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Attention vos oreilles : Laurel ou Yanny ? Après la couleur de la robe, les réseaux sociaux s’enflamment pour savoir lequel de ces 2 mots chacun entend
©Pixabay - StockSnap

Musique

Conçue par un spécialiste du langage et de l’acoustique, cette vidéo montre qu’un même son donne deux interprétations différentes. Un phénomène qui passionne les américains et plusieurs célébrités, auquel Donald Trump a lui aussi contribué en partageant la vidéo dans laquelle il se met en scène avec sa famille, pour trancher la perception de ce que chacun peut comprendre différemment.

Hervé Platel

Hervé Platel

Hervé Platel est professeur de neuropsychologie à l’université de Caen. Il fait également partie d’une unité de recherche Inserm sur les effets de la musique sur notre cerveau.

Internationalement reconnu pour ses travaux sur la neuropsychologie de la perception musicale, il a montré les réseaux cérébraux impliqués dans la perception et la mémorisation de la musique. Ses travaux permettent également de développer des méthodes musico-thérapeutiques de prise en charge chez les patients déments Alzheimer.

Il a notamment co-écrit Le cerveau musicien (De Boeck Université, 2010).

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Dans la vidéo, 53% des individus comprennent « Laurel » et 47% « Yanny ». Quels sont les facteurs qui expliquent les différentes de perception acoustique ?

Hervé Pratel : Ces différences s’expliquent en partie par la biologie. En fonction de l'âge et de la capacité à assimiler les sons, le cerveau intègre les phonèmes différemment. Les individus  jeunes ont  un système de perception plus performant et sont davantage réceptifs aux hautes fréquences, comme les ultrasons au cinéma par exemple. ) Et ils sont plus  enclins à entendre "Yanny" car le Y est aigü. Ceci est dû à un phénomène biologique provenant de la petite enfance.  En dessous d’un an, le bébé est ultra réceptif aux spécificités des langages qui comprennent le plus de nuances ( le chinois et l’arabe par exemple). En revanche, en grandissant nous  intégrons  une langue maternelle et une culture, et ce patrimoine linguistique biaise la perception des sons.  On transpose notre langage et nos habitudes d'interprétation sur d’autres langues, ce qui donne ces décalages de perception. Chez les individus plus âgés, les hautes fréquences sont moins discernables en raison du vieillissement de l'ouïe, donc on est plus enclin à entendre "Laurel" que "Yanny",  car Laurel renvoie à une perception plus basse fréquence.

Par ailleurs, le cerveau intègre des sons et agit en complémentarité avec le contexte. Le contexte joue ici un rôle essentiel, car l'individu est formaté par ce que l'on attend de lui.  C’est le phénomène d'amorçage : la personne est inconsciemment orientée et  influencée par les options qui se présentent à elle en fonction du contexte (flux de parole élevé, défilement des images rapides, intervention de tiers dans le processus de choix entre Yanny et Laurel), ce qui explique qu’elle comprenne la signification d’un son différemment  que si elle était seule au calme par exemple. 

Ces perceptions auditives sont-elles transposables aux perceptions visuelles ? Notamment pour expliquer qu’une robe bleue soit également vue de couleur dorée selon les individus ?

Oui, car le contexte produit des effets similaires sur la perception visuelle.  Les mécanismes de de perception auditives sont identiques aux mécanismes de perception visuelles,  avec une variable supplémentaire, celle de la colorimétrie. Le choix est alors déterminé en fonction de l'éclairage, de l'intensité du soleil ou des nuances d'ombres par exemple.

Que nous apprend la perception acoustique sur les mécanismes de réceptions cérébraux ?

L’acoustique et les fréquences produisent des effets très précis sur le cerveau. Ce qui explique l’engouement pour les chaines youtube qui  proposent des vidéos ou des sons créés par des spécialistes et des chercheurs, procurant des hallucinations auditives.  Les fréquences basses donnent des sensations d'extase et de bien-être qui peuvent être très fortes. A  l’inverse les effets crées par certaines fréquences peuvent être également très anxiogènes, comme les  bandes-sons des films d'horreur ou de thrillers .  Les applications qui ont proposé ces fréquences ont d’ailleurs été interdites car elles étaient trop dangereuses. Notamment avec un effet proche des drogues, et causant des dommages cérébraux.  

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