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Apple et Amazon à plus de 1000 milliards de dollars de valorisation : mais voilà pourquoi les marchés boursiers s'inquiètent alors que tout va bien
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Atlantico Business

Marchés boursiers : tout va trop bien mais les professionnels pleurent parce qu’ils savent que ça ne peut pas durer.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Trop beau, trop haut pour être vrai. Quand les bourses baissent, les boursiers pleurent, quand elles montent, ils se plaignent parce qu’ils ont des raisons pour que ça ne puisse pas durer. 

C’est comme de franchir le mur du son.  Apple et Amazon, à plus de 1000 milliards de capitalisation, ont provoqué un véritable feu d’artifice sur la tech américaine mais l’euphorie s’arrête à la frontière de la sphère digitale américaine. 
Au delà de « La fête est finie», depuis le début de l‘année maintenant, les professionnels de la bourse annoncent la fin du cycle haussier et du coup, ils ont posé les armes en cette rentrée de septembre, considérant que les progressions avaient été trop spectaculaires et rapides. 
Résultat : toutes les bourses mondiales sont à l‘arrêt, sauf les bourses américaines... 
Le hit parade mondial est éloquent si on compare ce qui s’est passé depuis le 1er janvier. 
En Amérique, sur le Dow Jones, on est monté de 5,16 %, et sur le Nasdaq, le marché où les valeurs technologiques sont cotées, la progression a été de 16,52%.
Ailleurs, on a :
En Allemagne, le DAX à  -  7,45%
En France, le CAC 40 à -  1,29%
Au Royaume-Uni, le FTSE à  - 4,80%
En Russie, le RTS index à -  8,67%
En Chine, Shanghai à - 18,31% et Shenzhen à - 24,13%
En Japon, Nikkei 225 à -  2,01%
Le classement des performances est donc très simple. Les marchés financiers internationaux sont tous orientés à la baisse sauf les marchés américains qui continuent de jouer les locomotives en cette rentrée 2018 et particulièrement le Nasdaq, qui est très concentré sur les valeurs de la haute technologie.
Les GAFA mènent la danse et rien ne paraît pouvoir freiner leur emprise sur le monde de la finance internationale. Les GAFA, c’est à dire des entreprises qui ont moins de trente ans et qui trustent une grande partie de la monnaie mondiale, concentrent aussi les meilleures perspectives de développement. Google, Amazon, Facebook, Apple auxquelles il faudrait ajouter Microsoft et tout le cortège des "midcap" qui font également la course. 
Cette économie digitale américaine entraine le reste du système américain, et dope le moral de l‘opinion publique qui se dit que décidément, tout est possible en Amérique. Le rêve américain est redevenu réalité. 
En dehors des bourses américaines (et de la Norvège), toutes les bourses mondiales sont arrêtées ou plutôt abonnées au stop and go depuis le premier janvier. 
Ce qui est intéressant, c’est l'analyse que font les experts, les opérateurs et les gérants de fonds de cette situation. 
Ils reconnaissent que les marchés sont structurellement en bonne santé, qu’ils sont efficaces et ont dépassé les effets de la grande crise de 2008-2009, bref que les bilans sont très positifs, mais que normalement ça ne peut pas durer. Normalement, le cycle haussier devrait ou doit s‘inverser. 
Donc, ils alignent toutes les raisons qui devraient entrainer une baisse durable et profonde. Et pour les mêmes raisons, ils commencent à arbitrer. Ce qui veut dire qu’ils achètent moins (d’où la baisse des cours depuis le 1er janvier) et qu’ils se reportent sur le digital (d’où les hausses dans ce secteur). Leur problème est simple, presque banal : pour l’instant, les marchés tiennent debout, mais comme ils sont convaincus qu‘ils peuvent s’effondrer, ils cherchent à sauter du train qui roule trop vite, ils ne veulent pas sauter trop tôt, mais ils ne veulent pas non plus être les derniers. 
Quand on les interroge sur les raisons de leurs indécisions, à Londres, à Paris, à Shanghai ou à New York, les grandes institutions financières ont listé à peu près les mêmes facteurs de déréglementation. 
Le premier, c’est la situation américaine. Pour la communauté financière, elle est trop bonne. Boostés par les baisses d’impôts initiées par Donald Trump, les acteurs de la finance en ont massivement profité. New-York, avec sa population de traders n‘a jamais été aussi riche. Goldman Sachs n’a jamais été puissant. Les banquiers reconnaissent que la politique Trump, obsédée par les effets négatifs d’un retournement de la politique de la FED, leur a donné, avec le levier fiscal, un relais de croissance inespéré. Mais quel cadeau aux résidents de la 5ème avenue !
Mais est-ce que cette bonne santé financière et boursière peut ruisseler sur le reste de l’économie ? Pas sûr !  
Même si les chiffres de croissance sont très élevés au dernier trimestre.
La dernière note de conjoncture de Goldman Sachs est très prudente. Elle met en garde sur les risques de l’effet d’une augmentation des inégalités. 
Pour le reste, les milieux financiers ne s’inquiètent pas des facéties brutales et vulgaires du président, parce qu’ils savent que le pays profond ne lui en tiendra pas rigueur et que la situation politique va rester stable. 
Le deuxième facteur d’inquiétude, c’est la menace de guerre commerciale. Personne ne croit à la perspective d’une guerre protectionniste, mais personne n’exclut qu’un chef d’Etat en arrive à appuyer sur le mauvais bouton qui bloquerait tous les échanges. Or un blocage des échanges internationaux provoquerait un arrêt de la croissance. 
Plus grave, le risque de blocage ou la menace de blocage hypothèque les horizons des chefs d’entreprises. Hormis l’Amérique, le reste du monde commence donc à replier de la toile. 
La tentation brandie par le président américain de réguler certains secteurs aura le même effet de provoquer un ralentissement. 
Le troisième facteur est porté par les banques centrales avec l’incertitude sur les taux d’intérêt. Les économies mondiales sont sorties de la crise avec des injections massives d’argent (presque gratuit). Tous les opérateurs savent qu’il faudra remonter les taux d’intérêt. L‘économie financière se complait d‘un argent facile. Mais l’économie réelle, elle, a besoin de rémunérer les risques pris, sinon elle ne prend plus de risque et stagne. 
Le quatrième facteur concerne la gestion compliquée des flux migratoires. Cette incertitude porte sur l’avenir de l'Union européenne qui n’a pas les moyens politiques de gérer correctement ces flux. Les économies européennes ont besoin de migrants, mais en l‘état actuel de la situation, les opinions publiques ont du mal à les accepter.
Tous ces phénomènes (évidents ou pas) sont des facteurs de dysfonctionnements réels et expliquent l’appréhension des acteurs de la sphère financière.  

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