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Nicolas Sarkozy, le président qui voulait (trop) qu'on l'aime
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Bilan

Le bilan du quinquennat de Nicolas Sarkozy est loin de ravir tous ceux qui l'avait élu pour son esprit réformateur. Aurait-il dû maintenir le cap au lieu d'écouter ceux qui critiquaient son action ?

Didier Salavert

Didier Salavert

Didier Salavert est co-fondateur du think-tank la Fondation Concorde qu'il a aujourd'hui quitté.

Vice-président et porte parole d’Alternative Libérale, il a participé à plusieurs campagnes électorales de Jacques Chirac, sans toutefois jamais adhérer au RPR.

 

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John F. Kennedy rappelait que les élus étaient comme tous les hommes : ils veulent être aimés. Il est probable que ce sentiment naturel soit la cause de la chute de Nicolas Sarkozy. Un dirigeant, y compris politique, ne doit pas y succomber surtout lorsque les circonstances sont grave

En 2007, le diagnostic sur l’état de la France – tel que partagé par la majorité ayant porté Nicolas Sarkozy à la tête de l’Etat – était clair : la dépense publique était trop importante et elle était déjà largement financée à crédit. Cette dépense publique pesait sur la compétitivité de la France non seulement vis-à-vis des pays émergents mais plus grave encore face à nos partenaires européens, l’Allemagne en tête. La feuille de route était donnée au nouveau Président par ses électeurs : réduire à la dépense publique. Il s’y attaqua avec les qualités et les défauts qui sont les siens. Inutile à ce jour d’ergoter sur les défauts qui auraient été pardonnés et oubliés s’il avait réussi.

Puis la crise de 2008 est survenue. Celle-ci a été un révélateur et un accélérateur des difficultés de notre pays. C’est à ce moment là que Nicolas Sarkozy a commis l’erreur fatale de son mandat. Il avait le choix entre accélérer les réformes structurelles ou ralentir le rythme de ces réformes. Dans le premier cas, il s’aliénait encore plus son opposition et dans le second cas il perdait son électorat. Sans doute, conseillé par son entourage immédiat dont la référence Keynésienne n’est pas un mystère, il a fait le second choix. Dans la tempête, le capitaine a pris le mauvais cap.

Nicolas Sarkozy assure qu’il a réussi à protéger les Français de la crise. Le problème est qu’une moitié des Français ne perçoit pas cette protection (la montée du chômage chez les ouvriers et de la difficulté à trouver un premier emploi pour les jeunes légitiment cette absence de perception) et l’autre moitié ne croit pas que cette protection soit durable. De fait, la France se divise entre ceux qui vivent déjà la crise et ceux qui la voit venir. La communication lénifiante du gouvernement contredite de manière constante par les faits a retiré toute crédibilité au discours de Nicolas Sarkozy sur l’avenir.

Pris dans son piège du discours protecteur de l’Etat, Nicolas Sarkozy donne maintenant l’impression de faire la course derrière ceux dont la protection sociale est le fond de commerce. La réduction de la dépense publique ne s’envisage plus pour le candidat-Président qu’en proportion du PIB et non en valeur absolue. Le « travailler plus pour gagner plus » du candidat de 2007 devient travailler plus pour payer plus d’impôts. Les patrons réhabilités en début de quinquennat sont devenus des voyous. Le salut de la France passe à nouveau par une hausse des impôts. La matière imposable devient insuffisante en France, l’Etat va aller la chercher chez les Français établis à l’étranger. Pour paraphraser une fameuse publicité : « les socialistes en ont rêvé, Nicolas Sarkozy l’a fait ».

Le Président pris entre ses promesses de 2007 (sûrement correspondant à son naturel) et l’inflexion de sa politique est apparu incohérent à l’ensemble de l’électorat, de droite comme de gauche.

La critique est certes aisée mais on peut imaginer qu’une politique plus constante, et certes plus risquée, aurait pu donner un autre résultat électoral maintenant probable. Le Président – mieux conseillé – aurait rappelé aux Français que :

-les plans étatiques (qui plus est, financés par la dette) de soutien de la consommation sont toujours du gaspillage d’argent public,
-la crise exigeait une accélération des réformes et non leur ralentissement, notamment au plan de la réduction de la dépense publique,
-le choix était entre des difficultés importantes immédiates et des difficultés encore plus importantes à terme,
-il fallait encourager les énergies et les talents créateurs de richesse plutôt que de les pourchasser et de participer à leur stigmatisation.

Pour tenir ce discours, Nicolas Sarkozy pouvait s’appuyer sur l’expertise de l’entourage qui l’avait porté au pouvoir et même d’une partie des penseurs de gauche. Il pouvait aussi pointer du doigt les pays ayant connu les mêmes difficultés au cours des 20 dernières années et qui avaient mis en œuvre des politiques courageuses d’équilibre des finances publiques (pays Scandinaves ou Allemagne difficilement taxables d’« ultralibéralisme »). Il ne l’a pas fait. « Vouloir être aimé des Français m’a tuer » pourrait être son épitaphe historique.

C’est une occasion ratée mais nous garderons quand même en mémoire quelques grandes réformes sur lesquelles aucun gouvernement futur ne reviendra : l’autonomie des universités et le lancement de la réforme des retraites du secteur privé notamment.

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