège de ne s’adresser qu’à des convaincus ?

Marcel Kuntz

Marcel Kuntz

Marcel Kuntz est biologiste, directeur de recherche au CNRS dans le laboratoire de Physiologie Cellulaire Végétale. Il est Médaille d'Or 2017 de l'Académie d'Agriculture de France

Il est également enseignant à l’Université Joseph Fourier, Grenoble.

Il tient quotidiennement le blog OGM : environnement, santé et politique et il est l'auteur de Les OGM, l'environnement et la santé (Ellipses Marketing, 2006). Il a publié en février 2014 OGM, la question politique (PUG).

Marcel Kuntz n'a pas de revenu lié à la commercialisation d'un quelconque produit. Il parle en son nom, ses propos n'engageant pas son employeur.

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Yves Roucaute

Yves Roucaute

Yves Roucaute est philosophe, épistémologue et logicien. Professeur des universités, agrégé de philosophie et de sciences politiques, docteur d’État en science politique, docteur en philosophie (épistémologie), conférencier pour de grands groupes sur les nouvelles technologies et les relations internationales, il a été conseiller dans 4 cabinets ministériels, Président du conseil scientifique l’Institut National des Hautes Etudes et de Sécurité, Directeur national de France Télévision et journaliste. 

Il combat pour les droits de l’Homme. Emprisonné à Cuba pour son soutien aux opposants, engagé auprès du Commandant Massoud, seul intellectuel au monde invité avec Alain Madelin à Kaboul par l’Alliance du Nord pour fêter la victoire contre les Talibans, condamné par le Vietnam pour sa défense des bonzes.

Auteur de nombreux ouvrages dont « Le Bel Avenir de l’Humanité » (Calmann-Lévy),  « Éloge du monde de vie à la française » (Contemporary Bookstore), « La Puissance de la Liberté« (PUF),  « La Puissance d’Humanité » (de Guilbert), « La République contre la démocratie » (Plon), les Démagogues (Plon).

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Atlantico: Selon-vous, qu'est ce qui relève dans l'écologie actuelle d'une forme de croyance ou de foi et qu’est ce qui relève de la rationalité scientifique (que ce soit sur le dérèglement climatique ou la pollution) ?

Marcel Kuntz: Le mouvement pour l’environnement, si on se limite à son histoire contemporaine, a eu le mérite d’alerter sur nos méthodes productivistes - qui ont eu leur logique après la Seconde Guerre Mondiale, mais qui ne considéraient pas l’impact négatif sur le monde qui nous entoure. On pourrait dire que cette « écologie » là était facteur de progrès. Ce n’est plus le cas.

Aujourd’hui, l’écologie politique est composée de partis politiques -qui sont dans une stratégie électorale - et surtout de nombreuses organisations franchisées qui déclinent la même idéologie, et usent d’une tactique d’influence permanente (associations anti-pesticides, anti-nucléaire, anti-OGM, anti-ondes électromagnétiques, anti-vaccins, etc.) extrêmement habile à incarner une bonne cause. Du moins en apparence. En tant que scientifique, je suis bien placé pour connaitre leur dogmatisme. L’écologie politique met en avant la science quand elle semble aller dans leur sens (rôle des activités humaines dans le changement du climat), mais lorsque ce n’est pas le cas les écologistes la combattent férocement (c’est-à-dire dans presque tous les autres cas !).

Yves Roucaute: Avant d’évoquer ces questions, je tiens à préciser que suis tout à fait favorable à toutes les mesures qui permettent de lutter contre la pollution et tout ce qui est néfaste à l’espèce humaine. Et je trouve tout à fait remarquable que l’on est ce souci de construire l’environnement le plus favorable possible pour les individus. A l’inverse, je suis toujours dubitatif sur cette façon qu’ont certains d’enfourcher des idéologies au nom de l’écologie. Toute idéologie se caractérise par un système fermé, infalsifiable, prétendant présenter une vision totale et vraie du réel. Et ce que l’on appelle les idéologues sont en réalité, comme malheureusement nombre de nos écologistes, une résurgence de ces Maîtres de Vérité qui hantaient les civilisations depuis le néolithique.  On le voit encore actuellement sur la taxation des carburants au nom de l’écologie, il n’est pas anodin que les idéologues exigent une écologie punitive quand il s’agit de défendre leurs idées.

Songez qu’aux Etats-Unis, pour lutter contre le diesel, le gouvernement a fait exactement l’inverse de ce qui est prôné en France : il a diminué de moitié la taxation des carburants à base de gaz naturel, devenu moins cher que le diesel, il a baissé la fiscalité sur l’achat de poids lourds et les navires qui les utilisent, ce qui les rend plus attractifs ce qui produit 27% de moins de dioxyde de carbone et bien d’autres mesures.
Il est vrai que, dès sa naissance, l’écologie a tendance à être une idéologie et donc à montrer du doigt ceux qui n’entrent pas dans son cadre. Le mot « écologie » veut dire science (logos) de la maison (oikos) et les archaïques croient cette planète notre maison naturelle, une maison qui préserverait notre vie et qu’il faudrait idolâtrer. Ils sont les héritiers de cet imaginaire que l’on retrouve dans nombre de civilisations du néolithique et des ges du cuivre et du bronze où les humains sont persuadés de n’être que des ombres et de tout devoir à une déesse Terre. Ils se croient savants même en appelant la terre Gaïa parfois, du nom de cette Déesse-Mère primitive vénérée par les Grecs de la Grèce archaïque. Nicolas Hulot reprend cet archaïsme jusque dans le titre sa Fondation qui s’appelle « Fondation Nicolas-Hulot pour la nature et l’homme ».  La nature en premier et l’homme ensuite, comme inextricablement associé.  Et, au dessus d’eux, de façon symptomatique dans le titre de cette fondation, « Nicolas Hulot », qui joue ainsi le prêtre-toi des  ges des Métaux. C’est finalement drôle.

La vérité c’est que cette Terre est un environnement au sein duquel l’humanité n’aurait tout pu survivre si elle ne l’avait pas affronté. Si la terre était une mère, ce serait une sacrée marâtre. A la différence de Nicolas Hulot, le genre Homo dont nous sommes issus a ressenti cette vérité depuis au moins 2,7 millions d’années puisque les premiers outils que nous avons retrouvés sur le site d’Hadar en Ethiopie ou dans les gorges de l’Odulval en Tanzanie, comme je le rappelle dans mon livre, datent de cette époque. Il faut avoir l’idéologie chevillée au corps pour ne pas voir que l’humain a dû sa survie à la domination de la nature. Piller pour survivre (rires).  Certes, l’humain ne s’attribuait pas cette transformation de la nature qui s’est accélérée à partir des sédentarisations du néolithique. Pour aller vite, il se croyait une ombre dont la vie était manœuvrée par des puissances souterraines. Comme à Sumer, il se pensait même condamner au travail de transformation et au sacrifice pour servir les dieux.

Dans la mesure où l’humain est le seul animal qui transforme le monde en transformant le donné terrestre, en créant des civilisations, en se transformant lui-même, et je l’appelle pour cela Homo creator, quand nous sommes débarrassés de cette pensée archaïque idolâtre, il est donc vrai de dire que la nature humaine est de dominer et transformer la nature-terre. Donc je suis prêt à adhérer à une fondation pour préserver la nature humaine, mais cela ne me conduit pas à vénérer la terre. Au contraire : « la terre d’accord mais l’humanité d’abord ».
Encore une fois, que l’on ne s’y méprenne pas, je suis pour la même raison tout à fait favorable à préserver ce qui aide la puissance humaine et à soutenir les initiatives qui annihilent ce qui la freine. 
Nos écologistes sont comme les marxistes d’antan qui dénonçaient la misère ouvrière née de la révolution industrielle, une réalité, et qui disaient à ceux qui refusaient leurs solutions, « alors vous niez la misère ouvrière ».  Indéniablement, il existe des facteurs de pollution mais les solutions des écolo-archaïques ne sont pas les bonnes. Ce n’est pas dans le culte de la terre ni dans l’arrêt de l’invention scientifique que se trouve la solution mais dans la libération des énergies créatrices, dans la façon toute humaine de soumettre l’environnement naturel à sa puissance.

Par exemple, la solution à la voiture qui pollue ce n’est pas l’arrêt des voitures ni le voiturage collectif dont nos archaïques sont friands, cela les wagons à bestiaux et les charrettes le faisaient en effet. Ce n’est pas de punir ceux qui ont acheté des véhicules avec des moteurs à gasoil pour aller travailler ou se promener, alors même qu’on les y incitait naguère. Mais de les inciter à changer de véhicule et de les aider. 
Et dans le même temps, il faut savoir que la solution arrive par les sciences et les technologies. C’est la voiture autonome, de niveau 4, sans chauffeur, où l’individu libre donnera ses ordres de navigation. Il ne s’agira bientôt plus seulement d’un système capable de manœuvrer sans intervention humaine mais, d’un véhicule qui décide seul de la conduite et de l’itinéraire. Les soucis de l’état des pneus ? De l’entretien des routes ? Du verglas ou de l’aquaplaning ? Il n’y en aura plus. Les véhicules communiqueront entre eux par association du « big data », des logiciels, des réseaux, des matériels, et de l’intelligence numérique qui permet de traiter images et données. A la façon des Cybcab finlandais qui voient en trois dimensions, choisissent leur itinéraire, modulent leur vitesse, évitent les passants, transmettent leurs informations aux autres Cybcabs. Et qui apprendront, à partir de leur « expérience », à améliorer leur propre programmation. Les routes elles-mêmes deviendront virtuelles avec les véhicules à sustentation magnétique sans roues et non polluants qui survoleront le sol à la façon du Hover car inventé en Chine. Fini ce temps où gambader sur le goudron permettait de briser le dos de quelques cerfs sinon de l’humain qui traversait inconsciemment hors des clous.

Sans doute dans ce fatras idéologique qui nous est servi comme du bon pain, est-il aussi indispensable de couper court à cette niaiserie de l’épuisement des énergies. Je démontre dans mon livre que l’épuisement des ressources de la planète est un mythe d’archaïque : l’énergie des atomes est inépuisable. La biologie synthétique avec ses bioréacteurs cellulaires artificiels est même prête à fabriquer des hydrocarbures, tel le méthane. Les déchets actuels ? Des réservoirs d’énergies utilisables. Les déchets futurs ? L’assemblage des atomes, fabriqué localement, alimenté par les cellules ou les énergies solaires, n’en crée guère.  Moins que les éoliennes.
L’ignorance des idéologues explique seule le pessimisme sur lequel ils vivent. Une révolution sans précédent a eu lieu. Celle qui a permis de découvrir que l’énergie est inépuisable au même titre que la créativité humaine.
Depuis le paléolithique archaïque jusqu’aux Temps modernes, les humains ont en effet cru que pour créer, pour former des objets, il fallait partir de ce qui est, ce que Nicolas Hulot appelle « nature ». Ainsi prenaient-ils un galet de silex et ses milliards d’atomes, ils le percutaient sur une pierre pour fabriquer un outil tranchant, un choper qui sera conservé. Ce que la plus douée des fourmis ne saura jamais faire au demeurant. Ils ont ainsi mis des formes dans le réel en frappant, martelant, chauffant, pour obtenir racloirs, burins, armes et des centaines d’autres instruments. 

Mais ils ne savaient pas qu’ils pouvaient produire ce galet lui-même. Et moins encore qu’ils pouvaient décortiquer les molécules des galets pour en fabriquer d’autres, plus performants, et, plus encore, sorte de miracle humain, à partir de ces molécules,  créer des objets qui n’ont rien à voir avec ce galet, et même des végétaux et des animaux. Comme Nicolas Hulot, ils pensaient leur environnement et eux-mêmes, habité et organisé par des forces souterraines venue du vrai monde, situé sous terre ou dans le Ciel selon les spiritualités. Allez donc décortiquer l’habitat d’une Déesse-Mère Gaïa ou détricoter Dame nature pur la piller ? Comment auraient-ils pu se dire : « tiens, amusons-nous avec ces molécules infiniment petites arrachées du galet de silex, je vais essayer de fabriquer du chien, de l’humain voire un vaisseau pas même fantôme pour permettre à Nicolas Hulot d’aller s’amuser sous les tropiques» ? Pour nos modernes archaïques, aujourd’hui encore, croyant en une nature à idolâtrer, de tels chemins de traverse paraissent dignes de la série Harry Potter.

Pour arriver à ce point, il fallait pouvoir sortir de la vision magico-religieuse née du néolithique qui, d’ailleurs, avait été à l’origine de l’opposition entre matérialistes et idéalistes. Il fallait en quelque sorte porter des lunettes pour décortiquer  l’infiniment petit. 

Passons sur de millénaires durant lesquels les humains ont tenté de mieux percevoir  à l’œil nu. Avec le microscope, ils ont un jour inspecté du côté du sable, donc du verre et du silicium et avec le microscope électronique, ils ont découvert cellules et molécules. Ce furent les temps modernes, celui de la sidérurgie et de l’industrie pharmaceutique, de l’automobile et de l’aviation. Déterminé à décortiquer, notre Homo creator, lui, ne s’en est pas tenu là. Il a commencé la révolution des Temps contemporains en inventant un microscope dit « à tunnel » et il découvert un monde merveilleux, où tout se mesure au milliardième de mètre (1 × 10−9 m), où les atomes sont comme des pelures d’oignon composées de nuages électroniques avec des niveaux d’énergie déterminés. Il invente une mesure, le « nanomètre », de « nanos » (νανός) qui signifie « très petit ». ce sera à l’origine des nanotechnologies. Il aurait pu s’arrêter mais il se met à étudier ces objets qui paraissent se moquer des lois de la physique moderne. Il entre dans le noyau de ces atomes et voit nucléons, avec neutrons et protons. Alors, il invente le mot « fentomètre » (1 × 10−15 m) pour les mesurer. Curiosité un jour, curiosité toujours : il descend encore plus bas, plus loin, il découvre des quarks, et eux-mêmes composés de pré-quarks… alors, il invente le mot « yoctomètre » (1 × 10−24m) pour mesurer ce monde là. Et soudain, avec Max Planck, inventeur de la théorie des quantas, il se met à rire des chiffonniers matérialistes et idéalistes, des modernes et de leurs croyances ancestrales, des archéo-écologistes et des don quichotte à la triste figure. Autour de lui, en lui, il voit un monde fabuleux, plus encore que celui d’Alice au pays des merveilles, qui range Jules Verne auprès des films muets de Buster Keaton. Des champs d’énergie immenses, qui courent dans l’infiniment petit, dans son corps, dans l’infiniment grand aussi. Ainsi a débuté la folle aventure des nanotechnologies. Détricoter devenait possible, tricoter ensuite.  Mieux que la nature : changer les formes, ajouter dans l’Être des formes qui n’y étaient pas, construire de nouveaux espaces, de nouvelles espèces, une nouvelle nature humaine. En assemblant les atomes un à un pour créer de la matière (le « bottom-Up »), la voie était ouverte pour construire en quantité indéfinie, à la demande, sans peine due au travail. Donnant ainsi à la nature humaine la plénitude de son sens : la créativité. Sans risque de pénurie pour ceux qui craindraient d’être les oubliés de la croissance par l’abolition du travail. 

Il ne s’agit pas d’ « imiter » la prétendue « nature », contrairement à ce qui s’écrit parfois. Mais de la surpasser sans passer par ses règles. La feuille de lotus sortie de l’eau sort-elle sèche ? Son étude montre à sa surface une nanostruture sur laquelle glissent les gouttes. Les chercheurs s’en inspirent pour construire des verres hydrophobes pour les véhicules et les lunettes. Le physicien spécialiste de l’électrodynamique quantique, Richard Feynman (1918-1988) avait déjà prévu les effets fabuleux de la biologie synthétique ainsi conçue. Depuis, il a été possible de construire des centaines d’objets : ordinateurs quantiques, moteur biométrique, microfibres, micoplastiques, nanofils, nano-plots, nano-tubes de carbone aux propriétés de solidité et de conductivité sans pareil, qui s’auto-assemblent dans un nano-transistor.  

Rien qui puisse être produit par la fameuse « nature » de Nicolas Hulot. Arrivera-t-on à fabriquer maison, béton, films antibactériens, valves, pompes cardiaques, tables, fusées et nourriture? La société Gingko Biowork, créée par Jason Kelly, peut déjà produire végétaux, mobiles téléphoniques ou parfum de rose indifféremment.
Plus encore, la nourriture même sera produite en laboratoire, à l’identique, végétaux et animaux à la façon du Frankenburger, premier steak synthétique, qui ne coûte déjà presque plus rien à produire, annonce de la fin définitive des famines et de la souffrance animale. 

Et le réchauffement me dit-on ? Je ne nie pas le fait.  Mais il ne faut pas en profiter pour jouer les Maîtres de Vérité pères fouettards à la Hulot, donneurs de leçons. Comprenons que la terre se moque de l’humain comme d’une guigne. Bien plus inquiétante est la prochaine glaciation. La dernière a duré environ 100 000 ans, terminée depuis 12 000 ans : baisse des mers de 120 mètres, tempêtes de sable en Asie, glace de 1500 mètres d’épaisseur de New-York à l’Europe centrale. Nous vivons actuellement une période interglaciaire, dite « holocène ». La prochaine glaciation ? Dans 20 000 ans ? 10 000 ? Stephen Hawking évoque 1000 ans. 

Peut-être une « mini période » en 2030, selon la Royal Astronomical Society. Nous en avons connu une qui n’était pas très grave, appelée « le Petit âge glaciaire » au début du XIVème siècle. Le réchauffement qui l’avait précédé était nettement plus fort qu’aujourd’hui. Au point pour les Vikings d’y pratiquer de l’élevage et de l’appeler  « Groenland », c’est-à-dire « terre verte ».  Avec cette mini glaciation, les glaces ont recouvert les terres, et les humains y étaient, cette fois encore, pour rien mais seulement le cycle de l’orbite terrestre et l’activité solaire. D’après les projections, la prochaine mini glaciation pourrait geler complètement le Rhin, la Seine et bien d‘autres fleuves au nord de la fameuse Gaïa.
En tout état de cause, la grande glaciation arrivera, cela seul est certain. L’activité des humains n’y est pour rien, seulement la position de la terre et le jeu du soleil. Pour l’avenir, il ne faut pas freiner les sciences mais, au contraire, libérer toutes les énergies humaines pour affronter cette terre qu’il faudra un jour quitter. Car quand bien même nous survivrions par des migrations massives dans le sud, qui pariera sur l’impossibilité d’être heurté par une comète ou un des 5000 astéroïdes proches ? La terre traverse actuellement le plan de la voie lactée, multipliant par dix les risques de collision. En tout état de cause, le soleil un jour engloutira toute vie sur terre. Cela est absolument certain.

Je laisse aux héritiers de l’esprit néolithique le culte idolâtre de la planète. Au lieu des mottes de terre et d’une prétendue Terre-Mère, je préfère dans mon livre célèbre l’humanité et son droit de la piller. « La terre est le berceau de l’humanité, mais on ne passe pas sa vie entière dans un berceau » disait Constantin Tsiolkovski. 

Au-delà du fait qu'elle soit un marqueur social, la question du diesel est devenue emblématique de la lutte contre le réchauffement climatique et contre l’émission de CO2. Mais pendant ce temps, la Chine pollue incomparablement plus, si bien si toutes les voitures s’arrêter de circuler en France, le sort de la planète pourrait bien rester inchangé. Ne mélange-t-on pas tout ? N'y-a-t-il pas de nombreux combats qui relèvent de l’environnement ou de la santé publique qui sont délaissés au profit d'enjeux symboliques, mais finalement plus marginaux ? 

Marcel Kuntz: Il est vrai que tout ce que la France fera n’aura aucun impact concret au niveau planétaire. On peut considérer que le diesel émet des particules nocives, encore faut-il aussi reconnaitre que les moteurs ont fait des progrès. Mais cela n’est sans doute plus audible après le « diesel-gate ».  Donc le diesel a endossé le rôle de méchant dans les médias, et les politiciens suivent le courant. Il est plus facile de combattre des symboles négatifs que d’affronter la réalité. En termes de particules nocives, il faudrait aussi considérer les autres sources, dont les feux de cheminée ! Mais là on s’attaquerait à un (faux) symbole de naturel. Ce qui ne serait pas bénéfique électoralement, je suppose.

De même il est facile pour les politiques d’interdire à tour de bras des pesticides (de synthèse, utilisés en agriculture conventionnelle), souvent sur des bases discutables, mais interdire les pesticides utilisés en agriculture biologique (forcément le Camp du Bien !) comme les sels de cuivre (bouillie bordelaise), qui pourtant polluent les sols, ne semble pas déclencher le même zèle…

Yves Roucaute: La lutte contre tout ce qui menace l’humain doit être un souci. Les émissions de CO2 doivent être combattues. Mais, à nouveau, sans idéologie, sans cette culture liberticide anti-individualiste qui nous vient des idéologies.  Elle doit être combattue par le bon bout, celui des technologies et des sciences, celui de la libération de la créativité humaine individuelle et non d’une écologie punitive. 

Il est clair que l’incitation est la seule voie possible pour l’écologie vraie, celle qui est au service de l’humain et qui ne pénaliserait pas les classes populaires et les classes moyennes. Elle devrait conduire à baisser les taxes sur les carburants, déjà élevées en France, même si, avec près de 60% de taxes environ dans leur prix, elles sont aussi élevées dans d’autres pays d’Europe, voire parfois plus contrairement à ce qui se dit. De ce point de vue aussi, le gouvernement du Président Macron ne diffère pas de ceux qui l’ont précédé et qui avait cru trouver dans l’automobiliste une bonne source de revenus fiscaux. Mais si cela déclenche une crise c’est aussi parce qu’en France, le citoyen est en général pressé par les prélèvements obligatoires de tous les côtés, le plus en Europe. Cette hausse des taxes a été la goutte d’eau maladroite qui a fait déborder le vase, en particulier pour les classes moyennes qui ont quitté le centre des villes, trop chers, pour s’installer en grande banlieue.

Les Etats-Unis ont vu où était la solution à moyen terme : dans la liberté laissée à la création et l’écologie incitative. Ce n’est pas un hasard si elles sont les premières puissances en informatique, en biotechnologie, en nanotechnologie, en intelligence artificielle. Ces sociétés polluent mais elles sont déjà en tête pour la voiture autonome et les transports rapides et non polluants.  Elles pollueront moins que la France demain.

La transition énergétique ce n’est pas de taxer les voitures, les carburants ou les Google, Amazon, Appel, Facebook, Alibaba c’est d’inciter les consommateurs à aller vers les nouvelles technologies  et d’aider les entreprises à devenir des géants, de les aider à devenir innovantes. 

Les mêmes sociétés américaines et chinoises laissent ainsi les citoyens avec leur argent qui va s’investir dans les recherches les sociétés qui développent les recherches les plus performantes dans la lutte contre les cancers, les 600 maladies génétiques, les maladies virales, les maladies dégénératives, la lutte contre le vieillissement. Permettre les flux de richesses vers les innovations et non vers une bureaucratie distributive, c’est cela le bon choix.

Dans quelle mesure la question de la "transition énergétique" en France passe-t-elle à côté des réels problèmes de la question des gaz à effet de serre ? Somme nous quelque part, aveuglé par une forme de catastrophisme ? 

Marcel Kuntz: Il est frappant de constater une sorte de pensée unique qui considère que les thèses de l’écologie politique correspondent à des faits établis. Il faudrait ainsi mener une politique en faveur de « l’écologie ». En réalité, leur catastrophisme oublie les immenses progrès réalisés et le fait que nous croulons sous des réglementations et normes « environnementales ». Les écologistes combattent les biotechnologies agricoles dont on sait pourtant qu’elles peuvent réduire l’impact sur l’environnement. Et bien sûr l’énergie décarbonée qu’est le nucléaire civil. Oui, on peut continuer à réduire notre impact environnemental, mais pas sur des bases idéologiques.

Vient s’ajouter à cette pensée dominante une folie typiquement française, celle de considérer que l’Etat doit tout régenter. Une « transition » énergétique se fera naturellement lorsque de nouvelles technologies seront mûres et supplanterons les anciennes. Pourquoi y engloutir un « pognon de dingue » pour un affichage politique ? A-t-on eu besoin d’un plan étatique pour que le moteur thermique remplace la traction animale ? Pour inventer les ordinateurs portables, les téléphones portables ? 

Yves Roucaute: Il faudrait sans doute offrir de bons vieux films comme antidote à l’idéologie de ceux qui jouent à l’apocalypse.  Je me souviens de mes voyages au Bengladesh avec des amis médecins où nous étions avec des enfants au ventre gonflé, ou en Inde, à Delhi, où les cadavres étaient ramassés dans des bennes le matin.

Il existe encore trop de souffrance humaine mais quel progrès ! On ne meurt plus de faim en Chine ni dans bien des pays.  Et ceux qui évoquent la nécessaire décroissance sont ceux qui n’ont jamais vécu dans la nécessité.  Il faut encore et toujours plus de croissance pour permettre à tous les humains de ne plus connaître la misère. Pour que nous ne connaissions pas ces chiffres affreux de 9 millions de morts de malnutrition dans le monde dont plus de 3 millions d’enfants.

Comment l’idée que la nature serait nécessairement bonne et quoi qu’il en soit meilleure que l’Homme s’est-elle installée dans nos esprits ? Quels sont les risques de cette approche ?

En tout cas pas dans le mien, je suis un fils de berger (rires). J’ai toujours su que la nature c’était aussi le froid glacial, la chaleur intense, la soif, la faim, la maladie, la mort.

Cette idée d’une harmonie qui serait préétablie entre l’humain et son environnement terrestre a toujours été très forte dans les esprits humains car elle vient de loin, elle vient du néolithique. Elle est née parce que les humains pensaient, à la façon de Socrate, que ce monde n’est rien qu’une caverne illusoire, que « le corps est le tombeau de l’âme » et que le vrai bonheur se trouve dans la satisfaction des dieux, jusqu’au sacrifice de soi, ou au-delà, après la mort. Le corollaire était qu’il fallait accepter ce qui est, puisque cela vient des dieux et les remercier ou les séduire par des fêtes, des offrandes, des prières, des sacrifices y compris humains.

Si cette illusion perdure c’est que nous sommes seulement en train de sortir du néolithique. Nous découvrons seulement maintenant que nous sommes des énergies créatrices, des « Homo creator » et non des « Homo sapiens », que notre corps est merveilleux et que cette sanctification de la prétendue « nature » fut la cause de famines et de misères dans tous les pays, tel l’Inde, où de telles spiritualités archaïques dominaient.  C’est aussi pourquoi l’écologie archaïque n’a aucun avenir : les Temps contemporains balaient ces illusions en plaçant l’individu et sa créativité au centre au lieu d’une prétendue Déesse-Terre.

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