Guinée Equatoriale : le train de vie fastueux de Teodorin Obiang<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Style de vie
Guinée Equatoriale : le train de vie fastueux de Teodorin Obiang
©JEROME LEROY / AFP

Bonnes feuilles

Gilles Gaetner a mené une enquête de plusieurs années sur de nombreux dirigeants africains au Congo Brazzaville, en Guinée Equatoriale ou bien encore au Gabon. Il dévoile l'étendue des scandales dans l'entourage des présidents et révèle l'injustice organisée dans les plus hautes sphères du pouvoir. "Pilleurs d'Afrique" est publié aux éditions du Cerf. Extrait 1/2.

Gilles Gaetner

Gilles Gaetner

Journaliste à l’Express pendant 25 ans, après être passé par Les Echos et Le Point, Gilles Gaetner est un spécialiste des affaires politico-financières. Il a consacré un ouvrage remarqué au président de la République, Les 100 jours de Macron (Fauves –Editions). Il est également l’auteur d’une quinzaine de livres parmi lesquels L’Argent facile, dictionnaire de la corruption en France (Stock), Le roman d’un séducteur, les secrets de Roland Dumas (Jean-Claude Lattès), La République des imposteurs (L’Archipel), Pilleurs d’Afrique (Editions du Cerf).

Voir la bio »

En une seule journée, Teodorin peut dépenser 120 000 dollars. En espèces.

Johnna livre quelques informations qui en disent long sur le train de vie du maître des lieux. Révélant, nous l’avons vu, que pour un seul « shopping », il dépense 120 000 dollars en espèces. Révélant qu’il se balade toujours avec un attaché-case louis Vuitton rempli d’espèces. Un autre témoin, entendu à la même époque, insiste sur la propension d’Obiang à tout régler en liquide. Et pour cause dit-il, il ne possède pas de carte bleue. Ce témoin raconte qu’un jour son patron paiera 12 000 dollars en espèces, pour le seul plaisir d’entrer dans une boîte de nuit à South Beach près de Miami. Espèces pour régler le personnel de sécurité : 50 000 dollars par mois. Espèces pour payer les dépenses courantes de la maison : entre 200 et 300 000 euros.

Teodorin est dingue de Michaël Jackson

Chez Obiang, l’argent ruisselle. L’homme est compulsif. Ceux qui l’ont côtoyé sont encore interloqués par la frénésie dont il fera preuve pour acheter, en 2010 et 2011, une foule d’objets ayant appartenu à Michaël Jackson. Le chanteur était son idole. Son dieu vivant. 
Il a voulu récupérer tout ce qui lui a appartenu. À chaque enchère, qu’elles se déroulent à Macau, à Beverly Hills, il se précipite et rafle tout ce qu’il peut rafler. Mais sans jamais apparaître. C’est toujours un intermédiaire qui se trouve sur le devant de la scène. À chaque fois, des consignes fermes sont données par e-mail à la salle des ventes concernée. Ainsi, à Macao, le 8 octobre 2009, veille de la vente, nouvel appel anonyme : « Veuillez, s’il vous plaît, vous assurer que [Obiang Nguema] n’apparaisse nulle part. il doit être invisible. » Consigne reçue 5 sur 5. Ce jour-là, les factures sont adressées à un certain Amadeo Oluy, Malabo Guinée Équatoriale. Montant : 1 398 062  dollars. L’origine ? Un compte impossible à identifier. En décembre 2010, notre homme, envoûté par le génie de Jackson, porte des enchères dans une salle des ventes de Beverly Hills. L’intermédiaire est toujours là. Des centaines d’objets sont raflés.

275 000 dollars pour le fameux gant blanc de Michaël

L’addition est salée : 872 125  dollars, dont 275 000 pour le seul fameux gant blanc couvert de cristaux « Bad Tour ». Un mois plus tard, le 31 janvier 2011, troisième vente. Cette fois à Los Angeles. L’addition est identique à celle de Beverly Hills : 872 112 dollars… Réglés via une société qui n’a rien à voir avec l’art, puisqu’il s’agit d’Eloba Construccion SA. En juin 2011, l’enthousiasme pour l’icône ne fléchit pas : au cours d’une quatrième vente, un factotum, sollicité par Obiang, récidive. En tout, pour 379 700  dollars. Qui paie ? Amadeo Oluy, déjà cité, en tirant un chèque sur la banque American Business de Los Angeles. Un établissement qui ignore que le deus ex machina de tous ces paiements, montages et jongleries n’est autre que Teodorin Obiang, plus connu aux États-Unis sous le nom de Nguema. Au fait, c’est bien joli, de perpétuer le souvenir Michaël Jackson comme on le fait avec Elvis, de passer à la télévision des films évoquant son enfance, sa carrière… Oui, c’est bien joli. Le public aime avoir le sentiment que les héros ne meurent jamais. C’est vrai. Mais égrener la liste des objets propriété de la star la rend immortelle. Citons, parmi ces objets, ses innombrables chapeaux de scène (60 000 dollars chacun), plusieurs disques d’or (10 000 dollars), une chemise de scène dorée (40 000 dollars), des figurines grandeur nature (40 000 dollars), la perruque (60 000  euros), la célèbre veste militaire (25 000 dollars), etc. Valeur totale : 3 millions de dollars.

Quand Teodorin veut s’offrir la maison de Miami du basketteur Shaquille O’Neal

Toujours partant pour acheter quelque chose, une berline de luxe ou un bien immobilier. Tel est l’insaisissable Teodorin ! Un jour, c’est la villa de Miami du basketteur Shaquille O’Neal qu’il convoite ; un autre, c’est une maison située au Brésil qui lui fait envie, alors il s’y déplace dare-dare en hélicoptère pour la visiter. Pour compléter ce train de vie frénétique, ajoutons-y les deux bateaux Super-Cat achetés chacun un million de dollars. Il arrive aussi que Teodorin sombre dans une extravagance sans limites, qui, selon le rapport du Sénat américain, le conduit, au cours d’une soirée dans un bar, à débourser, pour deux verres de vin, 1734 euros ! Existence peu banale que celle d’Obiang. Du genre oisif. Écoutez ce que disait son ancienne assistante à Malibu, Suellen Everett, entendue au consulat français de Los Angeles dans le cadre de l’enquête judiciaire française : « Généralement, M.  Obiang après s’être levé le matin, prend son petit-déjeuner. Ensuite, il travaille avec moi sur les plans du jour, y compris les approbations pour la rénovation de la maison. Parfois, il part faire du shopping avec une petite amie, puis se prépare pour le dîner et me demande d’effectuer les réservations dans les restaurants. » Cette dame raconte également que sur un coup de tête, il pouvait acheter une voiture.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !