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Plan contre la fraude fiscale : les (trop) bonnes intentions du gouvernement
©Reuters

Pavés de la route de l’enfer

Le gouvernement a présenté son plan de lutte contre la fraude fiscale. Il repose largement sur un durcissement des sanctions et sur des moyens renforcés d’investigation. Le verrou fiscal est en revanche maintenu.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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Dans le cadre de la prochaine loi ESSOC (« pour un Etat au service d’une société de confiance »), le gouvernement a dévoilé ses projets en matière de lutte contre la fraude fiscale. Le mouvement est double: d’une part, Emmanuel Macron devrait réaliser sa promesse d’un droit à l’erreur. D’autre part, les sanctions seront beaucoup plus dures pour ceux qui ne sont pas de bonne foi mais qui sont de « vrais fraudeurs ».

Le renforcement des sanctions à tous les étages

Dans la pratique, les propositions du gouvernement sont doubles. 

Premièrement, les services d’investigation de Bercy devraient être renforcés, de manière à ne pas laisser le ministère de l’Intérieur seul à la manoeuvre en cas d’enquête. En outre, le croisement des informations entre administrations devrait être facilité. 

Deuxièmement, les sanctions devraient être beaucoup plus lourdes, notamment avec une publicité nominative systématique accordée aux fraudeurs. Un nouveau délit devrait être créé d’aide à la fraude fiscale.

Quelques professions durement touchées

On notera par ailleurs que les plate-formes comme Airbnb ou Drivy seront contraintes de transmettre à l’administration fiscale le détail des revenus qu’elles versent aux loueurs de biens. Une pénalité financière sera exigée en cas d’oubli d’information. 

Parallèlement, l’ingénierie de défiscalisation devra être déclarée, et sera sanctionnée dès lors que les montages sont frauduleux. Ajoutée à l’obligation de transmettre à l’administration fiscalele détail des produits de défiscalisation à l’étranger, cette obligation risque de freiner pas mal d’ardeurs parmi les conseillers fiscaux…

La lutte contre l’évasion fiscale repose désormais sur la question de la bonne foi

On le voit, tout désormais repose sur la notion de bonne foi du contribuable. Soit celui-ci est en mesure de la prouver en cas d’erreur dans ses déclarations, et il sera épargné par les sanctions (dans des conditions qui restent à éclaircir), soit il n’est pas en mesure de la prouver, et l’administration fiscale pourra avoir la main lourde contre lui.

Les entrepreneurs, qui connaissent l’imprécision (et parfois la contradiction) des textes ne manqueront donc pas d’éprouver quelques inquiétudes face à ces innovations qui les visent directement. En cas de fraude patente, la situation sera naturellement assez claire. Mais quel sera le sort fait aux entrepreneurs qui sont redressés par le fisc mais qui contestent l’interprétation officielle du corpus fiscal?

Seront-ils là encore mis à l’amende comme des fraudeurs patentés?

On rappellera que ce projet s’intègre dans un contexte plus général de surveillance accrue sur les transactions. Ledernier rapport Tracfin l’a mis en évidence.

Cet article aété initialement publié sur le site Décider & Entreprendre

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