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Bruno Bonnell : « A ceux qui pensent qu'Emmanuel Macron est le président des riches, j'ai envie de répondre qu'ils ont raison. C'est le président des riches d'idées, des riches d'innovation, des riches d'audace, des riches de courage »
©PHILIPPE DESMAZES / AFP

Interview

Le député LREM évoque la politique gouvernementale, notamment sur le terrorisme, l'immigration et les réformes.

Emmanuel Macron a mis en place une task force antiterroriste lors de son arrivée au pouvoir qui a permis de mieux coordonner les services de renseignement. Après l’attaque terroriste de Carcassonne et de Trèbes, quelles vous semblent être les priorités pour lutter encore mieux contre le terrorisme ? D’autres efforts ou mesures vous paraissent-ils nécessaires ?

Bruno Bonnell : Un plan d'attaque aussi complexe que celui du terrorisme nécessite des réponses qui s'adaptent en fonction des situations. Nous avons mis en place de nombreux moyens pour lutter contre ce fléau et n'oublions pas que derrière l'attentat de Trèbes il y a eu de très nombreuses tentatives qui ont heureusement été arrêtées à temps.

Mais malgré tous les moyens déployés par l'Etat pour lutter contre cette forme lâche de guerre, il faut garder en tête qu'il y aura d'autres attentats mais cela n'empêche pas que l'on finira par gagner. C'est par des actes héroïques comme celui du gendarme Beltrame que l'on démontre que l'on a envie et que l'on finira par gagner cette guerre.

A mon sens rajouter des moyens supplémentaires serait dénué d'efficacité.

La députée LR Valerie Boyer a annoncé qu’elle comptait déposer un amendement au projet de loi immigration et droit d’asile afin d’empêcher qu’accèdent à la nationalité française les fichés S ou les personnes déjà condamnées. Cela vous paraît-il une bonne idée ?

Toute exploitation politique à chaud d'un deuil nationale me parait absolument hors de toute proportion et hors de toute dignité. Je réfléchirai  aux mesures législatives quand la nation aura en partie fait son deuil.

J'ai lu cette annonce comme l'annonce indigne de Madame Le Pen qui accusait les gens qui n'avaient pas voulu exclure du territoire les fichés S  d'être presque des complices de cette horreur… Ces gens je les laisse à leur indignité. Je suis en deuil pour la nation et je ne me permettrai certainement pas aujourd'hui de faire ce genre d'observations.


Certains s’étonnent que la vision du président de la République sur la laïcité reste un peu pointilliste et évite les problèmes qui fâchent. Faudrait-il selon vous être plus exigeant face aux atteintes à la culture française, aux valeurs et aux lois républicaines ? Et plus ferme face aux revendications islamistes du quotidien ?

La République doit rester fidèle à l'article premier de sa Constitution. Elle doit respecter toutes les cultures et on ne va pas mélanger les musulmans et ces terroristes islamistes qui finalement ne suivent  absolument pas ni la philosophie ni la lettre de l'islam. La laïcité est clairement exprimée dans notre République et respectée comme valeur de rassemblement. Aujourd'hui, il faut gérer ces cas comme des exceptions. Ce qui me fait peur dans ces histoires c'est que l'on commence à repartir sur le "délit de sale gueule". Aujourd'hui la question n'est pas forcément d'être ferme, même s'il faut l'être, mais d'être convaincu que le liant de la nation c'est la laïcité. Et là-dessus il n'y a pas l'ombre d'une ambiguïté en ce qui concerne le président de la République.

Nous sommes dans un Etat de droit qui induit une parole libre mais nous sommes aussi dans un Etat de devoirs. Si des bornes sont dépassées dans l'expression d'une opinion qui va vers des choses qui ne sont pas républicaines, nos institutions répondent et je pense qu'aujourd'hui la Justice fait son devoir et elle le fait bien. Je ne partage donc pas ces accusations de laxisme. N'utilisons pas les drames qui touchent notre nation à des fins politiques, surtout à chaud.

Yassine Bellatar, qui pratique beaucoup l’insulte sur les réseaux sociaux, sur les plateaux télé voire dans la vie face à tous ceux qui ne pensent pas comme lui a été nommé au Conseil des Villes. Pire, le même considère que tous ceux qui s’interrogent sur les défis que représentent l’islam politique pour la République sont des islamophobes. Quel signal Emmanuel Macron envoie-t-il ainsi ? Vous paraît-il justifié de promouvoir une voix qui a considéré que Céline Pina qui milite contre l’emprise grandissante de islam radical sur certains quartiers souhaiterait de ce fait « la mort de tous les musulmans » ?

Je ne connais pas cette personnalité je ne peux pas m'exprimer sur ce sujet.

Vous défendez une vision ferme de l’encadrement des flux migratoires, êtes-vous toujours à l’aise au sein de La République en marche où certains trouvent que le projet de loi du gouvernement n’est pas assez humain ?

Je ne défends pas une vision ferme mais réaliste. J'ai expliqué que je préférais construire des ponts plutôt que des murs. De toute façon, la migration est un phénomène de société avec lequel nous devons vivre probablement pour les cinquante prochaines années. Il y a une immigration dramatique pour les ressortissants de certains pays, une immigration économique qui nous frustre et puis arrive la vague de la migration climatique qui sera encore plus terrible. Le phénomène migratoire est un phénomène inéluctable et construire des murs ne servira à rien.

C'est aussi un phénomène qu'il faudra regarder en fonction de ce qu'il peut apporter à un territoire. Le phénomène migratoire amène aussi une nouvelle dynamique, des gens prêts à se relever les manches pour prouver leur valeur. Je suis loin de penser que la migration est quelque chose qui soit négatif pour un pays.

Maintenant si l'on fait n'importe quoi et que l'on accueille dans un espèce d'angélisme sans réflexion sur l'intégration, on finira par avoir des territoires dans lesquels l'ambiance sera extrêmement tendu et probablement qu'il y aura des conséquences politiques difficiles.

Je suis pour que l'on mette en place une loi qui permette d'abord identifier les personnes qui rentrent sur le territoire. Une loi qui permette aussi une régulation et une gestion des gens qui arrivent au travers de la notion d'intégration.

Je ne lis pas cette loi comme une loi d'exclusion mais comme une loi qui permettra la régulation d'un phénomène que l'on n'arrêtera pas.

Jeudi 22 mars, la mobilisation des fonctionnaires est restée relativement limitée mais celle des cheminots était nettement plus importante. Face à des Français qui considèrent par ailleurs à près de 75% (dans un sondage Elabe cette semaine) que la politique menée par le gouvernement est injuste, trouvez-vous qu’Emmanuel Macron et le gouvernement donnent suffisamment de sens à leur action globale ? Comment expliquer mieux les réformes en cours à des Français dont l’avis n’est pas totalement arrêté mais qui pourraient basculer dans le soutien au mouvement social ?

Il faut absolument rappeler qu'il y a du sens derrière l'action globale. Contrairement à ce que je lis chez bon nombre de vos confrères, nous ne sommes pas dans une avalanche de réformes mais dans la conduite d'un changement pour le pays. Quand on entreprend des changements aussi importants de nombreux secteurs sont touchés et beaucoup de choses doivent se passer en même temps d'où l'importance de rappeler le sens de l'action comme le fait le président de la République dans chacun de ses discours, contrairement au Premier ministre qui, lui, est chargé de l'exécution de cette vision.

Sur les mobilisations, j'ai deux remarques. Sur la forme d'abord la grève préventive me paraît complètement déplacée. On n'a pas encore abouti dans les discussions avec les syndicats, il n'y a pas eu de réelle concertation ou de débats et alors même qu'on ne touche pas au statut des cheminots actuels il y a déjà des grèves. Je ne m'en moque pas, je pense qu'il faut écouter la colère et l'inquiétude mais partir dans une position "de force" avant même le début des négociations me paraît déplacé.

Sur le fond il faut écouter les signaux faibles. Je suis sur le terrain et permanence et je les entends. On a là un devoir de pédagogie. Quand on est dans une phase de transformation, il faut être transparent vis-à-vis des objectifs et il me semble que nous l'avons été. Aujourd'hui, notre devoir est de faire un profond travail de pédagogie. Visiblement notre travail de ce point de vue n'est pas encore satisfaisant car il y a des catégories socio-professionnelles qui doutent et qui caricaturent notre action ou la résume à des sacrifices.

Il faut aussi que l'on montre que cette détermination à la transformation ne s'arrêtera pas à des réactions sociales qui s'inscrivent dans une grille de lecture que je peux qualifier de politicienne. Souvent de grandes réformes sont été arrêtées car les gens qui étaient en place sur le plan politique se disaient que "le message politique ne passerait pas". Il y a aujourd'hui 50% des représentants de LREM à l'Assemblée Nationale qui sont directement issus de la société civile. Ils ont une attitude d'observation par rapport aux réformes qui n'est donc pas politicienne ou idéologique mais qui est beaucoup plus éclairée.

Et comment mieux expliquer la hausse de la CSG qui s’est noyée jusqu’à présent dans des considérations essentiellement centrées sur le pouvoir d’achat plus que dans une explication globale sur notre modèle de protection sociale ou la solidarité entre générations. Peu de Français semblent avoir compris que l’intention était de faire reposer le financement de notre modèle de protection sociale sur l’ensemble des Français et pas seulement sur les salariés...

Encore une fois en faisant de la pédagogie. Pourquoi avons-nous annoncé une augmentation de la CSG? Pour supprimer des feuilles de paye de l'ensemble des personnes en France qui travaillent les lignes "cotisations chômage" et "cotisations sociales". Cela veut dire que ce ne sont plus seulement les travailleurs qui doivent supporter le chômage mais l'ensemble de la nation. C'est pour cela que l'on a étendu cette CSG. Ce sens s'est perdu dans le débat sur le pouvoir d'achat alors que l'on étend la protection chômage aux artisans, aux agriculteurs, aux indépendants… Je comprends la grogne des personnes qui sont touchés par cette augmentation de la CSG mais cette augmentation a vraiment pour but d'augmenter la protection sociale d'un plus grand nombre de Français

La hausse de la CSG vient d’être corrigée pour 100 000 retraités aux revenus modestes. N’est-ce pas la reconnaissance que le gouvernement -peut-être en raison de sociologie favorisée de ses membres- a peiné à prendre la mesure de ce que vivent les Français les moins avantagés, voire les Français moyens ?

Je pense que c'est une forme d'agilité politique dont nous avons fait preuve. Evidemment pas dans le sens d'un calcul politicien mais reconnaître une erreur et ajuster une politique en conséquence est pour moi une force du gouvernement. C'est une action plutôt honorable à mon sens et qui mérite d'être saluée.

Vous-même chef d’entreprise à succès, vous avez critiqué cette semaine le milliardaire américain Elon Musk qui s’est octroyé un plan d’intéressement à 56 milliards de dollars sur les résultats de son entreprise Tesla. Comprenez-vous mieux du coup ces Français qui considèrent que la financiarisation du capitalisme est allée trop loin et qu’il est temps de le ré-humaniser ? Et qu’avez-vous envie de répondre à ceux qui dans le même mouvement pensent qu’Emmanuel Macron est le président des riches ?

Non seulement je suis un de ces Français qui considère que la financiarisation du capitalisme est allé trop loin mais je l'ai combattu toute ma vie de chef d'entreprise. Ce n'est pas parce que j'ai mis des sociétés en bourse pour qu'elles se développent que je ne me suis pas battu jusqu'au bout pour que nous ne soyons pas les victimes de cette économie de marché ultralibérale.  En ce sens j'ai adoré le discours de Davos du président où il souligne que si l'on ne rajoute pas du "bien commun" dans la logique entrepreneuriale en Europe on allait commettre une erreur historique.

Je suis un soutien sans faille du rapport Notat-Sénard sur la réflexion sur la nature même de l'entreprise. Ce rapport est fondateur. Il montre que la logique des entreprises qui ne pensent au profit que pour les associés est dangereuse et stérilisante. Pourquoi ne serions-nous pas le premier pays à dire que la société responsable c'est la base des sociétés que nous voulons créer.

A ceux qui pensent qu'Emmanuel Macron est le président des riches, j'ai envie de répondre qu'ils ont raison. C'est le président des riches d'idées, des riches d'innovation, des riches d'audace, des riches de courage. Ceux qui caricaturent Macron comme le président des riches sur le plan purement économique ne lisent pas tout l'effort de transformation que nous sommes en train de faire.  Je donne rendez-vous à ces gens dans quelques années quand nous auront fait un bout de chemin.

Le sommet européen s’est conclu sans annonce majeure. Au regard des rapports de force en Europe, le discours d’optimisme et de volontarisme d’Emmanuel Macron sur l’avenir de l’Union ne risque-t-il pas d’apparaître comme de plus en plus déconnecté du réel ?

L'Europe a pris des coups. Le Brexit, la montée des populismes à l'est, la montée des partis d'extrême droite en Allemagne, les résultats des élections italiennes… Il y a donc une vraie remise en question et plus que jamais il faut être déterminé à préserver l'Europe.

Quel est le sens fondamental de l'Europe ? Ce n'est pas Bruxelles, c'est la paix. Evidemment dans le contexte du terrorisme actuel c'est une paix fragile mais c'est une paix qui dure depuis 70 ans. Plus que jamais il faut avoir des convictions sur l'Europe. Madame Le Pen a été claire lorsqu'elle a dit que la nouvelle opposition se fait entre les "mondialistes" et les "nationalistes". Moi je ne crois pas que la solution du 21e siècle soit d'être nationaliste. Emmanuel Macron porte ce message. L'environnement politique s'est complexifié donc la détermination politique doit être d'autant plus forte. Il ne faut pas s'arrêter à des élections qui ont été très décevantes même si c'est la décision des peuples locaux. Il faut maintenant faire avec ce que l'on a.

Une partie de la droite s’est émue cette semaine du traitement réservé par la justice à Nicolas Sarkozy. Cela vous paraît-il audible ? Et au-delà du cas de l’ancien président, les droits des « accusés » vous paraissent-ils suffisamment respectés dans le système d’instruction français ? Entendez-vous ceux qui s’inquiètent que la réforme pénale envisagée par le gouvernement renforce encore le pouvoir des juges au détriment des droits de la Défense ?


Je suis sur ce sujet extrêmement prudent non pas politiquement mais humainement. J'ai toujours eu du respect pour toute personne qui s'est engagé et qui a été élue même si je ne partage pas ses opinions. La rumeur est une boue infâme. Aujourd'hui nous n'avons pas accès au dossier donc je me garderai bien de faire des commentaires sur le fond. 

Nous ne voyons la surface qui dit qu'un ancien président de la République est accusé par quelqu'un qui est probablement mythomane qui n'a pas la blancheur de la colombe. Je vais laisser la justice aller au bout et je souhaite cette fois que si Monsieur Sarkozy est innocenté que les propagateurs de rumeurs en payent les conséquences.

Je pense que le droit des accusés dans le système d'instruction sont suffisants mais que la dérive d'une information donnée de façon parcellaire et amplifiée par les réseaux sociaux et certains médias créent de nombreux problèmes.

Vous exprimez des points de vue sociétaux plus conservateurs que la moyenne des députés LaRem, pensez-vous que vous aurez le poids politique nécessaire pour faire échouer des projets de lois visant à légaliser l’euthanasie ou étendre la PMA ? Et que feriez-vous si la qu’est-il de la GPA était mise sur la table ?

D'abord je n'ai pas de prises de positions plus "conservatrices". Sur les questions sociétales je n'aime pas les mots "conservateurs" ou "progressistes" car, pour moi, il n'est question que de gens qui ont des valeurs qu'ils défendent. Ces convictions et ces valeurs sont le fruit de votre culture, de vos expériences… En l'occurrence j'ai eu une expérience personnelle avec l'euthanasie et j'ai acquis une conviction personnelle que je n'allais pas donner la mort à quelqu'un qui n'avait pas la conscience de me la demander.

A l'inverse il existe une valeur fondamentale qui est le choix de sa vie. Qui doit choix de vie dit choix de mort. Si quelqu'un de lucide veut faire le choix de "partir" et demande une assistance, je n'y verrais aucun inconvénient. Si l'on me présente une loi sur le suicide assisté je la voterai et si on me présente une loi sur l'euthanasie sur des personnes inconscientes je voterais contre.

Maintenant je suis un démocrate et si la majorité décide de voter pour cette loi je respecterai ce choix.

Sur la PMA, ma conviction est que chaque femme a un droit absolu à avoir un enfant. Si la science permet qu'elle puisse en avoir un de façon assisté je voterai la PMA. Je voterai toutefois contre la GPA si le projet arrive sur la table car je pense que notre monde mercantile n'a pas la maturité pour que l'on puisse éviter les débordements et qu'il pourrait y avoir des trafics de ventres de la même manière qu'il y a des trafics d'organes.

Vous avez été classé parmi les députés les moins assidus en commission à l’assemblée nationale : est-ce à dire qu’avec la culture de l’efficacité qui est la vôtre en tant que chef d’entreprise, vous avez fait le constat depuis votre élection du peu de pouvoir détenu par les députés, d’où votre manque d’intérêt relatif pour l’Assemblée ?

 Absolument pas. J'ai par contre souri en voyant ces classements car ils sont le fruit d'une méthodologie que je trouve décalée par rapport aux réalités de nos métiers. Ils comptabilisent les interventions et les interjections que l'on a dans l'hémicycle. C'est bien mon sens de l'efficacité qui dans les six premiers mois de ma mandature m'a fait écouter avant de parler pour comprendre les mécanismes que je ne connaissais pas et éviter de donner en m'exprimant à l'opposition une occasion de repartir sur des interventions.

Ensuite heureusement que le travail du député ne se fait pas uniquement dans l'hémicycle ou en commission. Je suis très étonné que l'on classe les députés car de toute façon que l'on soit premier ou dernier du classement le poids du vote reste le même. Enfin j'inviterai les gens qui font ces classements à inventer un algorithme qui intègre tout le  travail parallèle, car être dans l'hémicycle à lever la main n'est pas l'essentiel de notre travail.

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