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Hugues Serraf : “Tout comme l’accent suisse, l’accent marseillais est relativement facile à imiter auprès des locaux sans se faire repérer, ce qui n’est pas le cas de l’accent québécois”
©Pixabay

Bonnes feuilles

Aix est la voisine riche et sérieuse, le Neuilly du cru, où l’on ne se gare pas n’importe comment et où l’on met ses papiers gras dans des poubelles que les cantonniers n’oublient pas de vider. Il convient de la détester, mais avec un certain respect toutefois parce que c’est là où l’on vient étudier les Lettres et les Sciences politiques, voire trouver un vrai travail avec un vrai salaire un peu comme à la frontière avec la Suisse. Extrait du "Petit dictionnaire (modérément) amoureux de Marseille" de Hugues Serraf, publié aux éditions Gaussen. 1/2

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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A

ACCENT : C’est la carte de visite sonore de la ville, le petit plus qu’apprécient les responsables du casting des émissions télévisées de témoignages psycho-sociaux parce que ça atténue la charge dramatique d’une horrible histoire d’inceste et que ça rappelle ses vacances au producteur.

À ne pas confondre avec l’accent de Toulouse bien qu’il s’en rapproche. Il existe d’ailleurs en de très nombreuses variantes, de la plus gouailleuse, façon marchande de poisson sur le Vieux-Port ou résident des quartiers nord, à la plus distinguée, façon cadre supérieur du 8e arrondissement (dite « accent jambon »). En tant que « parler » plutôt qu’au seul niveau de ses inflexions phonologiques, le marseillais incorpore de nombreux mots directement issus du provençal, mais également pas mal de vocables arabes, italiens ou même romanis.

Tout comme l’accent suisse, l’accent marseillais est relativement facile à imiter auprès des locaux sans se faire repérer, ce qui n’est pas le cas de l’accent québécois. Je le fais tout le temps.

AIX-EN-PROVENCE : Aix est la voisine riche et sérieuse, le Neuilly du cru, où l’on ne se gare pas n’importe comment et où l’on met ses papiers gras dans des poubelles que les cantonniers n’oublient pas de vider. Il convient de la détester, mais avec un certain respect toutefois parce que c’est là où l’on vient étudier les Lettres et les Sciences politiques, voire trouver un vrai travail avec un vrai salaire un peu comme à la frontière avec la Suisse.

C’est très joli, il y a beaucoup de vieilles pierres et de boutiques chics mais, en réalité, l’observateur avisé constatera que l’architec- ture n’est pas si différente de celle de Marseille, juste mieux entre- tenue. C’est tout petit. Il n’y a pas la mer. Il peut y faire frisquet le soir bien que ce ne soit qu’à une grosse vingtaine de kilomètres plus au nord (prévoir une petite laine).

ALEXANDRE PREMIER DE YOUGOSLAVIE (ROI) :

Monarque serbe assassiné par un nationaliste bulgare affilié à une mystérieuse « Organisation Révolutionnaire Intérieure Macédonienne » en 1934, alors qu’il remontait la Canebière en limousine sous les vivats d’une foule qui n’avait pas la moindre idée de qui il était mais appréciait la distraction et le décorum.

Louis Barthou, le ministre des Affaires étrangères français qui accompagnait la royale visite, laissa également la vie dans cette aventure, un gendarme alcoolisé visant le terroriste l’ayant abattu par maladresse.

La tragédie aurait inspiré la chanson « On n’est pas là pour se faire engueuler », Boris Vian ayant remplacé « roi de Yougoslavie » par « roi de Zanzibar » à la requête de services secrets redou- tant l’importation des conflits balkaniques sur le territoire de la République.

ARRONDISSEMENTS : Bien qu’elle soit beaucoup plus vaste que Paris intra-muros (240 km² contre 105 km²), Marseille ne compte que seize arrondissements (contre vingt, je le précise pour les ignares et les provinciaux).

À l’exception des 7e et 8e, qui sont des secteurs de rupins dans les deux villes, il n’y a d’ailleurs pas de correspondances particu- lières avec les arrondissements de la capitale : le 16e sudiste est ainsi situé au cœur des quartiers nord et n’est guère réputé pour son luxe et ses hôtels particuliers. Ah, si, il existe bien une rue Abbé-de-l’Épée dans les deux 5e mais ça s’arrête là…

AUBAGNE : Je ne pensais pas rédiger une entrée pour Aubagne dans ce dictionnaire parce que c’est un endroit où personne ne va jamais, mais on m’a recommandé de le faire malgré tout pour d’obscures raisons de diplomatie locale. Ville moyenne de banlieue, longtemps gérée par des communistes et alors véritable boucle de la « ceinture rouge » marseillaise, elle possède notam- ment un musée des personnages de Pagnol en santons installé dans une sorte de gros kiosque à journaux au fond d’un parking et héberge le centre de commandement national de la Légion étrangère.

Wikipédia signale en outre que Fabien Barthez, goal de l’équipe de France ayant remporté la coupe du Monde en 1998, y aurait résidé.

Extrait du "Petit dictionnaire (modérément) amoureux de Marseille" de Hugues Serraf, publié aux éditions Gaussen.

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