Loi de programmation militaire : la délicate opération reconquête des armées d’Emmanuel Macron <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
Loi de programmation militaire : la délicate opération reconquête des armées d’Emmanuel Macron
©DENIS CHARLET / POOL / AFP

Défense

L'objectif d'Emmanuel Macron est de porter les dépenses de défense à 2 % du PIB français en 2025, soit 50 milliards d'euros, contre 34,2 milliards cette année.

Vincent  Desportes

Vincent Desportes

Vincent Desportes est un général de division de l'armée de terre française. Il vient de publier "La Dernière bataille de la France" (Gallimard).

 

Voir la bio »

L'objectif d'Emmanuel Macron est de porter les dépenses de défense à 2 % du PIB français en 2025, soit 50 milliards d'euros, contre 34,2 milliards cette année. Cette trajectoire budgétaire, dont certains objectifs sont repoussés après la quinquennat, est-elle satisfaisante ? 

Vincent  Desportes : Après une période catastrophique de plus d’un quart de siècle, durant laquelle les budgets successifs de l'armée ont été revus à la baisse, la trajectoire du projet de loi de programmation militaire constitue une annonce satisfaisante et plutôt bien accueillie. La période 2008 - 2015 a causé beaucoup de dommages sur tous les plans et le quinquennat Hollande restera marqué par l'insincérité de ce budget, obligeant les Etats-major à puiser dans les ressources de fonctionnement et d’investissement pour compenser le manque de moyens provisionnés pour des opérations extérieures. Le budget présenté par le gouvernement Macron est un budget de reconstruction qui permettra  de remettre à niveau une armée qui a beaucoup souffert, au plan matériel comme au plan humain. Les dispositions du texte montrent que les sommes allouées sont sanctuarisées et nous pouvons penser que ces engagements pris par l'Etat sont tout à fait crédibles. L'armée ne dépendra pas d'éventuelles ventes d’avions rafales ou de fréquences hertziennes, par exemple, pour pouvoir fonctionner correctement… En valeur absolue, si le chiffre de 2% n’est qu’un référence abstraite, elle est reconnue comme un seuil de crédibilité. Il faut le mettre en perspective avec la montée des menaces et les opérations conduites par les armées françaises., Notre présence militaire internationale et nos engagements en matière de défense européenne justifient amplement cet effort. La France est le seul pays européen à pouvoir s'engager de manière sérieuse en opération et les tensions actuelles montrent que cette capacité à conduire des opérations  constitue un enjeu stratégique de plus en plus important.

Concernant l'augmentation des effectifs militaires prévue par le projet de loi, pensez-vous qu'elle soit suffisante ? 

Ce n'est pas une augmentation considérable, car le texte prévoit un effectif de 6000 hommes sur cinq ans. Le choix fait est celui de la restauration, celui de la consolidation plus que celui de l’expansion., Le choix, c’est celui de remettre à niveau les conditions d’exercice du métier ainsi que les conditions de vie ; l’effort fait sur l’infrastructure, souvent délabrée aujourd’hui, en est un bon exemple.. C'est un facteur essentiel pour le moral des équipes, pour leur vie quotidienne et pour le bien-être des familles. La pression et la charge de travail ont été très fortes ces dernières années, beaucoup ont quitté l'armée avant même la fin de leur contrat, ce qui a engendré de fortes déperditions en matière de ressources humaines et donc d’investissement en formation et entraînement. Logiquement, si les conditions de vie et de travail s'améliorent, l'attrait pour ces carrières devrait raisonnablement en bénéficier… C'est une des raisons pour lesquelles le gouvernement Macron doit impérativement respecter ses engagements : c’est une question de crédibilité vis-à-vis des armées Le regrettable épisode du 13 juillet 2017, qui a provoqué le départ du Général Pierre de Villiers, est encore très présent dans les esprits. 

Selon vous, un nouveau porte-avion est-il un investissement nécessaire dans les années à venir ? 

Compte-tenu des évolutions technologiques, on peut légitimement se poser la question compte-tenu du prix gigantesque de ces plateformes vulnérables. Si la conception des porte-avions entre les deux guerres mondiales fut une avancée géniale, les besoins et les capacités en matière de projection de puissance ont beaucoup évolué, comme on l'a vu récemment lors des frappes Syrie le 14 avril dernier par exemple. Par ailleurs, les Chinois – et d’autres - disposent aujourd'hui de missiles capables de détruire un porte-avion, donc en cas de conflit majeur il est probable que ces énormes cibles seraient immédiatement coulées.

La présence militaire dans la zone pacifique est-elle stratégique pour les intérêts économiques et géopolitiques français ?

Il s'agit en effet d'une zone d'exclusivité économique que la France a tout à intérêt à surveiller compte-tenu des ressources, avérées ou potentielles, qu'elle abrite. Les activités  d'exploration, d'exploitation ou de protection des ressources de l'océan pacifique impliquent de pouvoir effectuer des patrouilles de surveillance sur ce domaine maritime, qui constitue un facteur de puissance par ces richesses, mais également par l'enjeu géopolitique majeur qu'il représente.  

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !