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Lettre à mes amis de gauche
(et non d'extrême gauche)
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Lettre ouverte

Passionné par l'aspect moral des questions idéologiques, Hector Olbak ne s'était pourtant jamais exprimé publiquement sur ces sujets. A la veille du second tour de l'élection présidentielle, il s'adresse aux électeurs du candidat socialiste.

Hector Obalk

Hector Obalk

Hector Obalk est un historien d'art et critique d'art français pour Elle et Arte, auteur de documentaires et commissaire d'exposition. Il a écrit Aimer voir Comment on regarde un tableau (éditions Hazan).

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Chers amis,

Je sais bien que François Hollande est plus aimable, plus posé et plus énarque que son concurrent, qu'il a un grand sens de la justice et que, quand il sera à la tête d'une République qu'il promet irréprochable, il saura affronter l'adversité avec plus de hauteur et de générosité que son concurrent…

Je sais bien que vous souhaitez voir l'omniprésident tomber de son trône — excité, vulgaire, inculte, dangereux — dont l'unaniminté des rejets ne vous a jamais inquiété.

Je sais bien que, dans l'enthousiasme d'une victoire de la gauche, il vous est arrivé de douter de l'évidence historique — à savoir qu'un programme "de droite" de réduction budgétaire, de TVA augmentée et de "soumission aux diktats des marché" est plus efficace pour protéger les Français de la crise actuelle qu'un programme "de gauche" ajoutant à l'embauche de 61 000 fonctionnaires, le refus d'augmenter la TVA et la taxation à 75% de 5000 super riches de la Nation... — en espérant qu'un smic augmenté permettra à tant de Français d'acheter tant de produits, pourtant pas toujours français, qui relanceront la machine et nous feront échapper au sort des pays méditerrannéens d'Europe.

Je sais bien que les 500 millions que l'Etat gagnera en taxant les fortunes "indécentes" sont plus chers à notre cœur que les 10 milliards (soit 20 fois plus) que permet de gagner chaque point de TVA. Je sais bien que ces batailles de chiffres ne sont rien pour nous, comparées à notre désir d'équité, même si ce sont les plus pauvres qui subiront les premiers les effets de cette volonté d'égalité — arguments bien réels que nous avons tôt fait de discréditer en les taxant "de droite", dans un élan de solidarité qui nous honore, sans nous demander s'il est plus symbolique que réel.

Je sais bien enfin que nombre d'entre vous parient sur le fait que le candidat n'appliquera PAS son programme, qu'il n'est pas Mélanchon, et qu'il est dans le fond un adepte du marché. Mais c'est un bien dangereux pari de confier au candidat le moins expérimenté la tâche d'appliquer le programme de son concurrent, en faisant paradoxalement confiance à sa capacité d'avoir menti à ses électeurs d'extrême gauche.

Mais il reste un point qui n'a, autant que je sache, pas encore été soulevé. Si Hollande est élu, et si Sarkozy se retire de la politique comme il l'a déclaré, il est à prévoir que la droite implosera — ce qui fera les beaux jours de la gauche pendant quelques mois. Et, comme me le fait remarquer Norbert Bellaiche, quand la crise s'abattera alors sur la France et que la France ne pourra plus emprunter aussi facilement pour payer ses fonctionnaires ou ses retraites ou quelques uns de ses services de santé, il est une seule personne qui pourra tirer les bénéfices de la défaite de Sarkozy en accédant enfin à la position qu'elle projetait d'avoir depuis le début de sa campagne, c'est Marine Le Pen devenue alors chef de l'opposition.

Et il sera un peu tard pour retrouver le vrai sens des mots "excitée", "vulgaire", "inculte" et "dangereuse".

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