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Emmanuel Macron, le président qui réussit à faire oublier aux électeurs de droite à quel point il est l’héritier du PS
©TIZIANA FABI / AFP

Mirage

Après analyse, il paraît difficile de voir en le locataire de l'Elysée un "réformateur libéral" ou un "homme politique de droite".

Claude Robert

Claude Robert

Après des études supérieurs d’Arts Appliqués et de Sciences Humaines, un Master et un mémoire de DEA de Marketing et différents postes à responsabilités dans les domaines des études de marché, du marketing et de l’audit opérationnel, Claude Robert est actuellement consultant international en organisation. Il a exercé à ce jour dans près d’une trentaine de pays aux environnements politiques, ethniques et religieux les plus variés.

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Sur le plan économique, à la différence des sociaux-démocrates allemands ou des travaillistes anglais, les socialistes français font preuve d’une aversion notoire au marché. Il faut se souvenir de la façon dont le camarade Loniel Jospin s’était fourvoyé lorsqu’il avait tenté de créer un collectif avec ses homologues Tony Blair et Gerhard Schroeder, véritables libéraux en comparaison de notre trotskiste défroqué, ancien instituteur passé par le canal ENA. Les exemples sont nombreux qui rappellent qu’un socialiste français ne raisonne qu’en terme de répartition de richesses. Pour lui, la question de faire en sorte que le « gâteau » à se partager ne se tarisse pas, ne se pose jamais. Il s’agit simplement de répartir celui-ci, ce qui revient à le prendre dans la poche les riches. C’est bien évidemment le degré zéro de la compréhension des phénomènes économiques, ce niveau où l’on ne fait même pas la distinction entre les différents agents économiques, entre ceux qui par exemple sont capables, de par leur travail et leur génie, de créer des milliers d’emplois, et les autres, parmi lesquels une certaine proportion qui ne rêve que de profiter du système.

Ainsi pour un socialiste français, l’Etat est au service de cette répartition. Recruter encore plus de fonctionnaires ou créer des « emplois aidés » pour résorber le chômage ne lui fait pas peur, bien au contraire. Et n’en connaissant pas d’autres, l’impôt sur le revenu, tel un miraculeux sésame, est son levier d’action favori. C’est pour cela que notre pays, dirigé depuis le choc pétrolier de façon quasi continue par des socialistes (qu’ils se soient déclarés comme tels ou pas), ne cesse de s’en remettre aux recettes keynésiennes, recettes dont on sait pourtant qu’elles ne fonctionnent que lors des phases qui nécessitent une relance de la demande. La France, qui a perdu 50% de ses parts de marchés industrielles mondiales pendant ces 20 dernières années et dont le niveau de vie recule régulièrement par rapport au reste de la planète, souffre d’une crise de compétitivité, c’est-à-dire d’une crise de l’offre, ce contre quoi le keynésianisme ne représente en rien une solution.

Sur le plan sociétal, les socialistes français semblent à l’inverse beaucoup plus entreprenants, dans le sens où ils nourrissent de véritables ambitions « progressistes ». Changer la société, donner plus de droits (et moins de devoirs), protéger les minorités, en particulier celles qui sont aux antipodes du stéréotype honni que constitue le fameux hétéro-sexué-chrétien-blanc-riche-français, tels sont les objectifs qu’ils se sont assignés. Le conservatisme, c’est-à-dire tout ce qui rappelle la nation française bourgeoise capitaliste et judéo-chrétienne actuelle, est devenu en quelque sorte la cible du réformisme sociétal socialiste. En conséquence de quoi, les socialistes français ne sont à l’aise ni avec le concept de défense de la nation, ni avec celui de la culture française. Les problèmes d’insécurité actuels sont à ce titre particulièrement révélateurs de cet engagement socialiste, par opposition à celui du Front National et à celui, certes plus récent, de LR.

Poursuite de l’étatisme contre libéralisation de l’économie, progressisme sociétal contre défense de la Nation et de sa culture, tels sont les deux puissants marqueurs socialistes. Examinons à présent comment se positionne Emmanuel Macron sur ces deux dimensions.

Des réformes qui ne sont toujours pas libérales sur le plan économique

Le gouvernement LREM avait promis de baisser les impôts mais, du point de vue de l’ensemble de la population, il n’en est rien. Très récemment, il a été démontré que la pression fiscale continuera de s’accroître pour la majorité des français, les baisses ne compensant même pas les hausses (Figaro, 23/04/18). Pas moins de huit nouveaux impôts ont fait leur apparition (Expansion 20/01/18). Finalement, une seule catégorie verra sa condition de contribuable s’améliorer, les très riches qui ne sont pas investis dans l’immobilier (domaine pour lequel l’équivalent de l’impôt sur la fortune a été maintenu tel quel). La réforme du prélèvement à la source confirme cette pulsion confiscatoire, en permettant une maîtrise accrue du processus de collecte des impôts (au frais des entreprises qui plus est).

Dans un pays détenant à présent le record des prélèvements, le fait que le gouvernement Macron poursuive sur la lancée du gouvernement précédent est un signe terriblement révélateur. Mais ce n’est pas le seul : alors que notre pays voit plus de 57% de son PIB annuel redistribué, et que nous nourrissons plus de fonctionnaires que les 83 millions d’Allemands, le gouvernement a choisi dès sa prise de fonction de différer les économies sur le train de vie de l’Etat, abaissant l’objectif initial de 20 milliards (qui ne représentaient pourtant que 1% des 2000 milliards d’euros de la dette !) à 16 milliards d’euros.

Il est clair qu’avec l’absence de réforme de fond permettant de réduire la part (majoritaire) du PIB collectée par l’Etat et la poursuite de l’accroissement de la pression fiscale, le penchant socialiste du gouvernement actuel est largement démontré.

Des choix sociétaux toujours très marqués

A chaque attentat terroriste, un concert de critiques se dresse contre le gouvernement mais en vain : les criminels continuent de frapper et se recrutent encore et toujours parmi les fichés « S », des individus parfaitement connus des services de police pour leur dangerosité. Au lendemain des attaques de Carcassonne et de Trèbes, qu’a fait le gouvernement ? Bon prince, le Ministre de l’Intérieur s’est vanté d’avoir éconduit une dizaine de délinquants à la frontière, après avoir répété que le tueur n’était qu’un « petit dealer » (SudOuest 23/03/18), tandis que le Président s’affiche tout sourire à l’Elysée aux côtés de l’imam Sherin Khankan, comme s’il s’agissait de défendre l’Islam (modéré) tout d’un coup menacé de danger. Rien par contre de concret qui soit de nature à rassurer la population en dehors d’une vague promesse du Ministère de l’Intérieur de « mieux exploiter préventivement » ce fichier « S ».

Un tel décalage entre la prévisibilité de faits aussi graves et le peu de réactions opérationnelles ajouté à la posture symbolique complètement décalée du Chef de l’Etat ne peuvent avoir qu’une seule explication : ce fameux mur idéologique qui sépare les socialistes de l’action dès lors qu’il s’agit de défendre le territoire national. On aurait pu certes espérer que l’exercice de l’autorité de l’Etat allait s’améliorer avec les mesures prises face à l’occupation des universités. Mais le miracle ne s’est pas produit : peu de facs ont été débloquées (au mépris des étudiants pourtant majoritaires qui veulent étudier), tandis que l’évacuation des zadistes de Notre dame des Landes s’est transformée en un splendide pataquès.

Ainsi, le gouvernement Macron, dont le Ministre de l’Intérieur est d’ailleurs comme la plupart d’entre eux un socialiste, duplique à l’identique les atermoiements du pouvoir précédent…

En conclusion, il paraît difficile de voir en Emmanuel Macron un « réformateur libéral » ou un « homme politique de droite » (ainsi que le croit paradoxalement une courte majorité de français). Il est indéniable qu’en matière d’économie ou de défense de la nation, au delà d’apparences trompeuses, le Président s’inscrit dans la droite ligne du parti socialiste français.

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