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Italie, France, Allemagne : divergences et convergences de ces fractures géographiques qui coupent les pays en deux
©ANDREAS SOLARO / AFP

Deux mondes

Au lendemain des élections générales italiennes, la carte du vote révèle une nette fracture nord/sud du pays, entre une coalition menée par Silvio Berlusconi mais dominée électoralement par M.Salvini au nord, et un sud dominé par le mouvement M5S.

Au lendemain des élections générales italiennes, la carte du vote révèle une nette fracture nord/sud du pays, entre une coalition menée par Silvio Berlusconi mais dominée électoralement par M.Salvini au nord, et un sud dominé par le mouvement M5S. Quelles sont les dynamiques d'une telle fracture ?

Tout d’abord, il convient de rappeler que l’Italie se distingue par un système politique beaucoup plus fragmenté que dans les autres pays développés, conduisant quasi-systématiquement à des gouvernements de coalition regroupant plusieurs formations politiques, du fait de son caractère de régime parlementaire. Le traditionnel bipartisme des régimes présidentiels n’y existe pas.

Dans ce cadre, entre 1994 et 2011, Silvio Berlusconi a régné sans partage sur le pays grâce à une stratégie électorale qui lui a permis de récolter l’adhésion de territoires aux caractéristiques totalement opposées : le nord-ouest (dont Milan), le moteur économique national, et le Mezzogiorno, correspondant aux régions en retard de développement, grâce à l’alliance dans une coalition centrée autour de son parti, Forza Italia, de deux autres partis à l’assise géographique totalement inverse et aux discours opposés. Au nord, il s’était allié avec la ligue du Nord d’Umberto Bossi, qui se déclarait anti-impôt, pour la décentralisation et autonomiste. Au sud, il s’était associé avec Alleanza Nazionale, ancien parti fasciste de Gianfranco Fini qui s’était recentré, prônant l’interventionnisme de l’Etat et la redistribution des richesses, c'est-à-dire un programme économique contraire du premier ! Le parti démocrate de centre-gauche restait lui dominant dans l’Italie du centre-nord, correspondant en partie à la Troisième Italie des districts industriels.

Aux élections législatives de 2018, ce schéma géographique a complètement explosé. En effet, l’effondrement électoral du centre-gauche, qui ne conserve une position dominante que dans ses bastions urbains de Toscane et d’Emilie-Romagne, dont l’universitaire Bologne, conduit à une relative dualisation politique du territoire italien entre un nord acquis à la coalition menée par Silvio Berlusconi alliée à la Ligue (ex Ligue du Nord) et un sud dominé par le mouvement 5 étoiles fondé par Beppe Grillo, qui rappelle étrangement la géographie économique de la péninsule italique, opposant un nord dynamique à un Mezzogiorno, qui n’a jamais réussi à rattraper son retard de développement, malgré les politiques économiques incitatives de l’Etat central italien. 

Que cela soit en France ou au Royaume-Uni, cette fracture géographique semble se répéter une nouvelle fois. Quelles sont les similitudes qui coexistent entre ces différents pays ? 

Effectivement, l’analyse des résultats des élections législatives italiennes de 2018 fait émerger, au premier abord, le désormais traditionnel schéma de géographie électorale, opposant un ou des  « centre(s) », grands bénéficiaires de la mondialisation, à des périphéries, perdantes de la mondialisation, qui ont consécutivement des comportements de vote différenciés. En effet, la mondialisation en Italie favorise principalement les grandes métropoles du Nord, dont la plus importante d’entre elles, Milan, seule réelle « ville globale » du pays, relayée par un réseau de métropoles secondaires dynamiques qui s’égrènent d’ouest en est le long de la vallée du Pô. En conséquence, alors que les migrations intérieures de jeunes actifs du sud vers le nord s’étaient atténuées dans les années 1980, elles sont sensiblement reparties à la hausse depuis les années 2000, l’économie du sud n’étant pas suffisamment solide pour résister à la concurrence internationale au moment où l’économie s’est libéralisée et les frontières se sont ouvertes. 

Quelles en sont les divergences ? 

Cependant, derrière ces ressemblances, il existe deux divergences notables. La première tient au caractère populiste du parti dominant au nord de l’Italie dans les régions dynamiques. En effet, dans les autres pays européens, les territoires gagnants de la mondialisation se caractérisent par un plébiscite pour les partis prônant l’ouverture. Or, c’est tout sauf le cas de la Ligue ! La vague populiste touche l’ensemble du pays, même si elle se traduit de manière différente dans les urnes en fonction des régions. 
La seconde différence de l’Italie par rapport à la France ou d’autres pays développés, est que la fracture n’est pas tant une fracture entre les grandes métropoles dynamiques et le reste du territoire à la traîne, mais entre des régions intégrées (le triangle industriel du Nord et la troisième Italie, auquel s’ajoute Rome) et des régions marginalisées, le sud de la botte et les deux grandes îles méditerranéennes, que sont la Sardaigne et la Sicile. Dans ces territoires, la métropolisation ne semble pas prendre. La grande métropole du Sud qu’est Naples ne bénéficie nullement de la mondialisation, ne se portant pas mieux que les campagnes environnantes. 

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