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Le 7 mai, Mario Draghi Président ?
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Souveraineté nationale !

Le Président de la BCE, a jeté un pavé dans la mare en estimant que la situation économique de certains pays marque la fin du modèle social européen, pour lequel personne n'a plus les moyens de payer. Des propos pas forcément scandaleux, s'ils n'émanaient pas d'un responsable supposé observer un strict devoir de réserve sur les questions internes des États.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Le nouveau président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, a pris au cours des dernières semaines des largesses aussi inhabituelles, que scandaleuses. Le succès de son début de mandat, ayant permis un sauvetage d’une situation dramatique dès le mois de décembre, semble l’autoriser à des recommandations de politiques économiques relevant pourtant de la souveraineté des États. L’indépendance fondamentale de le BCE doit pourtant avoir pour corolaire la stricte observation d’un devoir de réserve sur les questions internes des États.

Au cours d’une interview donné au Wall Street Journal, le 23 février dernier, Mario Draghi déclarait : « Le modèle social européen a disparu dès lors que vous pouvez observer un tel niveau de chômage des jeunes dans certains pays » « Vous savez, l’économiste Rudi Dornbusch déclarait que les Européens étaient si riches qu’ils avaient les moyens de payer tout le monde pour ne rien faire. C’est fini ! ».  Ces propos ne sont pas scandaleux dans la réalité qu’ils expriment, mais bien leur existence même. La transcription de ces informations aux populations devient « Le président de la Banque centrale européen annonce la mort du modèle social européen ». La responsabilité donnée à l’autorité monétaire ne dispense pas ses membres de réfléchir aux conséquences de leurs déclarations, et aux causes du désamour des institutions européennes, notamment en France.

Les déclarations des dernières semaines relèvent également de l’erreur politique. Mario Draghi a ainsi provoqué au cours des derniers jours des remous au sein de l’élection présidentielle Française. Les propos, bien que déformés, relatifs au pacte de croissance, ainsi que les recommandations effectuées sur les politiques à mettre en œuvre en Europe (flexibilité du marché du travail, baisse des dépense courantes des états, etc...) sont un scandale en soit. Le président de la Banque centrale européenne, nommé, est garanti par une totale indépendance. Cette indépendance l’oblige.

François Hollande se félicitait de faire bouger lignes, quand Nicolas Sarkozy refusait de « prendre ses ordres » chez Mario Draghi. Les mots de du président de la BCE ne font que renforcer le sentiment des citoyens de voir le réel pouvoir échapper à leur vote, et favoriser par la même une contestation d’un pouvoir « qui vient d’en haut ». Les responsables européens s’inquiètent des résultats électoraux, notamment en France, mais ne sont pas vierges de toute responsabilité. Le strict respect de leur devoir de réserve, leur soumission à leur simple mandat permet un équilibre nécessaire.

La réalité économique pose une question majeure aux politiques européens. Jean-Claude Trichet se félicitait d’avoir totalement rempli sa mission, se targuant d’avoir maintenu la stabilité des prix en Europe. Mario Draghi persiste dans ce déni. Bien que la stabilité des prix soit le mandat donné à l’autorité monétaire, son objectif final est pourtant de favoriser un développement économique sain et durable. La réalité d’un chômage atteignant un sommet de 10.9% en Europe ne semble pas les choquer.

La diversité des politiques monétaires appliquées à travers le monde pointe également les bons, des mauvais élèves. Il semblerait que l’Europe ne figure pas parmi les meilleurs en ce domaine, et serait inspirée de regarder ce qui marche dans les autres pays. Il est ainsi à retenir que les pays les plus innovants en ce domaine, Australie, Suède, et États-Unis semblent se comporter d’une meilleure façon. La stabilité des prix posé en dogme de politique monétaire est un échec, la prise en compte du niveau de chômage comme son corolaire permettrait un traitement bien plus efficace de la situation que nous connaissons aujourd’hui.

La première mission, essentielle, du futur président et de sa majorité sera bien de remettre le président de la Banque centrale à sa place, celle d’un serviteur d’une politique décidée par les citoyens européens. La seconde sera la remise en cause d’un mandat obsolète, et de rallier l’unanimité des États européens à cette fin.

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