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Cette dette écologique de la France qu’on agite alors que le concept et son calcul sont éminemment contestables
©Reuters

Dette verte

La France a débuté sa dette écologique le 5 mai, ce qui signifie qu'elle a consommé en quatre mois ce que la Terre produit en un an. Un constat terrible et angoissant que le spécialiste de l'environnement Max Falque vient grandement nuancer.

Max Falque

Max Falque

Max Falque est consultant, spécialiste des problèmes d'environnement, et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Il a notamment publié un ouvrage sur la régulation de la consommation d'eau par l'échange de droits, L'eau entre réglementation et marché aux éditions Johanet

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En 2012 ou 2013 le directeur général du WWF, alors Serge Orru,, lançait un cri d’alarme et enjoignait toutes les villes du monde à couper l’éclairage public pour « sauver la planète »… rien que ça !

Interrogé sur une chaine de radio, le journaliste lui fit remarquer que cela risquait de déstabiliser gravement les réseaux de transport d’énergie électrique, il répondit fièrement que cela était sans importance au regard de l’importance des enjeux.

Serge Orru mis à la porte du WWF,  je pensais que ce genre de déclaration ne serait plus de saison, d’autant plus que Philippe Germa, nouveau directeur, n’aurait probablement pas cautionné de telles niaiseries Que nenni !

Je recevais le 4 mai un message, signé du nouveau directeur Pascal Cantin, renouvelant la manœuvre assorti de l’inévitable demande de fonds pour enfin sauver la planète.

« Samedi 24 mars 2018, c’est le jour d’EarthHour,(sic)  la plus grande mobilisation citoyenne pour la planète organisée par le WWF ! A cette occasion, plusieurs millions de personnes éteindront leurs lumières et des milliers de monuments iconiques(sic) seront plongés dans le noir »

Il y cependant du nouveau : nous aurions déjà consommé toutes les ressources disponibles de la planète, donc nous courons à l’abîme. Solution : soit une deuxième planète (laquelle ?) soit une réduction drastique notre consommation (comment ?) .

Ce type de déclaration a bien évidemment pour but d’affoler les populations, de susciter des dons et d’alimenter les médias qui reprennent en boucle ces déclarations et justifier l’extension du rayon d’action des règlementations… de préférence mondiales.

Or ceci ne résiste pas à l’observation des faits :  prenons un peu de recul et considérons les évolutions démographiques et économiques depuis 1850.

- La population mondiale a connu une croissance remarquable passant d’environ 1,3 milliard en 1850 à 7 milliards soit une multiplication par plus de 5. En bonne logique malthusienne on aurait pu s’attendre à une pénurie de matières premières et de nourriture et à une réduction correspondante du niveau de vie de chacun d’entre nous.

- L’abondance est au rendez-vous que l’on peut mesurer par l’évolution des prix des ressources (Commodity Price Index) en examinant les statistiques publiées depuis sa création par l’hebdomadaire britannique The Economist . Cet indice évolutif prend en compte 25 produits importants dont l’aluminium, le cuivre, les céréales, le café, le caoutchouc, le sucre, le soja. Sur la base 100 en 1850 les prix en dollar constant sont tombés à 20 en 2004 sans évolution significative juqu’à aujourd’hui

- La consommation de chaque humain a connu une croissance remarquable depuis 1850 : elle a été multipliée par environ un facteur 10 dans les pays développés et même les habitants des pays pauvres ont connu et connaissent une hausse importante de leur niveau de vie puisque le prix réel des produits a baissé d’environ 70%

Les prédictions catastrophiques depuis Malthus (Jevons, Club de Rome, Global 2000, Earth Watch, Goldsmith,,Speth…) ont toujours été démenties par les faits : ainsi Paul Erlich, auteur à succès de  «The Population Bomb» prédisait en 1968 «  Au cours des décennies 1970 et 1980 des centaines de millions d’humains mourront de faim en dépit des programmes d’urgence ». Après tout, quoi de plus logique ?: L’idée selon laquelle nous devrions être confrontés à des pénuries de ressources naturelles et donc à une augmentation du prix desdites ressources semble tout ce qu’il y a de plus raisonnable.

Cependant en 1980, un professeur d’économie nommé Julian Simon lança un défi à Erlich : il s’agissait de parier sur le prix de 5 matières premières choisies par Ehrlich à la date que celui-ci voudrait. Si, à la date choisie, les prix (ajustés de l’inflation) des ressources naturelles sélectionnées étaient effectivement plus élevé qu’en 1980, l’économiste devait payer la différence et dans le cas contraire, c’est Ehrlich qui devrait payer Simon.. Ehrlich accepta le pari et, le 29 septembre 1980, misa 1 000 dollars sur la croissance des prix du cuivre, du chrome, du nickel, de l’étain et du tungstène au cours de la décennie à venir.

De 1980 à 1990, la population mondiale augmenta de 800 millions d’individus, mais le 29 septembre 1990 – quand le pari arriva à son terme – les prix des cinq métaux sélectionnés par Ehrlich avaient baissé – tous, sans aucune exception. Ehrlich avait perdu son pari et  honora son contrat en postant un chèque de $576.07 dollars à l’ordre de Simon. Il refusa en revanche de renouveler le pari.

Les thèses malthusiennes ont toujours eu cette particularité de faire vendre énormément de livres et de rendre leurs auteurs célèbres tout en se révélant fausses a posteriori., Les prédictions apocalyptiques ont toujours été démenties par deux mécanismes très simples: quand une ressource se raréfie et que son prix monte,  la hausse des cours incite les producteurs à produire plus ou à développer une alternative technologique et les consommateurs à adapter leur consommation, pour autant que l’on opère dans une économie de marché.

Bien sûr, mais quid de l’environnement ? Tout indique que malgré les prévisions apocalyptiques sa qualité s’améliore au fur et à mesure que le niveau de vie augmente (comme l’a mis en évidence la Courbe Environnementale de Kuznets) et cela non seulement grâce aux réglementations publiques mais aussi et surtout aux progrès technologiques, aux mécanismes de marchés et aux droits de propriété qui s’opposent au libre accès aux ressources  et donc à leur destruction. Aussi trouve-t-on en tête du classement mondial de la qualité environnementale les pays européens où domine la liberté, l’état de droit, la protection des droits de propriété , un revenu per capita élevé , situation inversée pour de nombreux pays en voie de développement.

Le WWF et les multiples associations qui font du catastrophisme leur fonds de commercedevraient s’attacher à promouvoir quelques principes, à savoir :

  • Recourir à la science pour promouvoir des politiques réellement efficaces pour la gestion des ressources environnementales.
  • Recourir aux possibilités des droits de propriété et de l’échange afin de mettre en œuvre les objectifsenvironnementaux
  • Affirmer que les humains sont la principale ressource à protéger et qu’il est impératif de sauvegarder la liberté.
  • Limiter la réglementation et en évaluer soigneusement les risques d’effet pervers.


La fable du « jour du dépassement » planétaire relève de la propagandee et doit rejoindre l’immense cimetière des prophèties de malheur.

Les indispensables et puissantes associations doivent considérer la protection de l’espèce humaine comme prioritaire par rapport à  « planète » ou à « Nature », abstractions commodes mais incertaines et naturellement et socialement évolutives.

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