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Instagram : vraie réussite ou nouvelle bulle Internet ?
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Souriez, vous êtes achetés

Facebook a mis sur la table un milliard de dollars pour absorber cette petite société. Une somme mirobolante pour une application gratuite et sans publicité, mais qui risquait de faire de l'ombre au réseau social de Mark Zuckerberg.

David Fayon

David Fayon

David Fayon est responsable de projets innovation au sein d'un grand Groupe, consultant et mentor pour des possibles licornes en fécondation, membre de plusieurs think tank comme La Fabrique du Futur, Renaissance Numérique, PlayFrance.Digital. Il est l'auteur de Géopolitique d'Internet : Qui gouverne le monde ? (Economica, 2013), Made in Silicon Valley – Du numérique en Amérique (Pearson, 2017) et co-auteur de Web 2.0 15 ans déjà et après ? (Kawa, 2020). Il a publié avec Michaël Tartar La Transformation digitale pour tous ! (Pearson, 2022) et Pro en réseaux sociaux avec Christine Balagué (Vuibert, 2022). 

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Le rachat par Facebook d’Instragram, application de partage de photos sur mobile, créée voici 18 mois et ne réalisant pas de chiffre d’affaires, fait le buzz. Cette acquisition au prix fort a été annoncée hier sur la page Facebook de Mark Zuckerberg.

Instagram, start-up de 13 personnes, a connu une croissance impressionnante, l’objectif étant de disposer rapidement d’une masse critique d’utilisateurs. On dénombre à ce jour plus de 30 millions d’utilisateurs sur iPhone. L’application disponible depuis peu pour Android a connu un nombre de téléchargements impressionnant : 1 million d’utilisateurs en 1 semaine.

Facebook a déboursé 1 milliard de dollars pour cette petite société, soit ses bénéfices estimés pour 2011.On peut s’interroger sur les raisons de cette décision qui paraît irrationnelle. D’une part, cette somme ne représente que moins d’1 % de la valorisation attendue de Facebook lors de son introduction en Bourse en mai prochain (plus de 100 milliards de dollars sont escomptés).

D’autre part, la décision est avant tout stratégique. Il s’agit pour Facebook d’être présent sur le secteur stratégique du mobile qui tire la croissance du Web (l’application Instagram concurrençant d’une certaine manière Facebook sur mobile où la publication de photos est reine).

Enfin, il s’agit pour l’application phare des réseaux sociaux aux 850 millions de comptes de garder une longueur d’avance face à Google+ et Twitter et rester à la pointe des enrichissements fonctionnels sachant que par ailleurs, le réseau social Pinterest – service de curation permettant d’épingler et de partager des photos, vidéos et autres informations glanées sur le Web – connaît la plus grosse croissance sur le Web sans compter le service Path sur smartphone.

Concrètement, une telle offre ne pouvait être refusée par les fondateurs d’Instagram alors que dans les esprits figurent les refus de Twitter de se faire racheter et notamment les offres avortées de Facebook (500 millions de dollars en 2008) et de Google. La conséquence est qu’aujourd’hui Twitter est un concurrent d’une certaine manière de Facebook.

L’enjeu de Facebook sera d’intégrer Instagram à Facebook et aussi de monétiser le service.


A titre de comparaison ce rachat de Facebook est à mettre en relief avec celui de YouTube par Google en 2006 où le leader de la recherche sur Internet avait déboursé 1,65 milliard d’euros.

Il est fort probable que la stratégie de Facebook soit calquée sur celle de Google, à savoir racheter des acteurs émergents pour s’approprier des savoir-faire ou phagocyter d’éventuels concurrents sur le marché, sachant que les secteurs de la photo, de la vidéo, de la géolocalisation, qui plus est sur smarpthone ou tablette sont stratégiques quant au déplacement de l’audience sur Internet.

Pouvons-nous pour autant spéculer sur des rachats de Foursquare, Pinterest, Tumblr ou d’autres acteurs du Web par Facebook ou Google voire Twitter ? Toujours est-il qu’une partie de go est en train de se jouer et que Facebook devrait faire d’autres annonces dans les semaines à venir.

Si ce rachat a été fait à prix d’or valorisant l’abonné à plus de 30 dollars, nous sommes néanmoins loin de la première bulle Internet qui avait éclaté en mars 2000. Cependant, il convient de regarder avec beaucoup de méfiance certaines valorisations parfois mirobolantes de sociétés sur le Web comme Groupon (qui a beaucoup chuté en Bourse depuis son introduction) ou Zynga qui correspondent à quelques dizaines d’années de leur chiffre d’affaires contrairement à LinkedIn par exemple qui a un business model pérenne. N’est pas Apple, Google ou Microsoft qui veut !

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