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Airbus, PSA Peugeot-Citroën, Renault, Total, BNP ou Accor... toutes prises au piège de Trump sur l’Iran
©Reuters

Atlantico Business

Les entreprises occidentales ont six mois pour déménager et sortir d’Iran. La décision américaine de se retirer de l’accord sur le nucléaire iranien est déjà difficile à accepter pour des raisons morales, politiques et stratégiques, mais elle prend en otage la plupart des entreprises de la planète.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Les entreprises occidentales et parmi elles, beaucoup de françaises, sont amenées à sortir d’Iran d’ici 3 à 6 mois. L’affaire iranienne est évidemment très grave. Parce que non seulement, les Etats-Unis s’assoient sur un accord négocié et signé par le président précédent mais parce qu’indirectement le président Trump utilise une jurisprudence américaine qui revient à sanctionner sévèrement les entreprises, quelque soit leur nationalité, qui ne respecteraient pas la décision américaine.

La pratique américaine brandie par le président Trump revient à prendre les entreprises en otage.

De deux choses l’une, ou bien une entreprise qui travaille en Iran se couche et s’aligne sur l’embargo décidé par la Maison Blanche, ou alors si elle refuse de respecter l’injonction américaine, elle se voit pénaliser par l’Amérique dans ses activités sur le marché US. Bref, elle se voit infliger des sanctions, et même être interdite de rentrer ses produits et ses services sur le territoire.

La Banque BNP Paribas en sait quelque chose. Le grand public n’a pas su l’ampleur du désastre, mais la banque française a été accusée en 2014 d’avoir violé les embargos décidés par les américains, en Iran, à Cuba, et au Soudan. Le résultat est que BNP Paribas a été condamné à verser au Trésor américain pour 9 milliards de dollars de pénalités, de changer l’essentiel de son staff américain, et une partie de ses dirigeants à Paris. Sinon, elle se voyait retirer sa licence bancaire, autant déménager des Etats-Unis. Pour la BNP, cette affaire a failli lui être fatale. Alors, il y a sans doute eu des défaillances humaines du côté des personnels dirigeants. Un peu de naïveté ou d’arrogance, mais on ne saura jamais ce qui s’est réellement passé sauf que le groupe a payé et qu’il a eu du mal à digérer la facture.

Beaucoup d’autres entreprises se sont fait prendre dans cette procédure infernale et on n’était pas sous l’administration Trump. On était sous administration Obama et la plupart des pays occidentaux ont assumé cette pratique, parce qu’ils avaient eux aussi voulu l’embargo pour faire pression sur l’Iran. Il s’agissait d’un accord international.

Aujourd’hui, l’Amérique de Trump prend la décision de façon unilatérale de se retirer d’un accord international. Il n’y a donc plus continuité de l’Etat américain, ce qui va poser (entre autres) des problèmes juridiques.

Les autres pays signataires entendent sauver cet accord. Emmanuel Macron et Angela Merkel ont demandé à ce que cet accord ne soit pas cassé, ils ont proposé à Donald Trump de le réformer, de l’améliorer, mais pour l’instant, il n’y a pas de réponses du côté américain. Donald Trump campe sur cette décision.

Toutes les entreprises occidentales qui ont engagé des relations commerciales avec l’Iran et qui travaillent beaucoup avec depuis que les relations s’étaient pacifiées, sont donc en risque de se voir sortir du marché américain avec des pénalités importantes. Alors, il y a beaucoup d’entreprises occidentales qui travaillent en Iran, dans l’automobile, Peugeot-Citroën (30% du marché iranien), Renault, Volkswagen, Airbus et Boeing qui ont signé 400 avions de commandes avec Iranair, British Airways, Lufthansa et même Accor, sans parler des banques et assurances françaises qui étaient revenues sur la pointe des pieds et qui en théorie vont devoir choisir et sans doute se retirer, à moins que les européens s’entendent pour garantir leur activité.

1er point, la décision américaine d’appliquer l'embargo sera effective en novembre. Il peut donc se passer beaucoup de choses d’ici là. Mais certainement pas un revirement de la position américaine.

2e point, tous les opérateurs économiques alliés à leurs gouvernements vont sans doute se battre sur le terrain juridique pour que les acteurs non américains ne soient pas tenus par la nécessité de respecter l’embargo.

Cette position est tenable si l’Iran de son côté respecte l’accord sur le nucléaire. Mais l’Iran le respectera si et seulement si elle ne pâtit pas dans son évolution économique de l’embargo. Bref, cette équation est insoluble.

3e point, l’Europe en général et la France en particulier ont assez peu de marge de manoeuvre pour garantir l’activité de leurs entreprises. D’abord parce que les membres ne sont pas totalement unis sur la décision. Leurs décisions sont divergentes parce que leurs intérêts ne sont pas équivalents.

4e point, cette affaire est pour l’Amérique une formidable occasion de faire du protectionnisme, parce que le but du jeu c’est évidemment d’affaiblir des concurrents.

Entre le poids politique, le poids militaire et le poids monétaire avec un dollar qui est la monnaie mondiale, Donald Trump profite de la faiblesse européenne pour asseoir cette influence sur le monde. Hier, la Corée, aujourd’hui le Moyen Orient, et demain la Chine.

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