Les épines du rosier 7) Comment la gauche a asphyxié le monde rural sous couvert "d'aménagement du territoire"<!-- --> | Atlantico.fr
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"Les grands élus locaux n’ont pas seulement élargi leur pouvoir au détriment de l’État central et du préfet ; ils l’ont fait aussi au détriment des "petits" élus de terrain, maires des communes moyennes ou petites."
"Les grands élus locaux n’ont pas seulement élargi leur pouvoir au détriment de l’État  central et du préfet ; ils l’ont fait aussi au détriment des "petits" élus de terrain, maires des communes moyennes ou petites."
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Pamphlet

Dans un pamphlet qu'Atlantico publie en feuilleton et alors que François Hollande fait figure de favori des sondages, Roland Hureaux a souhaité faire le point sur les grandes lignes des politiques passées et à venir des socialistes. 7ème épisode : la politique de la gauche dans le monde rural.

Roland Hureaux

Roland Hureaux

Roland Hureaux a été universitaire, diplomate, membre de plusieurs cabinets ministériels (dont celui de Philippe Séguin), élu local, et plus récemment à la Cour des comptes.

Il est l'auteur de La grande démolition : La France cassée par les réformes ainsi que de L'actualité du Gaullisme, Les hauteurs béantes de l'Europe, Les nouveaux féodaux, Gnose et gnostiques des origines à nos jours.

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Les grands élus locaux n’ont pas seulement élargi leur pouvoir au détriment de l’État  central et du préfet ; ils l’ont fait aussi au détriment des "petits" élus de terrain, maires des communes moyennes ou petites : une autre évolution contestable de la sphère locale dont l’initiative vient de la gauche et dont l’alibi est la prétendue nécessité de regrouper les communes.

Le point de départ fut la loi Joxe de réforme des collectivités territoriales du 6 février 1992, la même année que la réforme de la politique agricole commune et ce n’est pas un hasard : il s’agit dans les deux cas d’une machine de guerre contre ce qui faisait la spécificité du monde rural français.

Le but en était de mettre fin à l’éparpillement communal, jugé archaïque par la même technocratie qui avait lancé la réforme de la PAC. « 36 791 communes, disait-on, c’est trop. » Pourquoi trop ? On ne le savait pas exactement : ce mode d’administration était pourtant démocratique, peu coûteux, et n’était, en aucun cas, un obstacle au développement économique, bien au contraire. Mais comme la suppression pure et simple de ces communes eut suscité beaucoup de résistances, on résolut de les endormir en créant une structure d’accueil au nom d’une lourdeur typiquement socialiste : la communauté de communes destinée à terme à pomper peu à peu la substance des petites communes jusqu’à les faire "s’évaporer". Le nouveau dispositif alourdissait, sans rien améliorer, le syndicat à vocation multiple (SIVOM) qui, depuis des années, suffisait à régler les problèmes de coopération intercommunale. Là aussi était visé ce qui faisait la vie du monde rural.

La droite revenue au pouvoir en 1992, ne remit pas en cause cette politique : Charles Pasqua, sentant le malaise que l’abandon du monde rural par la gauche avait suscité, avait bien promis une relance de l’aménagement du territoire centré sur la ruralité. Mais, circonvenu par un idéologue socialiste, Jean-Louis Guigou, il ne fit que renforcer le dispositif instauré par Pierre Joxe. La gauche, de retour au pouvoir en 1997, n’agit pas différemment : Jean-Pierre Chevènement décida les maires ruraux à entrer dans la nasse en autorisant la multiplication, à leur bénéfice, de vice-présidences lucratives.

Connaissant mieux ce qu’il appelait « la France d’en-bas » Jean-Pierre Raffarin évita de toucher aux petites communes. Mais le mouvement inexorable tendant à leur réduction reprit de plus belle avec la loi Marleix du 16 décembre 2010 qui se situe dans le droit fil de la loi Joxe de 1992.

Le résultat : non point une simplification, mais une énorme usine à gaz, car ce qu’il est convenu d’appeler l’intercommunalité coûte de plus en plus cher aux contribuables : il n’a pas fallu, pour la faire marcher, moins de 400 000 recrutements de fonctionnaires locaux, sans compter les nombreux, pompeux et dispendieux "hôtels communautaires" construits un peu partout.

Les socialistes ont ainsi, en sus des deux échelons hérités de Napoléon, la commune et le département, ajouté au "mille feuilles" local deux autres niveaux : la région et la communauté de communes (ou d’agglomération dans les villes).

Même si la droite a eu aussi sa part dans cette dérive, l’impulsion tant idéologique que législative est venue de la gauche : le mépris du monde rural et la préférence de principe pour les grands ensembles, seuls supposés modernes comme les combinats de Staline, en sont les moteurs. Le vieux réflexe marxiste selon lequel le monde rural est dépassé, porteur d’archaïsme et de conservatisme demeure, même au sein de la gauche prétendue modérée. La haine du monde rural est dans les chromosomes de la gauche française

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