Overdose
Attention aux excès de bûches ou de chocolat, de nouvelles études montrent que le sucre est non seulement nocif mais addictif
En ces temps de fête, les apports en sucre sont multipliés, au détriment de la santé.
« Si on regardait toutes les choses que nous pouvons changer dans notre régime, retirer les sucres raffinés ou ajoutés ferait plus de bien que n'importe quoi d'autre » déclarait un directeur de clinique au Washington Post. Qu’est-ce qui fait que, malgré les méfaits connus du sucre, nous sommes généralement peu sensibilisés à sa réduction dans le cadre d’un régime ? Pourquoi le sucre est-il particulièrement nocif ?
Le docteur Hensrud affirme aussi qu'à partir d'une certaine dose, la consommation de sucre devient addictive pour l'homme. Doit-on contrôler notre consommation de sucre comme s'il s'agissait d'un produit addictif ? Dans quelles proportions ?
Encore une fois soyons très clair sur le sens du mot sucre. Il s’agit soit d’un sucre simple (glucose, fructose, galactose) ou bien d’un sucre issu de la liaison de deux sucres simples (saccharose, lactose) ou bien de trains de molécules de sucres simples (amidons des racines tubéreuses ou des céréales). Ils peuvent être présents dans les aliments entiers, issus d’un raffinage (farines de céréales) ou ajoutés sous forme pure ou d’extrait. En effet ces différents sucres ont tous in fine le même effet métabolique, une sécrétion d’insuline qui indique aux principaux organes mais essentiellement au foie de stocker ces molécules d’abord sous forme de glycogène puis sous forme de gras.
Pour autant certaines formes de sucre très concentrées voire pures comme le saccharose (sucre de la betterave ou de la canne) ou le fructose (produits industriels du petit déjeuner, miel, sirop de maïs, sirop d’agave) ont d’autres effets sur l’organisme.
Ces sucres sont très rapidement absorbés car ils sont soit chimiquement pur, le sucre blanc ou bien très concentrés. La sécrétion d’insuline est forte et conduit très vite à une relative hypoglycémie (le taux de sucre dans le sang baisse). Dès lors on ressent le besoin de ré-ingérer du sucre et ainsi de suite. Ceci peut être vérifié par soi même. C’est l’ingestion de sucres rapides concentrés qui induit l’hypoglycémie. Il y a là, indéniablement, un mécanisme de renforcement assez classique dans les addictions. Une des explications est dans le cerveau. L’ingestion de sucre rapide et concentré voire pur entraîne une sécrétion de dopamine car elle active un des circuits de la récompense. Ceci est aussi le cas pour d’autres molécules chimiquement pures (caféine, nicotine, capsaïcine, opioïdes…).
Ces sucres rapides entraînent aussi une forme d’accoutumance. Au fur et à mesure de la consommation la dose augmente pour un effet similaire. On croit aimer des mets plus sucrés mais en réalité on a besoin d’augmenter la quantité de sucre ajouté.
Je voudrais souligner que nous sommes très inégaux au regard de cette sensibilité au sucre, comme nous le sommes pour les addictions en général en raison des différences innées et acquises de cablage cérébral.
Il est donc factuel d’affirmer que pour certaines personnes la consommation de sucre est addictive.
Mais existe-t-il des seuils de consommation pour parler d’addiction? En réalité c’est aussi varié que chacun d’entre nous, mais à coup sur quelqu’un qui ne peut se passer de sucre ajouté présente un trouble addictif du comportement alimentaire. Il ne s’agit pas uniquement de sucre blanc, car il y a des équivalents de sucre rapide, le chocolat et les barres chocolatées sont avant tout du sucre à plus de 50%, les boissons sucrées contiennent de grandes quantités de sucre. C’est d’ailleurs un excellent test pour les amateurs de chocolat de goûter la pâte de cacao pure ou bien un bol de Van Houten sans ajouter de sucre pour savoir s’ils cherchent le sucre ou le cacao. On peut donc donner un conseil qui est de ne pas consommer des produits industriels qui contiennent des sucres ajoutés et de supprimer l’ajout de sucre dans la cuisine. Le sucre des fruits frais ou congelés est amplement suffisant. Cette règle ménage bien sûr des exceptions qui doivent le rester par pur plaisir.
Il est aussi possible de faire le décompte journalier de sa consommation de sucres et de la comparer aux recommandations actuelles. Je ne connais pas de personnes qui le fassent.
Comme le souligne David A. Kessler dans l’article, le repère essentiel est le passage du “liking” au “wanting”. Les travaux essentiels de Kent C. Berridge ont permis de comprendre qu’aimer un aliment c’est être dans le plaisir; en revanche le vouloir à toute force c’est le passage à l’addiction. Et nous sommes très mal placés pour évaluer notre propre dépendance.
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