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Pourquoi le travail nuit (parfois) gravement à la santé
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Bosser tue

Une récente étude australienne montre que travailler assis 8 à 11 heures par jour augmenterait le risque de mourir de 15% sur quatre ans.

Une récente étude a tiré la sonnette d’alarme : travailler assis toute la journée augmente le risque de mortalité. Selon les chercheurs de l’université de Sydney, une personne qui reste assise 8 à 11 heures par jour augmente son risque de mourir de 15% sur quatre ans. Une autre recherche utilisant des sous-vêtements sensibles au mouvement a lié la sédentarité et l’immobilisme à la prise de poids.

Le développement du travail précaire, irrégulier, ou en horaires décalés pose aussi des problèmes sanitaires. Le travail de nuit augmenterait les risques de diabète, de troubles cardiaques et de cancer. En cause : une perturbation des cycles de sommeil, qui dérègle l’équilibre hormonal.

La souffrance au travail peut également être morale. Les conditions de travail dans certaines entreprises inquiètent de plus en plus. Depuis la vague de suicides d’employés de France Télécom, les organisations managériales sont régulièrement pointées du doigt. Récemment, c’était au tour de la société d’assurance Groupama d’attirer les soupçons. Il y a une quinzaine de jours, deux suicides d’employés ont eu lieu en moins d’une semaine, l’un sur le lieu de travail, et l’autre entre deux rendez-vous.

Le mois précédent, deux employés de la Poste se donnaient la mort. En cause : la crise, les restructurations, et la pression managériale. Ainsi, une ancienne responsable des ressources humaines a dénoncé un harcèlement moral "érigé comme mode de management" de la part de la direction.

Autre phénomène en expansion : le "burn out" ou  "syndrome d’épuisement professionnel". Littéralement "brûler de l'intérieur" en anglais, ce terme est apparu aux Etats-Unis dans les années 70 pour désigner un épuisement à la fois physique et psychologique.

"Cet incendie intérieur résulte d'une longue exposition à un stress soutenu", explique la psychologue du travail, Lyndi van der Hout. Un phénomène qui atteint toutes les professions, mais les plus touchés sont les cadres et les professionnels de la santé ou du social, au contact direct avec le public.

Le médecin Patrick Pelloux témoignait du cas des médecins urgentistes sur le site du Figaro la semaine dernière, s’inquiétant d’une vague de suicides dans les services d’urgence et invitant à "revoir totalement le management, car on pousse les gens vers une impasse".

Afin d’éviter de tels excès, la coach Silvana Frazzetta conseille de prendre le contrôle sur ses conditions de travail : "Il faut savoir dire non, refuser les dossiers infaisables, revenir à des horaires corrects pour s'assurer un meilleur équilibre vie perso/vie professionnelle".L’employé doit éviter de subir des contraintes et des objectifs hors de sa portée : "Discutez-en avec votre supérieur hiérarchique ou un responsable RH, qui peut vous proposer un autre job, redéfinir votre mission de façon claire ou alléger votre charge de travail."

Car le burn-out découle souvent d’une forte pression, et d’une obsession pour le travail, même pendant le temps personnel dédié au repos.

Selon un sondage publié mardi 3 avril par l'Observatoire de la parentalité en entreprise (OPE) et l'Union nationale des associations familiales, le travail empiète de plus en plus sur la vie privée et familiale des Français, qui aimeraient que les entreprises et l’État se mobilisent pour les aider à s’organiser.

Curieusement, 76 % des sondés estiment parvenir à concilier vie familiale et professionnelle de façon "satisfaisante". "Mais c'est au prix de beaucoup d'efforts », notait le président de l’OPE Jérôme Ballarin : "Cela repose sur leur capacité personnelle à s'organiser et le système D." En effet, l'insatisfaction est grande vis-à-vis des employeurs : la majorité des personnes interrogées estiment qu'ils "ne font pas beaucoup de choses" pour les aider.

Selon RTL.be, les motifs de consultation médicale les plus fréquents sont le stress et l’épuisement, évoqués dans au moins 50% des cas.

La course au travail peut donc sembler dangereuse pour la santé et le moral. Pourtant, la tendance se confirme et semble aller pour s’accroitre. The Atlantic rapporte que selon le bureau de recensement américain, la productivité américaine a triplé depuis 1947. Sur la majorité du globe, les employés travaillent plus longtemps, plus vite, et les emplois stables sont de plus en plus difficiles à trouver.

En 2010, un Américain a travaillé en moyenne 1 778 heures, selon un rapport de l'OCDE comparant les temps de travail de divers pays. C’est beaucoup, mais dérisoire en comparaison avec les Coréens du Sud, qui travaillent en moyenne 2 193 heures. Les Français, quant à eux, doivent s’estimer heureux avec 1 554 heures en 2009. C’est sans compter sur les conditions de travail, qui peuvent rendre pénible un emploi sans nécessairement faire d’heures supplémentaires.

Si l’excès de travail ou ses conditions peuvent être néfastes, le chômage n’est pas forcément bon pour la santé. Les études ne sont pas unanimes à ce sujet. Certaines ne notent pas d’effet sur la santé, certaines remarquent une légèrement amélioration dans les périodes de chômage, par exemple un regain d’activité physique.

Cependant, l’essentiel des études pointent des désagréments liés au chômage.Une vaste analyse sur 20 million de personnes a observé que leur risque de mortalité grimpait de 63%, ainsi que leur risque de dépression.

Il semble donc que l’emploi soit un moindre mal. D’après une enquête publiée en mars par le cabinet Technologia, malgré les conditions difficiles, le travail reste un vecteur essentiel d’épanouissement. Plus la profession exercée correspond à une vocation, plus les contraintes peuvent être acceptées facilement. Les auteurs refusent donc d’établir une opposition grossière entre "travail néfaste et vie privée épanouissante".

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