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Corée du Nord : ce trésor à 3000 milliards d’euros qui a poussé Pyongyang au dégel diplomatique
©KIM Sue-han / AFP

Atlantico Business

Le gouvernement de Corée du Sud a communiqué cette semaine aux parlementaires un rapport très détaillé sur les vraies raisons qui poussent au dégel des relations avec le cousin du nord.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Une affaire de gros sous. Mais bon sang, c’est bien sur !  A priori, le changement aussi brutal que radical que la planète a opéré dans ses relations avec la Corée du Nord était assez incompréhensible. Les spécialistes en relations internationales et les experts en dictature de toutes sortes se perdaient en conjectures.

Depuis un demi siècle, la Corée du Nord a vécu au ban des nations pour comportement complètement insupportable aux yeux de la majorité des peuples convertis au respect des droits de l’Homme et de la démocratie. Depuis 2010, elle s’est condamnée à l’autarcie, pour cause d’agression sur les bateaux du Sud. Depuis une génération, les familles coréennes avaient plus ou moins bien vécu une séparation odieuse, alors que les différentes forces mondiales semblaient trouver dans un statut-quo le moyen de protéger un équilibre des forces par la terreur, sur fond de vagues menaces de guerre nucléaire ou tout simplement d’indifférence. 
Objectivement, cette situation n‘avait aucune raison d’évoluer jusqu'au jour où Donald Trump a changé brutalement de logiciel. Après avoir voué aux gémonies ce régime d’un autre âge qui « menaçait la paix dans le monde », en envoyant des fusées sans exactement savoir où elles allaient retomber, le président américain a d’abord menacé de faire la guerre puis brutalement, il a proposé des contacts avec le régime pour préparer la paix. Pourquoi ? Comment ? 
Bizarrement, le régime de Corée du Nord a accepté de commencer à discuter. Et bizarrement, la Corée du Sud a, elle aussi, donné des gages jusqu’à proposer de faire équipe commune pour les Jeux Olympiques. Bizarrement, la Chine et le Japon qui faisaient semblant de vivre dans la crainte d’une attaque sont entrés dans le jeu des négociations. 
Pour des pays qui ne se parlaient pas, sauf à s’injurier et proférer des menaces, la mutation est difficile à comprendre. 
Du coup , le gouvernement de Séoul (qui a quelques contraintes de démocratie) s’est senti obligé de donner un début d’explication à ses parlementaires. 
Selon le rapport du groupe public Korea Resources Corporation c’est-à-dire Kores pour les milieux d’affaires internationaux, Séoul estime que la Corée du Nord détiendrait pour 2900 milliards d’euros de ressources naturelles dans son sous-sol, soit plus de 15 fois ce que la Corée du Sud espère trouver encore dans son propre sous-sol. Ces presque 3000 milliards d'euros font rêver la planète toute entière. Et valent bien de changer la partition diplomatique. 
Ces réserves de ressources naturelles sont pour la plupart des ressources stratégiques. Selon ce même rapport Kores, la Corée du Nord serait riche de magnésite, de graphite, de minerai de fer, de tungstène ... mais surtout de terres rares. Et ces terres rares sont absolument indispensables à la production de smartphones, de semi-conducteurs et de tous les éléments qui servent à la connectique. 
Or, les besoins mondiaux sont énormes, et selon le rapport, l’immensité des réserves de Corée du Nord peuvent faire de ce pays un acteur incontournable sur le marché mondial. 
Du coup, tout le monde s’est mis à regarder avec gourmandise cette manne qui n’est pas encore exploitée. Ou très partiellement.
La Corée du Sud, qui est déjà très implantée dans les fabrications digitales, espère garder une position de leader avec le boom de la voiture électrique et connectée, mais elle ne détient plus les réserves suffisantes. La Corée du Sud avait déjà commencé à exploiter quelques gisements dans le Nord, mais avait dû arrêter en 2010 après la glaciation des relations due au durcissement du régime de Pyongyang. 
La Chine a toujours préservé la Corée du Nord, ce qui la mettait en position de partenaires privilégiés.
Mais les Américains, eux, ont compris qu’ils ne voulaient et ne pouvaient pas laisser l’exploration de ces ressources aux seuls Chinois ou aux seuls Coréens du Sud. 
D’où le changement de politique. 
Alors maintenant, tout va dépendre des dirigeants de la Corée du Nord. Tout laisse penser qu’ils ont compris ce qu‘il pouvait tirer de cette situation. Pyongyang ne possède pas les moyens financiers pour se lancer seul dans l‘exploitation de tous ses minéraux. Pyongyang ne possède pas la technologie nécessaire. Jusqu'à alors, ils ont principalement dealer avec les Chinois de Pékin et de Shanghai. Leur intérêt est de diversifier leur clientèle, de renouer avec la Corée du Sud et qui sait, avec les Etats-Unis.  
Ce que la Corée du Nord cherche, c’est d’obtenir la levée des sanctions qui lui interdisent de faire commerce avec son cousin du sud et avec l’Occident. 
L’intérêt de tous, Usa, Japon, Corée du Sud et du Nord serait donc d’accélérer le dégel des relations. Les seuls à faire grise mine, ce sont les Chinois qui perdraient ainsi leur position d’interlocuteur privilégié. 
Une raison supplémentaire qui explique la bienveillance relative de Donald Trump à l'égard de la dernière dictature de la planète. Et pour Trump, tout ce qui peut gêner la Chine sera forcement bénéfique à l’Amérique. Même la Corée du Nord.

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