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Pour sauver la planète, le consommateur à la rescousse du citoyen
©GEORGES GOBET / AFP

Consom'acteur

Le Brésil, avec la forêt amazonienne, est considéré comme « le poumon du monde ». Or, les Brésiliens viennent d'élire un homme pour qui il faut l'exploiter massivement, au nom du profit. Mais si le citoyen s’aveugle encore, quand il est devant l’urne, il devient de plus en lucide quand il remplit son caddie au supermarché.

Fank Gana

Fank Gana

Frank Gana est expert en innovation et changement et ex-Chief digital officer de Citeo.

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Géraldine Poivert

Géraldine Poivert

Géraldine Poivert est experte en économie circulaire, fondatrice d’Ecofolio et ex-DGA de CITEO.

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Et maintenant le Brésil ! Après les Américains, les Australiens et d’autres, les citoyens brésiliens ont démocratiquement élu un partisan de la vieille économie, pour qui l’écologie et la protection de la planète sont les dernières priorités, voire même de sérieux obstacles au profit à court terme, le seul qui vaille. Son mot d’ordre est simple : il faut exploiter intensivement la forêt amazonienne.

C’est là une vraie menace globale alors que les rapports internationaux pleuvent ces jours-ci. Tous dépeignent une planète bientôt à l’agonie. Les experts du GIEC (Groupe intergouvernemental d’experts sur le changement climatique) sont définitifs : il reste 12 ans au monde pour réagir efficacement avant que le réchauffement climatique devienne incontrôlable. Dans le même temps, l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) nous apprend qu’aujourd’hui déjà, 600 000 enfants meurent, tous les ans, des effets de la pollution. De son côté, le WWF (Fonds mondial pour la nature) explique dans son rapport 2018 « Planète vivante » que 60 % des populations de vertébrés ont disparu ces quarante dernières années, le mouvement allant en s’amplifiant. Tous ces éléments s’enchaînent et les effets sur la dégradation de notre écosystème sont irréversibles.

Le Brésil, avec la forêt amazonienne, est considéré comme « le poumon du monde ». On pourrait ajouter que cette forêt n’est pas qu’un poumon, elle pullule aussi d’une faune unique, sans parler de tribus indigènes au bord de l’extinction.

Comme Donald Trump, Jair Bolsonaro ressent une aversion sincère contre les Accords de Paris. Nicolas Hulot, Pascal Canfin, Ellen Mac Arthur et bien d’autres doivent mal dormir, ces jours-ci : le pouvoir politique, même démocratique, peut donc être un serial killer pour la planète.

En quoi croire alors ? Si le citoyen s’aveugle encore, quand il est devant l’urne, il devient de plus en lucide quand il remplit son caddie au supermarché. Il s’inquiète pour sa santé et celle de ses proches. Il lit les étiquettes mieux qu’il ne semble lire les programmes politiques. Acheter une planche à découper en bois « forêt vivante » (« deforestation free ») peut lui parler davantage qu’un bulletin de vote. Aussi bien qu’investir dans une voiture électrique, manger bio, ou choisir du gaz vert pour se chauffer.

Schizophrénie ? Peut-être pas.  A l’heure où la parole politique s’affaiblit trop souvent, la dimension personnelle de la consommation structure et engage. Et si cette prise de conscience-là était le remède à même d’engendrer un effet domino positif ? Le consommateur, en exigeant des produits estampillés « bons pour la planète » orientera les donneurs d’ordre économiques qui donneront suite à cette exigence. Preuve en est : dans les magasins aujourd’hui, les marques en font un enjeu de compétitivité. Le mouvement est donc déjà à l’œuvre, mais il faut l’accélérer.

Comment ? En renforçant le pouvoir du consommateur grâce à des outils de transparence à la portée de tous. Des entreprises s’y attellent déjà.

La protection de la forêt est un bon exemple. Consommateurs et donneurs d’ordres peuvent aujourd’hui aisément s’assurer que les produits vendus n’ont pas participé à la déforestation en Amazonie ou dans la grande forêt du Gabon. En combinant imagerie satellite, intelligence artificielle et big data, une startup portugaise, Tesselo, permet un contrôle efficace du respect des normes et des réglementations par les acteurs de l’industrie. Il n’a jamais été aussi facile et peu coûteux de vérifier systématiquement si l’on récolte illégalement de l’huile de palme, si les techniques du bio sont respectées, ou si les monocultures augmentent les risques d’incendies dans certaines régions du monde.

De la même manière, si l’on s’intéresse cette fois à la sauvegarde des océans, le consommateur peut dès aujourd’hui exiger des emballages sans plastique car il est technologiquement possible de donner à la fibre des propriétés barrières, en exploitant des bois d’éclaircies. Tout comme il existe déjà un remède aux encres polluantes, en utilisant des colorants issus de bactéries, comme le propose une autre start up, Pili.

Ces trois exemples illustrent parfaitement le nouveau pouvoir du consom’acteur. Les technologies permettent d’utiliser ce pouvoir avec une efficacité nouvelle, créant de puissants leviers d’action transnationaux qui peuvent s’avérer salutaires, lorsque le citoyen et le politique abdiquent.  Pour ceux qui en doutaient, consommer peut avoir du bon. C’est une bonne nouvelle pour la planète et notre prospérité. Enfin une.

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