Après les déclarations de Mario Draghi sur la croissance, que faut-il attendre des décisions de la BCE ce jeudi ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Après les déclarations 
de Mario Draghi sur la croissance, 
que faut-il attendre 
des décisions de la BCE ce jeudi ?
©

La pression monte...

Ce jeudi se tient une réunion de la Banque Centrale Européenne. Alors que l’Espagne, plongée en pleine récession et dans un chômage de masse, ravive les préoccupations en Europe, Mario Draghi s'est prononcé le 25 avril en faveur d'un pacte de croissance. Quelles mesures vont être annoncées ?

Cédric Thellier

Cédric Thellier

Cédric Thellier est économiste spécialisé sur la zone euro chez Natixis depuis 2007.

Voir la bio »

Atlantico : Ce jeudi se tient une réunion de la Banque Centrale Européenne. Alors que l’Espagne, plongée en pleine récession et dans un chômage de masse, est au cœur des préoccupations en Europe, Mario Draghi va t-il annoncer des mesures particulières ?

Cédric Thellier : Il ne faut pas s’attendre à ce que Mario Draghi annonce des mesures de soutien spécifiques à l’Espagne car la Banque Centrale Européenne ne s’occupe pas d’un pays en particulier mais de la zone euro dans son ensemble.

Cependant, il est vrai qu’elle s’est fortement concentrée depuis l’été dernier sur l’Espagne et l’Italie, dans le cadre du programme SMP (Securities Markets Programme) relatif aux achats de dettes souveraines. Celui-ci est quasiment en suspens depuis trois mois. Pourtant, malgré quelques tensions sur les taux souverains espagnols, la situation est moins intense que l’été dernier.

Sur ce point, il ne faut pas s’attendre à ce que Mario Draghi annonce jeudi une reprise du programme SMP puisqu’il ne fait jamais d’annonce explicite sur le sujet. Mais la BCE devrait dire qu’elle a fait ce qui est en son pouvoir, et qu’elle concentre son soutien à l’Espagne via des opérations de refinancement à trois ans, comme celles qui ont été conduites fin-décembre et fin-février. Il s’agit de soutien au secteur bancaire. Mais il n’y a pas d’annonce particulière à attendre de la réunion de jeudi en ce qui concerne un soutien supplémentaire pour les banques.

Mario Draghi s’est prononcé le 25 avril en faveur d’un pacte de croissance en Europe. Va-t-il clarifier sa position ce jeudi ?

Il sera interrogé sur le sujet. Il y a eu beaucoup de bruit autour de sa déclaration mais aussi, peut-être, de mauvaises interprétations.

Des inquiétudes ont émergé sur la croissance en Europe. Mais Mario Draghi ne se prononcera pas en faveur de plans de relance européens. En effet, le soutien à la croissance renvoie surtout au rôle des gouvernements car l’objectif principal de la BCE est avant tout la stabilité des prix.

C’est seulement dans le cas où cette stabilité des prix est assurée qu’elle peut favoriser la croissance et l’emploi. Que se soit sous Mario Draghi ou Jean-Claude Trichet, il n’y a pas de changement. Sur ce point, la hiérarchie des objectifs de la BCE n’est pas la même que celle de la FED (la banque centrale américaine, ndlr).

Cela ne veut pas dire pour autant que la BCE ne regarde pas la croissance et l’emploi. Elle le fait, mais de manière moins directe.

L’Espagne est touchée par un fort niveau de chômage. Politique d’austérité pour assainir les comptes publics ou politique de relance pour sortir de la récession, quelle position va tenir la BCE ?

Dans l’idée de Mario Draghi, soutenir la croissance consiste à mettre en place des réformes structurelles comme l’instauration d’une plus grande flexibilité sur le marché du travail par exemple. Il s’agit de mesures plutôt favorables à la croissance, mais à moyen et long termes. Il est fort probable que des réformes de cette nature aient cependant un impact négatif à court terme. Les propos de Mario Draghi sont donc plutôt de cet ordre, il clarifiera certainement sa position demain.

Pensez-vous que la BCE continuera son achat de dette publique en Europe ?

Depuis un mois et demi, les taux italiens et espagnols se redressent. Pourtant elle n’a pas réagi en rachetant de la dette souveraine. On ne peut pas exclure cette possibilité si les tensions sur les marchés se renforcent encore, même si les membres allemands de la BCE voient ces opérations d’un mauvais œil. Mais Mario Draghi ne mettra pas l’accent dessus demain.

Il ne faut donc pas s’attendre à des annonces particulières. Toutefois, sur le plan communicationnel, il soutiendra certainement que localiser la réunion en Espagne est un signe de solidarité réaffirmé à destination des pays en difficultés.

Propos recueillis par Olivier HARMANT

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !