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Le TOP 5 des villes les plus chères au monde nous explique aussi les fractures sociales et politiques dans les grands pays développés
©Reuters

Atlantico Business

En dépit des risques du Brexit, Londres est toujours la ville la plus chère du monde pour se loger.

Aude Kersulec

Aude Kersulec

Aude Kersulec est diplômée de l' ESSEC, spécialiste de la banque et des questions monétaires. Elle est chroniqueuse économique sur BFMTV Business.

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Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Il est aussi l'auteur du blog http://www.jeanmarc-sylvestre.com/.

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Le groupe Century 21 a essayé de répondre à la question toute simple : quel bien immobilier peut-on s’acheter pour 300 000 euros et dans quelle grande ville?

Une étude du réseau Century 21 compare les surfaces achetables dans 26 pays avec un même budget de 300.000 euros. Et évidemment, le spectacle des plus grandes disparités est au rendez-vous. Avec 300 000 euros, on peut s’acheter un studio dans Paris Intramuros ou un manoir du 15e siècle dans le Perche… Mais avec ce même budget et grâce à l’analyse des transactions dans les pays où il est présent, le réseau d’agences en a ressorti un classement.

En 1ère position, la ville la plus chère du monde reste Londres, la plus inaccessible des capitales puisque 300 000 euros paient tout juste un studio de 18m².  La capitale britannique continue d’occuper la première place des classements des villes les plus chères au monde, même si Monaco et Hong Kong auraient pu truster la place si elles avaient été intégrées dans l’échantillon de villes.

Y-a-t-il eu un effet Brexit ? Oui, mais après avoir connu des décennies de croissance galopante qui l’avait déjà propulsée en première place des villes les plus chères au monde, Londres reste encore très chère.  En attendant, les transactions sur les biens de grand luxe ont connu des temps difficiles, faisant ralentir la croissance des prix de l'immobilier sur le marché global. Mais ce qui a légèrement baissé à Londres, ce sont les grandes surfaces ou les biens de luxe, des logements qui sont le plus souvent achetés et détenus par des entreprises.

Au 2ème rang, New York, qui n’est plus si loin puisque pour 300 000 euros, on peut si offrir tout juste 20m². Avec une complication supplémentaire, des règlements de copropriété qui sont assez complexes et rigides. Et des charges de fonctionnement et de sécurité qui sont parmi les plus chères du monde.

Au 3ème rang, San Francisco. Les prix y ont cru de 9,1 % en 2017, ce qui permet, pour un budget de 300 000 euros d’acquérir un bien de 28m². Ce qui dope l’immobilier de San Francisco, c’est la clientèle de l’industrie digitale. Les salaires y sont très élevés et les bonus très généreux. Donc l’investissement immobilier est très prisé.

Au 4ème rang, Paris. Avec une surface de 30 m², pour 300 000 euros, c’est aujourd’hui une des capitales parmi les plus chères au monde. Cette valorisation est d’ailleurs alimentée principalement par des acheteurs de province (qui achètent un pied à terre dans la capitale) et par de riches étrangers qui aiment Paris. Les Américains, les Russes, les Chinois et les Anglais. 

A noter que ces prix sont aussi soutenus par les investisseurs loueurs et qu’Airbnb favorise beaucoup l'attractivité de Paris.

La faiblesse de l'offre, l'élection d'Emmanuel Macron, les JO de 2024 ou encore le Brexit ont contribué à faire augmenter ces prix. Les Français de Londres sont nombreux à revenir dans la ville Lumière, puisqu’aujourd’hui environ 10% des ventes, dans les arrondissements les plus à l’ouest, se font avec des acquéreurs provenant de Londres. Les rapports qui évaluent l’attractivité de la capitale sont unanimes : Paris n’a jamais autant attiré d’investisseurs étrangers qu’aujourd’hui, laissant à penser que la flambée des prix devrait continuer de monter. Selon un rapport des notaires de la place, le prix moyen devrait atteindre 9.570 euros le mètre carré en novembre 2018, en hausse de 3 % par rapport à août.

5ème ville la plus riche, Munich où l’on peut s’offrir 35 m². C’est peu connu, mais Munich est la plus chère des villes allemandes, devant Berlin et Francfort ; avec une demande en hausse des investisseurs, en raison de la forte demande locative et qualité des locataires.

S’en suivent Vancouver avec 46 m² et Bangkok, 50 m². Ce même budget de 300.000 euros permettrait de devenir propriétaire d'un logement de 70 m² à Barcelone comme à Berlin, de 85 m² à Lisbonne et même de 100 m² à Bruxelles, qui se retrouve derrière Prague (80 m²) et Bratislava (85 m²). 

En fin de classement, Le Cap, où la surface qui équivaut à 300 000 euros représente plus de 600m².

Globalement, deux remarques s'imposent à la lecture de ce classement. 

Première remarque, l’Europe a la cote. L‘Europe est sur-représentée dans ce classement, 3 villes dans le top 5 et des prix toujours majoritairement orientés à la hausse selon Laurent Gimont, président de Century 21 France : « Le Vieux continent est la zone du monde qui rassemble la plus forte concentration de prix immobiliers élevés ». Les taux d’emprunt qui restent à leur plus bas et facilitent l’accès au crédit en sont évidemment une cause, puisque cela vient soutenir la demande et la montée des prix.

Deuxième remarque : les disparités entre les territoires évoluent. Le classement ne prend en compte que les métropoles qui concentrent les entreprises, l’emploi et donc les logements demandés. Mais les territoires moins attractifs restent touchés par un phénomène inverse, et même une décroissance des prix allant jusqu’à 15%. Ce phénomène touche les territoires ruraux, mais aussi les villes de taille moyenne qui dépendaient auparavant de bassins industriels.

« Ce que l’on remarque, dans ces régions, souligne Pierre Made, économiste à l’ONCE, c’est que les soutiens publics de l’État aux collectivités locales ont baissé depuis la fin de la crise, ce qui a pénalisé les finances et l’investissement public local. Seules les grandes villes ont résisté, en allant trouver des sources de financements complémentaires sur les marchés financiers ».
La décroissance des prix dans ces villes a surtout comme conséquence d’empêcher la mobilité des travailleurs, en les empêchant de se rapprocher de grandes agglomérations dynamiques ou en allongeant leur temps de trajet. C’est le point d’orgue des contestations actuelles.

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