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Xavier Breton : "défendre une ouverture complète de l’accès à la PMA tient de l’égalitarisme, pas de l’égalité"
©DOMINIQUE FAGET / AFP

PMA

Après le dépôt d’une proposition de loi par un député de la majorité, l’ouverture de la PMA sera au menu de la loi de bioéthique de l’an prochain. Le député Les Républicains Xavier Breton revient sur ce ce sujet, sur la position de la majorité LREM et sur les débats lors des états généraux de la bioéthique.

Xavier Breton

Xavier Breton

Xavier Breton est député Les Républicains de l'Ain et Conseiller régional d'Auvergne-Rhône-Alpes.

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Atlantico : Après le dépôt d’une proposition de loi par un député de la majorité, Guillaume Chiche, on apprend finalement que l’ouverture de la PMA sera au menu de la loi de bioéthique de l’an prochain. Que vous inspire cette séquence de cafouillage politique ?

Xavier Breton : A vrai dire, tout laisse penser que la majorité veut limiter au maximum les débats sur ce sujet, et c’est bien regrettable. Ils ont tenté un passage en force, et plutôt que de siffler la fin de la récréation, le gouvernement a choisi de maintenir cette initiative en l’incluant dans le projet de loi de bioéthique que nous discuterons à la rentrée. Cela nous laisse un peu plus de temps pour y travailler, et réfléchir aux questions de fond que soulève une telle mesure : il faut absolument qu’une vraie discussion puisse avoir lieu autour de ce texte.

Est-ce que la majorité est unie derrière cette mesure, ou n’est-ce qu’une initiative soutenue par une minorité au sein de LREM ?

Non, je crois qu’il n’y a pas réellement d’unité derrière l’élargissement de la PMA, et qu’en réalité c’est une minorité particulièrement active qui s’agite en sous-main pour faire pression autour de ces mesures qui profilent un véritable changement de société. En fait, il y a une vraie cohérence : le député Guillaume Chiche avait déjà soutenu, dans un rapport qui n’a heureusement pas été suivi, la suppression des allocations familiales. On voit bien qu’il est animé par une détestation de la famille, qu’il compte atteindre ou détruire à tout prix. Mais à côté, il y a une majorité silencieuse qui réfléchit, soupèse chaque sujet, pose des questions et bien souvent hésite car la plupart d’entre eux a conscience que le sujet est grave. Le droit de la filiation est un droit très précis, qui a sa cohérence et que l’on ne peut pas détricoter à l’envi, simplement pour satisfaire les revendications de quelques personnes.

Avez-vous le sentiment que les débats qui ont eu lieu lors des états généraux de la bioéthique ont porté leur fruit ?

Le gouvernement a très bien senti qu’il y avait une mobilisation importante autour du sujet de la PMA, et que cela pouvait préfigurer un important mouvement de contestation s’il choisissait de ne pas tenir compte des avis exprimés lors de ces consultations. Il y a de nombreuses personnes qui se sont mobilisées pour défendre la filiation père/mère, et face à cela, les idéologues ont tenté en retour de discréditer les états généraux afin de ne pas tenir compte des conclusions des débats. 
Car en réalité, le seul argument qui sous-tend l’élargissement de la PMA est l’égalité, il n’y a pas d’autre argument. Or celui-ci est très limité, et si on le suit jusqu’au bout, on ne peut qu’arriver à des impasses ou des contradictions dans le raisonnement : on voit bien qu’à des situations différentes, il convient d’apporter des réponses différentes. Juridiquement, on ne peut faire comme si cela avait la même signification de vivre seul ou d’être en couple. Il ne paraît pas insensé que le droit de la filiation soit différent entre les situations, et en ce sens, défendre une ouverture complète de l’accès à la PMA tient de l’égalitarisme, pas de l’égalité. C’est une impasse juridique et philosophique, et même dans la majorité, de nombreux députés commencent à en avoir conscience. Derrière le débat juridique, il y a donc un questionnement anthropologique, et c’est en ce sens qu’il serait insensé de chercher à passer en force.

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