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Pourquoi la bombe démographique qui menace la planète a finalement été désamorcée
©EyeonEarth / Flickr

7,5 milliards de Terriens et moi et moi et moi

D'après un article de Bloomberg, la question de la capacité de la planète et des hommes à nourrir une population mondiale à la croissance exponentielle serait dernière nous. L’amélioration de la sécurité alimentaire mondiale est principalement le produit de deux facteurs.

Atlantico : Selon un article publié par Bloomberg, la question de la capacité de la planète (et des hommes) à nourrir une population mondiale à la croissance exponentielle, dont Thomas Malthus a été le premier à pointer le risque de famine de masse, serait dernière nous. Le couple innovation et taux de fertilité ayant passé le seuil critique. Quels sont les facteurs principaux de la situation actuelle, plus optimiste que par le passé ?

Laurent Chalard : L’amélioration de la sécurité alimentaire mondiale, qui se traduit par une baisse du pourcentage de personnes souffrant de malnutrition et une raréfaction des famines depuis les années 2000, est principalement le produit de deux facteurs.

Le premier, d’ordre démographique, est le fort ralentissement de la croissance de la population planétaire, grâce à un abaissement de la fécondité (2,5 enfants par femme en 2017), qui se rapproche du seuil de remplacement des générations (environ 2,3 enfants par femme en 2017 du fait de la mortalité infantile des pays pauvres). Les perspectives d’une croissance démographique exponentielle, redoutée dans les années 1960, se sont éloignées, grâce aux politiques de limitation des naissances et au développement économique de bon nombre de pays, ce dernier étant un facteur de réduction de la fécondité.

Le second facteur, d’ordre économique, est l’importante augmentation des rendements agricoles sur la planète, grâce, en particulier à la Révolution Verte, dans les pays du tiers-Monde. En effet, dans les années 1960, les experts ne pensaient pas que les gains de productivité agricoles auraient pu être aussi importants que ce qu’ils ont été, c’est-à-dire une multiplication de la productivité et non une simple augmentation de quelques pourcents. L’utilisation des engrais, la motorisation de l’agriculture, la sélection des espèces cultivées les plus productives ou encore la bonification des terres ont conduit à des progrès considérables.

Quelles sont cependant les zones qui sont encore à risque concernant les famines de masse ? Quels sont les autres facteurs à surveiller sur cette question ?

A l’heure actuelle, sauf scénarios noirs, les famines de masse semblent exclues. Cependant, certaines zones de la planète demeurent encore à risque de disette, plus que de famines de masse. Ce sont des régions qui combinent plusieurs facteurs défavorables : une forte croissance démographique, des densités de population élevées, une faible fertilité des sols ou encore un approvisionnement en eau insuffisant ou irrégulier. Cette situation ne concerne guère les continents américain et européen, concernant essentiellement l’Afrique et l’Asie. En Afrique, on pense, bien évidemment, au Sahel, où l’approvisionnement alimentaire est relativement problématique depuis plusieurs décennies, du fait d’une faible productivité de l’agriculture locale et de conditions environnementales défavorables, mais d’autres parties du continent peuvent aussi être touchées. En Asie, c’est surtout la péninsule indienne, où le problème relève plus de la surpopulation qui limite l’apport alimentaire moyen par habitant, les terres étant fertiles et les rendements agricoles ayant considérablement progressé.

Un adage contemporain dit qu’il n’y a pas de famines dans les Etats démocratiques, quel que soit leur niveau de richesse, ce qui sous-entend que les famines se constatent souvent dans des régions où sévissent des conflits armés, qui perturbent les circuits d’approvisionnement et où « l’arme alimentaire » est parfois utilisée par des chefs armés cyniques pour soumettre des populations. En conséquence, l’un des meilleurs moyens pour lutter contre la malnutrition est d’empêcher les guerres, ce qui est plus facile à dire qu’à faire !

Quels seraient les scénarios noirs envisageables et réalistes qui pourraient venir atténuer le constat donnant tort à Thomas Malthus ?

Le principal « scénario noir » serait une crise géopolitique mondiale, de type guerre mondiale, venant perturber les échanges alimentaires internationaux, les communications étant coupées, ou, tout du moins, réduites temporairement entre les pays, voire les continents. Dans ce cas-là, les Etats dépendants de l’aide alimentaire internationale pour nourrir convenablement l’ensemble de leur population risqueraient de subir une famine de masse, en particulier si cela venait à se dérouler pendant une année de mauvaise récolte. C’est le pire scénario qui puisse arriver. Sa probabilité est faible, mais il n’est pas impossible, puisque des conflits d’ampleur globale ont déjà eu lieu par le passé. Les conséquences seraient dramatiques car la population de la planète est beaucoup plus élevée que par le passé.

Un deuxième « scénario noir » serait une catastrophe naturelle exceptionnelle d’ampleur plurimillénaire, entraînant une crise écologique planétaire, comme la chute d’une météorite ou l’explosion d’un supervolcan obscurcissant l’atmosphère terrestre pendant plusieurs mois, conduisant à des récoltes planétaires anormalement basses. Sans être nulle, la probabilité de ces évènements à court terme est extrêmement faible, bien moins qu’un conflit armé planétaire.

Enfin, un dernier scénario noir serait un arrêt de la baisse de la fécondité mondiale, qui conduirait la population de la planète de continuer de croître à un rythme soutenu. Les politiques de limitation des naissances demeurent donc d’actualité, en particulier dans les territoires qui connaissent un stress alimentaire certain, comme le Sahel. Si la « bombe démographique » s’est dégonflée, elle n’a pas totalement disparu !

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