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Grèce et Turquie sont dans un bateau
©LOUISA GOULIAMAKI / AFP

Les défis de demain

Retour sur les difficultés économiques et financières auxquelles sont confrontées la Turquie et la Grèce.

Mathieu Mucherie

Mathieu Mucherie

Mathieu Mucherie est économiste de marché à Paris, et s'exprime ici à titre personnel.

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On dit que la Grèce peut aller un peu mieux et que la Turquie va désormais aller très mal. Ce n’est pas forcément faux, mais attention il y a une astuce. Si la Turquie se ferme, se venezualise à fond et devient totalement infréquentable (avouons qu’elle fait tout pour cela depuis des années), alors la Grèce récupèrera du business et des touristes, quel que soit le degré de dévaluation de la Turkish Lira. Pour être franc, cela ne me chagrinerait pas trop, je ne prétends pas être impartial dans cette histoire. Mais si la Turquie est simplement secouée, que Trump change d’avis, que les capitaux reviennent après la montée vertigineuse des taux d’intérêt, alors on risque bien de se retrouver avec une nouveau choc anti-Grèce, via les taux de changes : car il est vain de faire des efforts pour retrouver de la « compétitivité » quand votre principal concurrent dévalue chaque année de 30% tandis que vous êtes condamné à vivre dans une monnaie germano-allemande. 

Nous en avons déjà parlé dans ces colonnes : depuis une décennie, les stimulations artificielles dont bénéficient les turcs (du moins jusqu’ici) font perdre chaque mois plusieurs années d’efforts aux grecs. J’ai essayé dans le graphique ci-dessous d’illustrer le problème, mais ce n’est que le petit bout de la lorgnette : à chaque fois que la dépréciation de la Lira excède l’inflation turque, on peut s’attendre peu après à une chute des exportations helléniques. Ce n’est qu’une partie du problème, et cela risque de faire très mal dans les mois qui viennent dans une économie en convalescence et sous surveillance.   
Ce voisinage est décidément une plaie, qui oblige à des dépenses militaires conséquentes, et peut-être demain à de nouveaux flux de réfugiés (3,5 millions de syriens en Turquie, monnaie d’échange si cela tourne mal). Il faudrait en tenir compte, mais ne comptez ni si Bruxelles ni a fortiori sur Francfort pour cela : ils ne font jamais le lien entre les dévaluations turques et les pressions déflationnistes hellènes, seule importe pour eux l’exposition des banques. Mais comment sortir d’une déflation quand votre voisin renforce en permanence, par son laxisme monétaire, la pression (ci-dessous les trajectoires de la masse monétaire au sens large, M3, dans les deux pays) ? C’est une question qui vaut presque autant que celle posée dans ces colonnes vers 2010-2011 (comment rembourser des prêts à 5% quand votre PIB nominal baisse de 4% chaque année ?), ce qui me fait dire que nous nous n’en avons pas terminé avec ce dossier, et que c’est totalement de NOTRE faute. 

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