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La police néerlandaise s’inquiète de la transformation des Pays-Bas en narco-Etat
©ULISES RUIZ / AFP

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Pieter-Jaap Aalbersberg, chef de la police d'Amsterdam, alerte : du fait du crime organisé lié à la drogue, les Pays-Bas deviennent un véritable "narco-Etat".

Xavier Raufer

Xavier Raufer

Xavier Raufer est un criminologue français, directeur des études au Département de recherches sur les menaces criminelles contemporaines à l'Université Paris II, et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Dernier en date:  La criminalité organisée dans le chaos mondial : mafias, triades, cartels, clans. Il est directeur d'études, pôle sécurité-défense-criminologie du Conservatoire National des Arts et Métiers. 

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Pieter-Jaap Aalbersberg, chef de la police d'Amsterdam, alerte : du fait du crime organisé lié à la drogue, les Pays-Bas deviennent un véritable "narco-Etat". N'y-a-t-il pas une contradiction entre la réputation néerlandaise d'un pays calme où les prisons se vident plus qu'elles ne se remplissent ? Comment expliquer ce paradoxe ?

Dénonçons d'abord - cet aveuglement provoque des drames stratégiques - le silence des grands médias d'information sur le cas néerlandais : depuis des lustres, ces médias nous vantent le modèle de Pays-Bas sympa - qui n'existent que dans leur idéologie libertaire. Car l'histoire de la Hollande et de la drogue est celle d'une énorme hypocrisie. Depuis deux décennies, je voyais (à Europol, dans des conférences) des policiers néerlandais angoissés par le narcotrafic opérant dans leur pays - pendant que des politiciens néerlandais vantaient leur modèle d'un vivre-ensemble sympa, à base d'innocentes fumettes entre amis. 
Hypocrisie : voyez où l'on achète et fume du cannabis dans ce pays, dans des "Haschisch shops" ou "Cannabis-shops" ? Non : dans des "Coffee-shops". Ce faisant, les libéraux néerlandais niaient que deux "Pays-Bas" se superposent : l'un paisible, 80% du territoire et l'autre, devenu une sorte de Medellin riverain de la Mer du Nord. J'y reviens plus bas.
D'abord, les Pays-Bas paisibles : en 2016, (dernières données disponibles) on y compte 930 000 infractions de tous ordres, moins 29% sur 2007, dix ans avant. Et de 2016 à 2015, - 8% d'infractions, en un an. Détaillons : infractions violentes, - 3% ; vols avec violence, - 12%, etc. L'enquête de "victimation" 2016 (on interroge le public sur la criminalité vécue) : 4,4 million d'infractions signalées, 600 000 de moins qu'en 2012.
Inquiétude cependant pour ce public - donc pour les politiciens : la poussée des cambriolages (selon les assureurs) dans le pays : 61 000 en 2015, 64 000 en 2016. Ca augmenterait encore en 2017. Le drame néerlandais éclate au grand jour.

Si les chiffres officiels suggèrent que la criminalité est à la baisse, la police néerlandaise mentionne également que de nombreuses victimes ont cessé de signaler les incidents. Comment expliquer cela ?

Typique de l'intimidation des citoyens honnêtes, dans des quartiers où des bandits font la loi. Ces quartiers existent bien sûr aux Pays-Bas, comme en France, là où vit le gros des immigrés extra-européens. Une statistique officielle (police + agents sociaux) montre que 70% des travailleurs sociaux des Pays-Bas (bien sûr, hors des quartiers bourgeois...) rencontrent au quotidien des malfaiteurs en action, dealers de drogues par exemple, sans réaction policière notable. 
En outre, le pays comptant désormais quelque 200 gangs, adultes ou juvéniles, un sondage révèle que, sur 4 000 maires et élus municipaux consultés (villes grandes ou petites), un quart a déjà été menacé par des malfaiteurs : pas le comportement de bandits férocement réprimés... En 2016 enfin, à Amsterdam, les sympa "Coffee-shops" des bobos-journalistes se sont dix fois fait tirer dessus à l'arme à feu - symptôme clair d'une sous-jacente activité criminelle.
Ainsi, quand la police regarde de l'autre côté, laisse agir les bandits, normal que les prisons soient vides... Pendant ce temps, des experts alertent sur un "afflux de cocaïne à Amsterdam". S'ajoute dans le pays une massive production de stupéfiants chimiques (MDMA-ecstasy, amphétamines, etc.): en 2016, y ont été démantelés 15 laboratoires au Brabant, 14 au Limbourg, 12 à Zuid-Holland.

Comment se structure ce trafic dans le pays et qui en sont les acteurs ?

Des tonnes de cocaïne arrivent chaque mois au port de Rotterdam, où, comme dans la plupart des ports du monde, moins de 10% des conteneurs sont vraiment inspectés. Or désormais, des pirates informatiques ont infiltré les systèmes informatisés portuaires : les Narcos d'Amérique latine placent aisément leur drogue dans des conteneurs qu'ils récupèrent vite à l'arrivée, avant que des douaniers dépassés ou soudoyés les aient repérés. La police de Rotterdam signale maints cas d'intimidation de dockers ou de camionneurs, pour qu'ils aident au trafic - ou ferment les yeux. Selon le maire de Rotterdam (lui-même, "issu de la diversité") un travailleur sur sept du port a déjà été approché ou intimidé.

Quelles sont les conséquences de ce trafic à l'international (notamment avec le port de Rotterdam) ?

Culture en serres du cannabis (plus lucratif que les tulipes...), laboratoires d'ecstasy, plaque tournante européenne de la cocaïne : le paradis-bobo-sympa est en fait le supermarché européen des stupéfiants. En prime, des géants bancaires genre coulants (les banques ING, Amro, ont déjà été dénoncées et sanctionnées) : le gratin mondial Narco s'est implanté sur place : mafia turque, Marocains du Rif (cannabis) Colombiens (cocaïne), etc. Et que le siège d'Europol soit à La Haye, Pays-Bas, ne semble pas vraiment les terrifier...

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