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 Le prix du pétrole, le Brexit et l’Italie, les trois boosters qui font la fortune des spéculateurs
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Les marchés financiers ont intégré le ralentissement de l’économie mondiale et spéculent désormais sur le prix du pétrole, les incertitudes du Brexit et l’évolution de l’Italie.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Le prix du pétrole, les incertitudes sur l’issue du Brexit et sur l’évolution de l’Italie sont désormais les trois moteurs de la spéculation boursière.

La correction qui s’est jouée en octobre est désormais assumée et intégrée. Elle est imputable à deux facteurs structurels qui étaient totalement prévisibles.
L’ambition protectionniste de Donald Trump a un peu refroidi les marchés en ralentissant un peu les perspectives du commerce mondial. Un peu seulement, parce que les chaines de production sont tellement intégrées que l’Amérique ne pourra pas très rapidement restaurer un appareil de production industriel intégral. Il n’est pas dit que la restauration des souverainetés industrielles soit possible et même souhaitable.

Le deuxième facteur de baisse des marchés est porté par le ralentissement important de l’activité dans les pays émergents et notamment la Chine. La Chine bute aujourd’hui sur la pérennité de son modèle économique libéral sur dans un écosystème politique très dirigiste et privatif de libertés individuelles.

La combinaison entre les tweets violents de Trump et le refroidissement de la machine chinois sont évidemment très complémentaires et sont apparus à un moment où le cycle boursier était au plus haut de puis dix ans. Les investisseurs ont donc pris quelques bénéfices en réalisant les plus values. D’où la baisse, qui a paru brutale mais normale et attendue.  

Cela dit, depuis le premier novembre, les marchés sont plus incertains et surtout beaucoup moins lisibles. Du coup, c’est du pain béni pour la spéculation. Entre la poursuite de la baisse et les opportunités de rebond, il existe de la marge pour ceux qui spéculent à court terme. Et l’actualité leur a apporté sur un plateau d’argent trois petits boosters qui permettent à beaucoup de gagner de l’argent.

D’abord, premier booster de la spéculation : les prix du pétrole ne parviennent pas à trouver un équilibre à long terme. Mais pour faire court, disons qu’un pétrole à la hausse est un marqueur de bonne activité de l’économie mondiale, donc de hausse boursière. Un pétrole à la baisse est un marqueur de ralentissement, donc de baisse boursière.

Pour l’automobiliste, c’est évidemment assez difficile à comprendre.

 D’un côté, la baisse de la demande dans les pays émergents, le ralentissement de l’activité mondiale a pesé sur les cours du brut. Mais de l’autre, les restrictions de la production de pétrole, le blocage sur l‘Iran, les incertitudes sur l’Irak et en Syrie, et la décision de l’Arabie Saoudite, en accord avec l’OPEP, de fermer un peu ses robinets de pétrole. Tous ces phénomènes provoquent des fluctuations du prix du pétrole difficiles à comprendre pour le commun des mortels, qui a les yeux sur le prix de son carburant.

Ces fluctuations sont pourtant surveillées quotidiennement par les fonds spéculatifs. Le pétrole peut évoluer très rapidement entre 45 dollars et 70 dollars le baril. La tendance lourde est à la baisse, légèrement au dessus de 60 dollars. Les prix ont perdu 25% de leur valeur par rapport à début octobre. La production aux USA et les stocks ont plombé les prix, mais l’annonce très politique de l'Arabie Saoudite combinée à la communication de la Maison Blanche qui affirme discuter avec la Chine pour négocier une sorte de Cessez-le-feu dans la guérilla commerciale, sont des signes qui ramènent les prix à la hausse. La spéculation financière anticipe l’effet de la moindre virgule pour prendre des positions.

Cela dit, cette tendance à la baisse de cette matière première se trouve à contre courant des prix du carburant qui ont augmenté, ce qui ne facilite pas la lecture de la situation pour les automobilistes qui se plaignent. Ce manque de clarté donne aux spéculateurs une raison de plus de faire des différences lucratives.

Ensuite, le deuxième moteur de la spéculation actuelle se trouve caché dans les incertitudes du Brexit. Les marchés financiers regardent à la loupe ce qui peut se passer et la vraie question pour les boursiers, la seule qui vaille, est de savoir si ce Brexit s‘opérera avec un accord ou sans accord.

Les milieux financiers vendent un Brexit plutôt hard, sans accord et achètent un soft Brexit avec accord.

L’explication est très simple :

En cas de Hard Brexit , c’est à dire si la Grande Bretagne et l’Union européenne ne parviennent pas à se mettre d’accord pour fixer les modalités du divorce avant la date du 29 mars, la Grande Bretagne sortira automatiquement de l’Union européenne et deviendra pour l’ensemble de l’Europe un pays tiers, c’est à dire que l’Union européenne coupera tous les ponts, que les frontières seront fermées, les visas et les douanes seront rétablies et à ce moment-là, on plongera dans l’inconnu et le désordre. La Grande Bretagne et l’Union européenne auront des problèmes délicats à régler concernant les résidents anglais en Europe et les résidents européens à Londres. Mais plus grave, les systèmes économiques et financiers seront fortement perturbés par l'apparition des contrôles de douane, la disparition des normes et l’incertitude juridique liée aux litiges commerciaux et financiers. Il est d’ailleurs étonnant que les partisans du Brexit n’aient pas réfléchi sur les conséquences d’un Brexit, concernant la fluidité des échanges.

Cette absence d’accord est interprétée par les marchés financiers comme un risque grave de ralentissement économique, non seulement en Grande Bretagne, mais aussi dans l’Union européenne. Donc pour la spéculation, c’est un facteur d’anticipation à la baisse.

En cas d’accord, et quelque soit son contenu, les marchés y verront le signe d’une volonté partagée de régler les problèmes techniques. C’est donc un signal d’achat. Et principalement ce qui touche à l’industrie financière (dont Londres s’était fait une spécialité mondiale) et tout ce qui touche aux échanges commerciaux. Plus de 60% du commerce international de la Grande Bretagne se fait avec les pays de l'Union européenne. Mais ces échanges ne représentent que 20% du commerce extérieur des pays européens. La Grande Bretagne aura plus à perdre qu’à gagner.

Pour les marchés, la signature d’un accord pratique et technique sur le statut des résidents et sur la circulation des capitaux et surtout des produits et des services sera interprétée comme un signe positif sur l’évolution des économies.  

Enfin, le troisième moteur de la spéculation, c’est l’Italie. La détermination du gouvernement italien à vouloir transgresser les engagements pris dans le cadre de l’Union européenne fait courir à l’épargne italienne et aux banques italiennes qui sont fortement endettées, des risques qui inquiètent fortement les marchés. D’où la prudence des agences de notation, d’où la hausse du spread et donc des taux d’intérêt. Le risque italien, c’est le risque de mise en difficulté d’une banque qui aurait alors un effet systémique.

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