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Christian Gérondeau : « Il y a une vraie désinformation sur l'environnement. Et notamment sur le vrai niveau de la pollution de l'air dans le monde occidental »
©GERARD JULIEN / AFP

Iconoclaste

Pour Christian Gérondeau, auteur de "L'air est pur à Paris : Mais personne ne le sait" (publié aux éditions de L'Artilleur), la pollution à Paris est en chute libre, malgré les messages pessimistes de la municipalité.

Christian Gérondeau

Christian Gérondeau

Christian Gérondeau est polytechnicien et expert indépendant. Il travaille depuis plus de dix ans sur les questions environnementales.

Il est l'auteur du livre "Ecologie la fin" aux Editions du Toucan et "L'air est pur à Paris: mais personne ne le sait!" aux éditions de L'Artilleur.

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Atlantico : Dans un entretien publié par le Monde le 22 septembre dernier, Anne Hidalgo déclarait : "Je ne rencontre pas de Parisiens climatosceptiques ou qui me disent que la pollution de l’air n’est pas un problème. Nous sommes dans l’obligation d’agir. Et, pourtant, nous nous heurtons à des forces qui cherchent à nous ramener à un modèle antérieur ou à retarder la bascule." Votre livre décrit très bien le décalage entre l'illusion d'une pollution qui progresse et la réalité des indicateurs. Comment expliquez-vous ce décalage aujourd'hui ?

Christian Gérondeau : Ce décalage est lié à la mainmise par une poignée de responsables qui ont des convictions profondes et qui dépassent la pollution de l'air. Il s'agit de ceux et de celles qui pensent que l'Homme est nuisible pour la planète et qui, donc, n'arrivent pas à concevoir ou à admettre que le progrès existe et que les choses s'améliorent.

Il suffit de regarder la différence entre ce qu'indiquent les faits, les chiffres, à savoir que tous les polluants sont en chute, et les déclarations de ces responsables qui sont toujours pessimistes. Qui parlent de situations problématiques voire néfastes…

Autrement dit, il y a, dans la sphère publique, un certain nombre de personnes qui détiennent la réalité et qui parlent au nom des administrations voire des gouvernements. C'est cette réalité surprenante qui est décrite dans mon livre où l'on voit bien qu'il n'y a pas de rapport entre les faits et l'image qui est donné par ces responsables. Or, toute l'information provient de ces derniers…

Anne Hidalgo va même plus en loin en publiant un essai intitulé "Respire". Elle affirme dans l'entretien cité précédemment qu'on "meurt de pollution" aujourd'hui à Paris, et que "le nombre de Franciliens soumis à un air très pollué en particules est passé en quatre ans de 3 millions à 1,3 millions". Ce dernier chiffre, ainsi que certaines alertes sanitaires lancées notamment par le Dr Pierre Souvet – qui demande qu'on s'inspire de la politique anti-pollution de Tokyo – ne devrait-ils pas justifier de poursuivre une action de lutte contre la pollution ?

Si je comprends bien, elle-même reconnait une amélioration extraordinaire. Mais la réalité c'est que ces 1,3 million n'existent pas. Pourquoi ? Car l'on confond la pollution qu'on appelle de fond (là où les gens vivent) avec la pollution de proximité du trafic qui est relevée à 3 mètres des voies de circulation. C'est en partant de cette pollution relevée là où personne ne vit, que l'on en déduit que les gens qui habitent le long des rues en question sont soumis à la pollution, ce qui n'est pas une réalité.

Mais Madame Hidalgo reconnait que les choses s'améliorent très vite. Partout dans l'agglomération parisienne et à Paris les normes sont respectées. 

Le sondage IFOP auquel je fais référence dans mon livre, qui est capital, montre que 88% des Français et 93% des jeunes sont persuadés que la pollution augmente. Or, même Madame Hidalgo, avec des chiffres que je conteste, reconnait que la pollution est en chute. C'est bien que la communication a été biaisée.

Personne ne conteste que la lutte contre la pollution porte ses fruits. Tout le monde est d'accord et moi le premier. Ce n'est pas par hasard si la pollution a pratiquement disparue. Les immeubles ont été dépollués, les industries et les véhicules ont été dépollués. Comment voulez-vous que la pollution augmente ? C'est du bon sens. La lutte pour la qualité de l'air a porté ses fruits et il faut s'en réjouir. Et il ne faut pas dire que la pollution augmente.

Quel serait l'intérêt de biaiser ces chiffres selon vous ?

Ce sont des responsables intellectuellement malhonnêtes. Ils cachent la réalité alors qu'ils sont censés la faire connaitre. Nous sommes désinformés sur les problèmes de l'environnement. Notamment sur le fait que la pollution de l'air a largement disparue dans le monde occidental.

Concernant la moyenne de la pollution -et je parle là des particules fines-  les chiffres officiels nous montrent que nous en somment à 20 microgrammes par mètre cube et à 15 en forêt de Rambouillet. Il n'y a presque plus de différence. Et je comprends très bien que l'on soit étonné, je l'ai été moi-même en découvrant ces chiffres.

Il faut s'en réjouir mais pourquoi les responsables politiques ou administratifs font-ils tout pour que les Français soient désinformés et soient persuadés que la pollution s'aggrave ? C'est la grande question.

Votre opposition à cette lutte apparente contre la pollution à Paris est-elle audible alors que les objectifs en la matière et de défense de l'environnement sont de plus en plus présentés comme prioritaires ?

Ce qui se passe en ce moment s'est toujours passé dans l'histoire. Prenez Galilée, il a fallu 125 ans pour que l'Eglise reconnaisse qu'effectivement la Terre tournait autour du soleil. Pour Newton, il a fallu 75 ans pour que l'Académie des Sciences française admette la loi de la gravitation universelle. Quant à Darwin, sa théorie de l'évolution est encore contestée... C'est un phénomène général et nous en avons une illustration actuellement. Ce n'est pas parce que tout le monde répète la même chose que c'est vrai. Descartes disait : "l'unanimité des opinions n'est pas une preuve".

Nous sommes à une époque où ce sont ceux qui ont une vision négative de l'Homme et du progrès qui, du moins en France et en Europe, ont pris le pouvoir des idées. Cette majorité n'a de cesse que de trouver des preuves que les choses vont mal. Rien ne peut leur causer plus de problèmes que l'orsqu'ils constatent que les choses vont bien.

Avec la chute de la pollution, c'est peut-être le premier pillier de l'idéologie écologique qui s'effondre.

Le sujet vous intéresse ?

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