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Pourquoi la surchauffe de l’économie américaine est une menace pour la croissance mondiale
©MANDEL NGAN / AFP

Edito

Le spectre d’une nouvelle crise financière taraude les marchés qui connaissent une fébrilité croissante au fil des mois.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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La grande secousse de 2008 est dans toutes les mémoires. Plusieurs années avaient été nécessaires pour endiguer le fléau qui avait gagné l’ensemble de l’économie mondiale. Il avait finalement été conjuré, mais sans que l’on ait opéré les réformes indispensables pour empêcher son retour. L’endettement généralisé n’a cessé de grandir, sous l’influence de la politique des banques centrales qui a conduit à la création d’énormes masses de dettes à des taux proches de zéro qui atteignaient à la fin de 2016 un montant évalué à 160 000 milliards de dollars, soit deux fois le produit intérieur brut mondial. Des chiffres qui donnent le vertige et qui multiplient les mises en garde et les avertissements sur les dangers d’une situation qui parait de plus en plus incontrôlable, d’autant que dans la plupart des pays se développe la tentation du repli sur soi, au moment  où la nécessité de recourir à une concertation généralisée est plus indispensable que jamais. Toutefois, la caractéristique essentielle des phénomènes de rupture est de se produire quand on ne les attend pas, ce qui laisse un espoir pour les plus optimistes.

Dernier avatar en date sur les marchés : les remous provoqués par la publication du budget italien, avec un déficit affiché de 2,4% du PIB l’an prochain, alors que la commission de Bruxelles tablait sur 1,6% seulement. Une provocation de la coalition hétéroclite et très divisée qui gouverne la troisième puissance européenne. Ses dirigeants en privé ne manquent pas de s’étonner des critiques qui ont accueilli leur projet, en soulignant que la France a fait passer de 2,6 à 2,8% du PIB l’annonce du déficit attendu chez elle pour 2019, c’est-à-dire tout près de la fameuse règle du 3%, sans susciter de remous particuliers du côté de Bruxelles. Pour que la dette italienne ne s’envole pas, alors que le pays acquitte déjà 68 milliards d’intérêts par an (contre 42 pour la France), il faudrait que le loyer de l’argent reste stable, alors que l’annonce du budget a fait flamber les taux, ce qui prélude à une aggravation rapide des annuités qu’il faudra régler et qui n’est pas à la portée des finances du pays.
Et le grand fauteur de troubles reste les Etats-Unis, qui sont à l’origine du renchérissement du loyer de l’argent. L’emprunt à dix ans vient de remonter à 3,22%, alors que la Fed va continuer à renchérir le coût du crédit en raison de la surchauffe de l’économie américaine. Celle-ci ressemble à une cocote minute sous laquelle on a poussé les feux par des baisses d’impôts et qui  menace d’exploser. Car l’Amérique connait le cycle le plus long de croissance avec un chômage au plus bas depuis 1969 et une explosion des salaires en raison de la pénurie d main d’œuvre.  Le pétrole joue aussi son rôle avec des cours qui dépassent 85 dollars sur le brent et contribuent à accélérer l’inflation. La Fed n’a donc d’autre possibilité que de durcir sa politique monétaire.  Mais les taux attractifs qui s’ensuivent jouent comme une pompe aspirante qui attirent les capitaux du monde entier, comme s’il n’y avait plus que l’Amérique d’un côté et la santé insolente de ses marchés et de l’autre côté le reste du monde où les places financières font plutôt grise mine. Apparemment Donald Trump a gagné sur toute la ligne avec sa politique d’ «America first ». Mais c’est une politique à  court terme qu’il cherche à prolonger et qui aura une fin. Car la roche tarpéienne est proche du Capitole.

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