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Eh oui, Jamel Debbouze, il y en a qui doivent en faire "deux fois plus que les autres"...
©Reuters

Douce France

Lors d'une émission télévisée, l'humoriste s'est mis en colère. Il lui en faut peu pour lui faire perdre sa sérénité !

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Une scène vécue au Rectorat de Paris. J'y étais : je voulais obtenir une dérogation scolaire pour mon fils. Avant moi trois personnes attendaient. Une mère, sa fille et son fils. Un grand gaillard de 16 ou 17 ans. Les deux femmes le houspillaient. Parfois en français, parfois en arabe.

De ce que j'ai compris, ce cancre s'était fait jeter de partout : "Maintenant c'est ta dernière chance", lui disaient sa mère et sa soeur. Lui il avait l'air penaud. On l'entendit marmonner : "l'école c'est dur". Sa mère haussa le ton : "peut-être, mais nous les Arabes, nous devons travailler deux fois plus que les autres".

La vérité sortait de la bouche de cette femme. Une vérité aussi vieille que toutes les immigrations qu'avait connues la France. Quand les Ritals sont venus chez nous, chassés de chez eux par la misère et la pauvreté, ils ont dû en faire deux fois plus que les autres pour se débarrasser de l'étiquette "macaroni".

Quand les Juifs sont arrivés d'Europe Centrale, ils ont dû aussi en faire beaucoup – essayer d'être les meilleurs à l'école, en tout – pour qu'on cesse de les traiter de youpins. Quand les Polonais sont descendus dans nos mines à charbon, où l'on avait besoin d'eux, ils en ont fait deux fois plus que les autres pour qu'on oublie qu'ils étaient des Polacks.

Il y a à Paris un Musée de l'Immigration. Jamel Debbouze aurait tout intérêt à y aller. Il y apprendrait deux ou trois choses sur le pays qui a accueilli les siens. Ça lui éviterait peut-être d'abuser du registre de l'indignation. Et de s'énerver pour rien. Ce rien c'était une question de Claire Chazal. Elle lui avait demandé ce qu'il pensait des attentats en tant que porte-parole de la communauté maghrébine.

Et là l'humoriste s'est arrangé pour oublier qu'il était un ami du roi du Maroc et qu'il clame régulièrement son attachement à la patrie de ses parents. Il a exposé : "Je suis français. Pourquoi me demande-t-on à moi deux fois plus qu'aux autres ?"

Cette colère était pour le moins surfaite. Il est exact qu'on demande plus aux immigrés, ou aux descendants d'immigrés, qu'à ceux qui se sont simplement donné la peine de naître de parents Français de souche. Injuste ? Certainement ! Mais on en sort fortifié, comme l'on montré les Macaronis, les Youpins et les Polacks.

Sur le point précis de la question posée par Claire Chazal – les attentats - aucune raison non plus de s'offusquer. Restons dans le domaine du show-biz qui est celui de Jamel Debbouze. Si un fanatique juif avait assassiné des enfants à la sortie d'une école coranique, on aurait sans aucun doute demandé à Gad Elmaleh ce qu'il en pensait.

Si deux allumés catholiques, ou tout simplement Français de souche, avaient égorgé un imam dans sa mosquée, on aurait également cherché à connaître les sentiments sur cette question de Gaspard Proust ou de Gérard Depardieu. Il est arrivé à Jamel Debbouze d'être drôle. Il l'est de moins en moins...

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